L’inaccessibilité de l’immobilier est un réel problème pour les plus jeunes, conviennent nos lecteurs, qui rappellent toutefois que chaque génération a eu ses défis à relever. Voici un aperçu de notre Appel à tous sur l’iniquité intergénérationnelle.

Léguer ses biens avant sa mort

Une des solutions fort simples à implanter est de transférer immédiatement à nos héritiers une part de notre patrimoine accumulé sur leur dos avec l’appréciation imprévue des valeurs immobilières des dernières années pandémiques. Il faut donc revoir au plus vite le vieux concept de donner ses biens sur son lit de mort. Le partage avant la mort a bien meilleur goût et c’est ce que je fais en ce moment avec mes deux filles. « Les dollars ne suivront pas le corbillard », m’avait déjà dit une personne avisée. J’ai retenu cette affirmation.

Manon Boyer

Les salaires ne sont pas à la hauteur

Je suis inquiet pour les jeunes qui ont d’énormes difficultés à devenir propriétaires de leur logement. Les prix des immeubles sont devenus tellement exorbitants que les jeunes ne sont plus capables d’y avoir accès assez vite pour en profiter vraiment. Les salaires ne sont pas à la hauteur des augmentations prévues et ça risque de devenir un problème majeur. Quand ça prend 20 ou 30 ans pour accumuler les fonds nécessaires pour acheter un logis, c’est problématique. Ce n’est pas un problème facile à régler.

Pierre Chatelain

Mariés à l’iniquité

J’ai 38 ans. En 1982, lorsque mes parents ont acheté une maison, le prix des unifamiliales de trois chambres à Ahuntsic-Cartierville oscillait entre 52 000 $ et 85 000 $. Ajustez ces montants à l’inflation des 40 dernières années selon Statistique Canada, et les prix seraient aujourd’hui entre 160 000 $ et 250 000 $. La valeur actuelle du marché est plutôt entre 600 000 $ et plus de 1 million, selon l’emplacement. Quand bien même les taux d’intérêt auront été, durant une très courte période, proche des 20 %, c’est incomparable. Je ne crois pas qu’on flirte avec l’iniquité générationnelle, mais plutôt que nous l’avons épousée, et avons eu quatre enfants ensemble.

Julien Bélanger, Montréal

Offrons des taux préférentiels aux jeunes

À qui profite la situation actuelle ? Aux institutions financières qui, depuis les augmentations du taux directeur, font des affaires d’or et permettent aux dirigeants d’avoir de majestueuses primes. Alphonse Desjardins n’a-t-il pas créé les caisses pour aider la population ? Les caisses Desjardins devraient donner l’exemple aux autres institutions financières et offrir des taux préférentiels aux jeunes qui achètent une nouvelle maison. Et revoir les taux pour les jeunes qui renouvellent l’hypothèque de leur première maison.

Marc Brosseau

Un air connu

Rien de nouveau. Il y aura toujours de l’iniquité intergénérationnelle, car les générations ont des attentes et des visions très différentes. Nos parents savaient épargner, attendre et vivre selon leurs moyens. Nous sommes à l’ère de l’instantané et du flashing. Nos parents ont connu les récessions, les taux d’intérêt exorbitants, le chômage, peu d’aide de l’État, mais ils ont survécu. Où est l’iniquité intergénérationnelle ? À chaque génération ses défis.  

Hélène Lamontagne

Inabordable

Lorsque nous avons acquis notre maison en rangée en 1991, les taux hypothécaires étaient à environ 18 %. C’était assez difficile de conjuguer le remboursement de l’hypothèque, les frais de garderie pour deux enfants avant les CPE, et le reste. Mais aujourd’hui, l’habitation est vraiment inabordable et le panier d’épicerie trop cher. Je suis inquiète pour la jeune génération.

Hélène Bergeron, 66 ans

Des familles moins nombreuses

Non, je ne suis pas inquiet. On mentionne souvent que la prochaine génération va payer pour nous. On oublie que la prochaine génération héritera de ses parents beaucoup plus que les baby-boomers qui avaient des parents moins riches et qui séparaient l’héritage entre 8 à 10 enfants. Aujourd’hui, l’héritage est séparé entre 2 ou 3 enfants.

Jacques Filion

Un déséquilibre qui perdurera

Nul besoin d’être économiste ou devin pour voir et comprendre tous les défis auxquels sont confrontés les 24 à 34 ans. La capacité de payer versus les coûts des besoins et biens essentiels n’est plus au rendez-vous. Un déséquilibre s’est installé et perdurera. L’avenir reposera en partie sur la capacité des aînés de laisser un patrimoine conséquent afin d’au moins permettre aux plus jeunes de devenir propriétaires.

Luc C. Legault

Accéder à la propriété n’est pas réaliste

J’ai 30 ans et j’ai un bon emploi grâce à un baccalauréat en génie mécanique. Je gagne bien ma vie à 80 000 $ par année. Je suis inquiet de ne jamais pouvoir acheter autre chose qu’un condo, qui endettera notre ménage considérablement (partenaire prof). Je ne dépense pas beaucoup comparé au monde qui m’entoure. J’ai l’impression qu’être propriétaire n’est pas réaliste, à moins de faire un coup à la loterie ou à la Bourse, ou d’être médecin. Notre meilleure chance est de déménager en région, mais malheureusement, nous venons tous les deux de Montréal où nos familles et amis habitent. Je suis triste de ne pas avoir la chance d’être propriétaire à l’endroit où j’ai grandi.

Guillaume 

Lisez l’article : « L’immobilier assombrit l’avenir financier des jeunes, craint le patron de Desjardins »