Le plus récent rapport du Comité québécois sur le développement du hockey, dévoilé jeudi, soulève plus de questions de nos lecteurs qu’il n’apporte de réponses. Voici un aperçu des courriels reçus à notre appel à tous.

L’école n’est pas un fourre-tout

Le projet est excellent. Son application reste à structurer. Ce volet d’éducation doit être hors de l’école, sous la responsabilité de personnes compétentes en la matière, et un horaire adéquat pour l’implication des familles. Le temps d’éducation est plus que restreint pour couvrir les programmes. Le volet éducation physique est bien défini – il comprend aussi la santé. Bref, l’école n’est pas un fourre-tout. Laissons-la poursuivre sa mission.

Aline Couillard

Parents fanatiques

Le problème n’est pas du côté des jeunes hockeyeurs, mais plutôt de celui des parents fanatiques qui vivent la vie de leur enfant par procuration. On parle d’introduire une partie du modèle norvégien. Chaque fois que des recommandations à cet effet ont été proposées, la rage des parents qui noyautent les comités et influencent les entraîneurs – beaucoup de parents parmi ceux-ci – a fait reculer Hockey Québec. Laissez donc les enfants s’amuser sans contraintes…

Roland Vidal

Chacun son rôle

Étant une enseignante au primaire à la retraite (autant en éducation physique que comme titulaire), mon mandat ne cessait d’augmenter avec les années : enseigner les bonnes habitudes en matière d’alimentation, la sexualité, la citoyenneté, la science et la technologie, la robotique, et j’en passe. Maintenant, le patin ! Dans le cadre du cours d’éducation physique, peut-être. En milieu défavorisé, bon nombre d’enfants n’ont même pas de patins. La grille-horaire est déjà pleine et j’en viens à me demander quand on trouvera le temps d’enseigner les matières de base. C’est aussi aux parents de voir au développement des aptitudes physiques de leurs enfants. Le mandat de l’école publique augmente de plus en plus et celui des parents diminue. À chacun son rôle ! Les profs peuvent bien être à bout !

Carole Lorrain

Des limites au contrôle

Le rapport est bien. Cependant, tant que la politique fiscale pour les officiels ne sera pas connue, le rapport sera en fait tabletté, parce qu’il n’y a pas assez d’officiels. Les officiels, qui sont aussi sur le marché du travail, vont continuer à déserter la profession, comme ces dernières années. De ce fait, les jeunes débutants ne pourront pas avoir de mentorat comme prévu dans le rapport. De plus, obliger les ligues adultes à être membres de Hockey Québec n’est pas opportun. Encore une fois, c’est une taxe déguisée. Il y a des limites au contrôle. Le mandat du comité était de favoriser le sport du hockey pour les jeunes.

Serge Morneau

Et l’argent, dans tout ça ?

C’est beau de rêver. C’est honorable et louable. Mais dans le vrai monde, où trouverons-nous l’argent ? On fera des coupes dans la santé, l’éducation, les soins à domicile, voire dans les infrastructures. Un rapport de bonnes intentions qui demeurera sur le bureau du premier ministre, faute de moyens. Nos rêves dépassent nos moyens de les réaliser.

Michel Damphousse

Bravo

Je crois qu’il y aura une amélioration, et bravo d’avoir enfin compris de prendre le hockey au sérieux au Québec. Outre le primaire, les niveaux secondaire, collégial et universitaire devraient pouvoir offrir des équipes de hockey. L’encadrement scolaire jumelé au développement sportif devrait faire partie intégrante du cursus de l’élève. Le hockey devrait y être représenté dans un maximum d’établissements. Après leur stage de hockey junior, le hockey universitaire devrait être le débouché naturel des joueurs non repêchés au niveau professionnel et être un stade de développement pour les 14 % de joueurs de la LNH qui y parviennent malgré tout. Jouer pour son école, son collège et son université procure un sentiment d’appartenance supérieur au fait de représenter une ville, souvent d’adoption et de repêchage. Outre le réseau collégial, les universités (au nombre de 10 au Québec) pourraient attiser le sentiment d’appartenance et générer des revenus partagés des municipalités, des partisans, des produits dérivés, etc. Et ainsi permettre aux jeunes femmes et aux jeunes hommes québécois de décrocher un diplôme, d’adopter de saines habitudes de vie et de contribuer à faire baisser le taux anormalement élevé d’analphabètes fonctionnels au Québec.

Jean Gadbois

Tout ça pour ça…

Je sais que mon opinion ne sera pas populaire au Québec, mais je suis contre l’idée de dépenser une tonne d’argent des contribuables pour favoriser un sport qui coûte cher à plus d’un égard. Ce n’est pas juste une question d’aider les familles moins nanties à s’acheter de l’équipement, c’est surtout de mobiliser des sommes importantes pour construire des arénas. Ici, à Gatineau, nous avons dépensé plus de 37,4 millions de fonds publics pour la construction d’un complexe multiglaces d’un coût total de plus de 100 millions, et d’autres dépenses sont à venir. Tout ça pour la pratique d’un sport dont les modèles seraient poursuivis en justice pour voies de fait si leurs gestes n’étaient pas commis sur une patinoire. Je suis tout à fait favorable à l’idée de faire bouger notre jeunesse et de donner une plus grande place aux filles dans le sport amateur, mais de là à faire du hockey un modèle, non merci. Encore à Gatineau, nous allons prochainement envisager des dépenses de dizaines de millions de dollars pour un second complexe multiglaces. Pendant ce temps, quand je veux aller au parc de mon quartier à vélo avec mes enfants, je dois me contenter de lignes de peinture au sol pour assurer notre sécurité dans notre déplacement actif vers une activité physique. C’est ce que j’appelle avoir le sens des priorités à l’envers.

Jean-François Danis