Yvon Deschamps pourrait certainement demander : «Le G8, qu'ossa donne? ...» On peut en effet considérer que ce forum des riches et puissants, qui ne regroupe plus qu'une fraction des véritables riches et puissants d'aujourd'hui, est de moins en moins pertinent ou efficace. Et ce, un peu à l'image de certains organes de l'ONU, dont le Conseil de sécurité ou le Conseil des droits de l'homme, devenus paralytique dans un cas, caricatural dans l'autre.

De fait, dans ce vide croissant, d'autres forums internationaux, existent, naissent ou apparaissent à l'état de projets. Des alliances politico-commerciales sur presque tous les continents. Une éventuelle union méditerranéenne, créature en devenir du président français Nicolas Sarkozy. Une tout aussi éventuelle ligue des États démocratiques, proposition du candidat républicain John McCain.

Voyant tout cela, c'est peu de dire qu'il y a crise au sein des institutions internationales.

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Depuis hier, se tient donc au Japon le sommet annuel des pays du G8 avec, à l'ordre du jour, un florilège de crises : celles de l'énergie, de l'alimentation, de l'environnement, du Zimbabwe. Et il n'est pas nécessaire de sombrer dans un noir pessimisme pour prévoir que, demain, à la fin de ces assises, peu de ces problèmes auront été résolus...

Tous ceux-ci, en effet, trouvent leurs causes ou exercent leurs effets à l'extérieur des super-puissances industrielles telles qu'identifiées au siècle dernier et composant le G8. Aucun de ces problèmes ne pourra trouver de solutions sans une lourde intervention des « nouvelles » puissances, identifiées non seulement en raison de la richesse produite, mais aussi de leur influence réelle. D'ailleurs, une quinzaine de chefs d'États non membres du G8 ont été invités au sommet de cette année, dont sept Africains.

Ce n'est évidemment pas un hasard.

Hier, les discussions ont porté sur l'Afrique. L'essentiel de ces échanges concernait l'aide, toujours insuffisante, accordée à ce continent (le Canada a été cloué au pilori pour sa parcimonie : il n'allouera que 2,1 milliards en 2008-2009).

Parallèlement, les puissances du G8 ont dû avouer leur... impuissance par rapport à la situation au Zimbabwe depuis la récente mise en scène électorale de Robert Mugabe.

Justement. On sait depuis longtemps que, d'une part, l'aide internationale dans sa forme actuelle est d'une efficacité douteuse en Afrique. Et que, d'autre part, le Nord serait mal avisé d'y déployer ses muscles, fut-ce pour déloger un despote violent et affameur. Or, qui aujourd'hui est le mieux en mesure d'agir en Afrique L'Afrique du Sud et la Chine, ni l'un ni l'autre ne faisant partie du G8.

Et le dossier africain n'est qu'un exemple.

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On verra aujourd'hui et demain que les autres problèmes pressants de la planète échappent de la même façon, dans une large mesure, aux vieilles puissances industrielles. Pour ne tenir compte que de la richesse produite (et de la capacité qu'elle donne d'agir), 63 ou 64 % le sera dans les pays dits émergents en 2015, la même proportion que dans les pays du G8 aujourd'hui (64,4 %). Aujourd'hui même, la Chine affiche un PIB de 2600 milliards $, supérieur à celui de cinq des huit pays de ce club!

Cependant, le G8 a un atout.

C'est un «petit» forum informel et malléable au besoin... contrairement à l'ONU, par exemple, ce pachyderme immobilisé par de véritables lianes politiques et par le poids de sa bureaucratie.

Le G8 peut donc bouger rapidement et devenir le G12 ou le G13, avec l'ajout de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de l'Espagne et/ou du Mexique, sans parler des puissances arabes – et pétrolières – dont la voix au chapitre devient plus que nécessaire.

Aujourd'hui et demain, dans les corridors de la station balnéaire nippone où séjournent les «vieux» riches et puissants, il serait souhaitable qu'il s'agisse du principal sujet de discussion.

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