Les 750 travailleurs de l'usine d'électroménagers Mabe dans l'est de Montréal ont appris hier qu'ils perdront leur emploi. Au plan personnel, il s'agit d'une tragédie pour ces familles qui voient leur avenir bouleversé. La situation est aussi inquiétante pour l'industrie manufacturière et l'économie du Québec, qui accumulent les mauvaises nouvelles en matière d'emploi dernièrement.

Le gouvernement Charest se targuait de mieux résister à la récession que son voisin ontarien, lourdement affecté par les pertes d'emploi dans l'industrie automobile. Mais depuis deux ans, l'Ontario fait à nouveau mieux que le Québec en matière de création d'emplois dans le secteur manufacturier. En 2011, l'Ontario a créé 13 800 emplois pendant que le Québec en perdait presque autant (13 300 emplois).

En 2012, l'industrie manufacturière québécoise a déjà encaissé deux coups durs: la fermeture de l'usine de Mabe annoncée hier et celle de Papiers White Birch (600 emplois) il y a deux semaines dans la région de Québec. Mais l'exemple le plus frappant des ennuis récents de l'industrie manufacturière reste la fermeture de l'usine d'électroménagers Electrolux à l'Assomption, où 1300 travailleurs perdront leur emploi d'ici 2014 au profit d'une nouvelle usine lourdement subventionnée à Memphis. Une subvention de 152 000$ par emploi qui n'a aucun sens économiquement, mais peut-on vraiment blâmer l'État du Tennessee, durement touché par la récession américaine, de vouloir créer des emplois à tout prix?

Dans le cas de Mabe, qui déménagera sa production de Montréal dans son pays d'origine au Mexique ainsi qu'aux États-Unis (où elle vendait 90% de sa production montréalaise), l'entreprise plie bagage en raison de la baisse de ses ventes aux États-Unis et de la force du dollar canadien. Triste ironie du sort, le huard a atteint hier la parité avec le billet vert américain pour la première fois depuis le 1er novembre dernier.

Il faut espérer que les mises à pied chez Mabe et Papiers White Birch ne soient pas annonciatrices d'une tendance lourde en 2012 dans le secteur manufacturier québécois, qui n'a pas gagné d'emplois sur une base annuelle depuis 2008.

Les mauvaises nouvelles sur le plan de l'emploi au Québec ne se limitent pas au secteur manufacturier. En décembre dernier, le taux de chômage de la province a bondi de 8,0% à 8,7%, comparativement à 7,7% pour l'Ontario. Devant pareil soubresaut, le gouvernement Charest a réactivé trois comités de vigie économique, mais le statu quo ne sera pas suffisant.

Pour soutenir le secteur manufacturier, le gouvernement Charest a notamment éliminé la taxe sur le capital et modifié le crédit d'impôt à l'investissement. Vrai, il n'existe pas de solution miracle dans ce secteur en déclin. Sans verser dans une générosité comme au Tennessee, qui serait néfaste pour l'ensemble de l'économie, il faudra manifestement trouver autre chose dans le prochain budget Bachand.

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