Les avis de nos lecteurs sont partagés : certains apprécient de pouvoir se référer aux notes des critiques culturelles, d’autres en sont agacés. Voici un aperçu des commentaires au texte du metteur en scène René Richard Cyr, publié le 7 octobre.

Lisez « Un système paternaliste »

L’art se ressent

Je suis tout à fait d’accord avec René Richard Cyr. Le système de pointage est dépassé, paternaliste, réducteur, infantilisant. L’art ne se quantifie pas. L’art se ressent, se partage. L’art nous mène dans une zone grise où on y trouve son compte, ou non. Mais de mettre une « note » sur une œuvre… ? C’est prétentieux pour l’un, et dégradant pour l’autre.

Marie Brodeur, documentariste pour la danse et des arts

Condescendance envers le public

Cher M. Richard-Cyr, je suis moi-même artiste, créateur, musicien, auteur. Les médias de masse n’ont jamais parlé de mes œuvres en plus de 30 ans. Je n’ai pas eu droit à 7/10, ni même 1/5. Rien. Je soupçonne mon absence de contact dans le « cercle » du business culturel, ce peu d’espace qui m’a été accordé. Mais peut-être aussi suis-je nul. Ceci dit, je suis un consommateur avide de culture. Mais cette notation ne m’empêche absolument pas d’aimer — ou pas — une œuvre. Je trouve que vous faites preuve de condescendance envers le public en les infantilisant aussi, comme si nous ne pouvions faire la part des choses. En réalité, en suivant les critiques, on en vient à savoir qui a nos goûts, ce qui nous aide à dépenser notre argent pour des œuvres qui nous plairont. Je me suis fait ainsi prendre quelques fois, mais j’ai appris à ne plus suivre les yeux fermés ceux qui ont adoré les films Roma et Continental, un film sans fusil… Il est à noter que les nombreux albums, que j’achète toujours, les spectacles que je vois dans des Corona « sold out » ou les films que je vois sont, à 90 %, absents des pages de La Presse. Aucune notation ne m’a influencé.

Alan Charles, Black Pearl Productions

Notation expliquée

Bon, après les bulletins scolaires, voici que la notation culturelle ne s’applique pas. Je suis favorable à une notation expliquée qui permet au lecteur de rapidement comprendre l’appréciation du chroniqueur artistique. Bravo et continuez.

Stéphane Rousseau

« Ça m’agresse »

Je suis entièrement d’accord avec René Richard Cyr. Je déteste avec passion cette façon de noter les œuvres. C’est la première chose que l’on remarque lorsqu’on essaie de lire une critique dans votre journal. Si au moins la note était inscrite à la fin de l’article, on comprendrait le raisonnement qui a mené à cette note. Mais non, on dirait que notre œil est attiré en premier par la note. Honnêtement, ça m’agresse. Comme si le ou la critique se plaçait au même niveau que l’artiste ou qu’il avait la même importance que l’œuvre en question.

Lyne Richard

Critiquer les critiques

Notre société semble refuser de plus en plus la notion de compétitivité et d’évaluation. Est-ce que cela nous prépare vraiment à faire face à la vie, où nous devons inéluctablement faire face à la compétition, sous une forme ou une autre ? Dans les écoles, laisser tomber les notes chiffrées ou A-E est risible et contesté par les parents qui ne s’y retrouvent pas. Je pense qu’en général, le public porte facilement un jugement défavorable envers les critiques. Enfin, même si quelques critiques enlevaient leurs notes dans leur journal, une multitude de sites facilement accessibles compilent l’opinion (et la note) du public.

Michel Sauvageau

Plus juste

Je suis d’accord avec M. Cyr. D’ailleurs, la revue Lettres québécoises a laissé tomber le système de pointage dans sa section critique. Ça demande un peu plus d’effort pour le lecteur, mais c’est plus juste pour l’œuvre et les créateurs. Un pointage faible va éloigner le lecteur et demeure une appréciation du critique.

Claude Gagnon, Lachine

Les commentaires

Les notes attribuées par La Presse sont accompagnées de commentaires. Je ne vois pas où est le problème. N’en déplaise à René Richard Cyr, comme consommatrice de produits culturels, je veux continuer à consulter ce système d’évaluation.

Marie-Josée Duquette

Faire une sélection

Je comprends vos réticences M. Cyr, mais en tant que public, nous avons des ressources limitées (temps et argent) et ne pouvons encourager tous les spectacles ou films à l’affiche. Les critiques nous permettent de faire une certaine sélection et de savoir à quoi nous attendre. De plus, il n’est pas dit que nous allons nous fier uniquement à la cote. Récemment, je suis allée voir un film coté seulement 6, Niagara, et nous l’avons adoré. Par contre, mon conjoint et moi irons voir Viking qui ne m’intéressait pas à l’origine justement parce qu’il est bien coté.

Francine Fournier