La nouvelle a fait la manchette le mois dernier : la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) estime que l’éducation à la sexualité « ne passe pas » auprès des enseignants.

Quoi ? Encore ? L’année scolaire est presque terminée et on tente à nouveau de faire le procès de cette formation pourtant plus nécessaire que jamais ?

Attendons un peu avant de déchirer nos chemises sur la place publique. En fait, la position de la FSE est plus nuancée. Ses responsables jurent qu’ils ne s’opposent pas à l’éducation à la sexualité. Ils ne remettent absolument pas en question la teneur de la formation.

Ils signalent cependant que la façon dont plusieurs écoles tentent de l’implanter est contestable. À les écouter, visiblement, les directives données par Québec n’ont pas été interprétées de la même façon partout.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, ayant reconnu que des professeurs peuvent avoir un malaise avec une partie des contenus, a pris soin de dire qu’on n’obligerait personne à donner cette formation. Ça doit se faire sur une base volontaire.

Pourtant, il y a actuellement du tordage de bras, affirme la FSE. On nous raconte, par exemple, qu’une spécialiste d’anglais au primaire, dans une école du Centre-du-Québec, a été forcée d’offrir les contenus en éducation à la sexualité à ses élèves. On lui a remis un document à ce sujet, sans lui demander son avis.

Les écoles où ça crie le plus fort sont celles où les enseignants doivent offrir cet apprentissage sous la contrainte, précise-t-on à la FSE.

Il serait pourtant si facile de s’inspirer des bonnes pratiques ailleurs dans le réseau. De celles de la commission scolaire de la Pointe-de-l’Île, notamment. Dans ses écoles, situées dans le nord-est de Montréal, on est en train d’implanter l’éducation à la sexualité avec un vif succès.

Mais là, on ne force la main à personne. La commission scolaire a engagé une sexologue comme conseillère pédagogique. Et dans les écoles, on a investi du temps et de l’argent pour soutenir les professeurs à l’aide de nombreuses ressources spécialisées (infirmiers, psychoéducateurs, psychologues, etc.).

Ce n’est pas sorcier. Si tous les acteurs du milieu sont de bonne foi et travaillent main dans la main en priorisant le bien-être des élèves, ça devrait fonctionner. Et ça comprend les syndicats, d’ailleurs. Ils ont des doléances, fort bien, mais ils devraient néanmoins jouer un rôle plus constructif dans ce dossier.

Quant au ministère de l’Éducation, il aurait tout avantage à faire sous peu un bilan de cette première année d’implantation.

Il se rendra compte qu’il y a d’autres sources d’irritation qu’on pourrait facilement éliminer. Plusieurs acteurs du milieu ont entre autres souligné que la tâche des enseignants serait simplifiée si Québec intégrait l’éducation à la sexualité à la grille-matières. Ne pourrait-on pas l’inclure de façon formelle dans les cours d’éthique et culture religieuse, qui ont justement besoin d’être renouvelés ?

Par ailleurs, plusieurs déplorent encore le manque de ressources dans le réseau pour embaucher un plus grand nombre de sexologues. Ceux-ci se sentent d’ailleurs exclus des efforts faits pour implanter l’éducation à la sexualité. Ce n’est ni normal ni souhaitable.

Plus de ressources permettraient aussi de faire appel plus souvent aux groupes communautaires spécialisés en éducation à la sexualité, qui pourraient eux aussi jouer un rôle crucial.

Évitons toutefois de noircir le portrait : à discuter avec différents acteurs du réseau, on comprend qu’à peu près personne n’a peur de l’éducation à la sexualité au Québec. C’est un précieux atout. De grâce, profitons-en. Il y a visiblement fort à faire pour que tous les jeunes du Québec aient accès à cette indispensable formation. Certains avancent encore à reculons et cela a assez duré.

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