L’impatience, voire l’agressivité, dans la population est palpable, estiment nos lecteurs, notamment sur les routes. Et la pandémie des deux dernières années n’y est sûrement pas étrangère. Voici un aperçu des courriels reçus à la suite de notre appel à tous de cette semaine.

Le naturel est sorti au grand jour

La COVID-19 et les éléments irritants qui viennent avec (contraintes sanitaires, isolement, manque d’exercice physique…) ont certainement exacerbé les comportements agressifs. J’en suis témoin ou victime chaque fois que je mets le pied dehors. Sur la route, conducteurs, cyclistes et même piétons semblent avoir oublié la base du code de la route et du savoir-vivre. Circuler sur le trottoir et traverser au feu piéton est devenu dangereux. Prendre l’autobus est devenu stressant avec toutes ces personnes qui, une fois passées devant le chauffeur, baissent leur masque, sans compter ceux qui, même après deux ans, ne savent toujours pas le porter. Et n’allez surtout pas leur dire de se couvrir le nez, car vous aurez droit à une poignée de bêtises. Bref, après de telles sorties déplaisantes, j’ai hâte de me confiner chez moi pour ne pas devenir moi-même agressive ou ne pas avoir à subir le manque de savoir-vivre qui se généralise. Il existait avant la COVID-19, mais maintenant, le naturel est sorti au grand jour et ne semble pas vouloir retourner derrière un écran de retenue, si mince soit-il.

Céline Jalbert, Québec

Comme avant

Pas plus, pas moins qu’avant la pandémie. Les gens agressifs le sont avec un peu plus d’impatience et les gens qui ne l’étaient pas ne le sont pas devenus. Je parle évidemment des personnes qui ont réalisé qu’il y avait une pandémie et que le virus était bel et bien réel. L’agressivité est venue des gens qui ne croyaient pas au virus et qui ont chahuté, contesté et manifesté, souvent agressivement, leur désaccord aux normes de sécurité gouvernementales. Je n’ai jamais vu des gens (la majorité) qui ont manifesté pour appuyer le gouvernement. Ceux et celles qui ne voulaient pas porter le masque ont été les plus agressifs et ne respectaient pas l’ensemble de la population.

Claude Daigneault

Des rapports plus humains

En fait, je trouve que les rapports sont beaucoup plus humains et conciliants. Je sais que la bienveillance est devenue une attitude « tendance » durant la pandémie, mais je constate avec bonheur que cette attitude demeure bien présente. C’est un plus pour la collectivité et sans contredit un avantage certain dans la reprise de nos contacts et relations !

Julie Blanchard

La coupe est pleine

J’ai une station-service avec dépanneur et je vous garantis que la bonne humeur n’est pas arrivée avec le beau temps cette année. C’est simple, la coupe est pleine et prête à déborder. Plus de gens cherchent la provocation, il y a peu ou pas de patience et de tolérance entre les clients ou avec le personnel. La satisfaction ne semble pas au rendez-vous. de nombreux clients qui étaient de nature calme explosent en injures sur des banalités. Les clients nous parlent de leurs frustrations sur un ton agressif, comme si le ou la caissière en était responsable.

Cathy Tremblay

Une agressivité palpable

Les comportements agressifs et le degré d’impatience dans la population sont palpables. Il faut sans doute s’attarder à tous les chambardements et inquiétudes répétés auxquels les individus ont été confrontés depuis mars 2020 : la COVID-19, les manifestations surréalistes, l’inflation, la guerre en Ukraine et le manque de services et de main-d’œuvre pour suppléer aux besoins pressants ! N’en jetez plus, la cour est pleine.

Jocelyne Plamondon, Québec

Omniprésente

Lorsque mon fils jouait au hockey élite, à 12 ans, j’ai été gérante d’équipe. Certains parents étaient très intenses : ils voyaient déjà leur fils dans la LNH, avec ou malgré les bons conseils de leur coach actuel. Avant un match, j’ai entendu des parents rappeler à leur enfant de suivre leurs directives et non pas celles de leur coach. J’ai dû suspendre des parents à plus d’une reprise (parents de notre propre équipe) qui s’étaient battus dans les gradins à la suite d’un commentaire voulant que le fils de l’un d’eux n’avait pas performé ce jour-là. L’agressivité est omniprésente et elle fait peur. Certains parents ne sont tellement pas un exemple pour leurs jeunes.

Johanne Savard

Comportement agressif

Chauffeuse à la Société de transport de Montréal depuis 15 ans, je constate une augmentation remarquée de l’agressivité. Et je suis assez honnête pour vous dire que moi-même, j’ai eu par moments un comportement agressif.

Roxanne Renaud

Basta les automobilistes !

J’ai remarqué qu’il y a énormément d’agressivité et d’impatience sur les routes, même sur des rues commerciales ou résidentielles. Il s’avère que c’est justement l’image que vous avez utilisée pour appuyer votre article – celle d’un homme en colère dans sa voiture. Peut-être parce que je me déplace toujours à pied ou à vélo – je n’ai pas pris le transport en commun depuis le début de la pandémie – que je le constate, mais c’est tous les jours que je suis témoin de gestes déplacés ou d’attitude agressive de la part de certains automobilistes. Klaxonnements abusifs et interminables, manœuvres inappropriées et dangereuses qui ne respectent pas le code de la route – ni la sécurité de tout un chacun –, bref, j’ai arrêté de les compter.

L’autre jour, je traversais une rue à pied, et on m’a klaxonné ! Je ne traversais pas assez vite au goût de la personne. Pour la priorité piétonne, on repassera. J’aurais pu être accompagnée d’un enfant, ou être blessée. Basta ! Sans oublier le manque de respect de certains automobilistes qui, alors qu’ils occupent un espace réservé aux cyclistes, m’interpellent impatiemment parce que j’ose leur signaler gentiment qu’ils ne devraient pas se retrouver là.

Au-delà du fait que la place de la voiture en ville est beaucoup plus importante en comparaison à celle du vélo – et qu’il s’agit d’un sujet qui m’interpelle particulièrement –, je trouve que le partage de la route n’est pas toujours respecté par les automobilistes, loin de là. L’agressivité de certains automobilistes n’aide pas la cause de la voiture. Est-ce lié à la pandémie? La question se pose.

Mais si, comme le mentionne une annonce télévisée, « la voiture est un espace où vous pouvez être vous-même », il est légitime de se demander si tous les conducteurs qui sont agressifs au volant le sont également dans la vie, en dehors de leur boîte métallique à quatre roues, ou si d’autres facteurs, comme le trafic – mais y-a-t-il vraiment du trafic envahissant dans nos quartiers centraux ? –, ne sont pas à l’origine d’un tel comportement ?

Rachel Bergeron-Cyr