Sans être d’un optimisme débordant, les lecteurs proposent au ministre Christian Dubé différentes avenues pour améliorer notre système de santé. Voici un aperçu des réponses à notre appel à tous.

Décentralisation

L’un des axes les plus prometteurs du projet du ministre Christian Dubé est celui de la décentralisation. Rapprocher la décision du lieu de l’action ne peut qu’être profitable au client en rendant le système plus agile. En même temps, ce sera son plus grand défi parce que son entourage immédiat, la machine administrative du ministère, fera tout pour que ça n’arrive pas. Plusieurs tentatives de décentralisation ont été menées dans les dernières décennies dans le monde de la santé et, malheureusement, elles se sont toutes butées à la résistance discrète, mais efficace de la « machine ». Pourquoi en serait-il autrement ? Aucune bureaucratie n’a avantage à travailler contre sa propre survie. Le ministre Christian Dubé aura besoin de mettre à profit ses grands talents de patience et de persuasion, et ce, dans un temps très court. Car, comme le répètent les employés du ministère dans l’intimité : « Les ministres passent, mais les fonctionnaires restent. »

André Carrier

Des chances de réussir

Oui, cette réforme a des chances de réussir : elle inclut dans la première ligne tous les professionnels de la santé ; le médecin ne sera plus la porte d’entrée principale (le physiothérapeute, le pharmacien, l’infirmière clinicienne, le travailleur social seront mis à contribution) ; le triage sera plus efficace – si ça marche à Rimouski, ça devrait marcher ailleurs. Elle fait revenir les adjoints administratifs sur les unités de soins hospitaliers, lesquels ont déjà existé dans le passé et rendaient la tâche des infirmières plus attrayante. Les soins à domicile devraient inclure tant les soins physiques que l’entretien domiciliaire, en collaboration avec les entreprises d’économie sociale. Il n’est pas obligatoire que chaque Québécois ait son médecin de famille, mais chaque Québécois doit avoir les soins requis dans des situations qui amènent une détérioration de sa santé. Les GMF et les CLSC devront collaborer. Et le dossier unique informatisé accessible rapidement pour tous ces professionnels devrait être une priorité. Il y a beaucoup d’infirmières qui ont quitté le réseau : rapatrions-les en offrant des conditions de travail adéquates. Il faut faire sauter les chasses gardées.

Jean Marceau, médecin retraité, Saguenay

Mieux vaut prévenir que guérir

Dans le plan de M. Dubé, il y a plusieurs mesures intéressantes. Malgré tout, c’est voué à l’échec. Le système de santé est presque uniquement un système de soins. Avec une population vieillissante et des jeunes de plus en plus sédentaires, on fonce dans le mur avec une telle philosophie. Il faut plutôt adopter une approche contraire : viser avoir moins de malades. Des interventions ciblées avec des intervenants en santé comme les kinésiologues et les nutritionnistes. Donner aux patients à risque des programmes avec interventions et suivi pour prévenir le diabète de type 2 et autres maladies métaboliques qui causent un poids financier énorme sur le système. C’est bien moins coûteux de prévenir la maladie que de soigner.

Nelson Rioux, Boucherville

Table rase

Comment améliorer le système de santé ? C’est tout simple : il faut faire table rase de cette centralisation. En premier lieu, placer un gestionnaire compétent dans chaque hôpital et lui faire confiance. Deuxièmement, valoriser le jugement des infirmières dans les soins infirmiers. Troisièmement, augmenter la technologie, il y a trop de papiers qui se perdent.

Michèle Juneau

Ne pas se limiter au calendrier électoral

Pour avoir œuvré dans le réseau de la santé et des services sociaux toute ma carrière et observé des changements d’orientation à chaque nouveau ministre, il serait souhaitable que le réseau puisse se développer en continuité et non en rupture constante en fonction du calendrier électoral. Chaque fois qu’un ministre arrive avec sa vision et ses réformes, le réseau perd un temps fou à s’adapter. Pendant ce temps, ce sont les services aux usagers qui en souffrent et le personnel qui s’épuise. Alors si c’est un bon plan et qu’il s’appuie sur les résultats de plusieurs rapports, il devrait être mis en œuvre, peu importe qui en est le porteur, tant ministre que parti au pouvoir.

Andrée Deschênes

Solutions concrètes

Voici mes solutions : réduire le salaire des médecins spécialistes (surtout les radiologues) et utiliser l’argent économisé pour ajouter des infirmières cliniciennes ; augmenter le nombre de lits et le personnel ; et améliorer la technologie.

André Pichette

Gaspillage de fonds

Tout d’abord, le ministre devrait sécuriser les équipes de travail auprès de toutes les clientèles malades. Ensuite, éliminer de nombreux paliers administratifs : il y a plein de monde qui fait les mêmes tâches. Pour avoir été dans le milieu de la santé durant 34 ans, le gaspillage de fonds publics me répugne au plus haut point ! Il est temps de redresser tout ça !

Diane Arseneau

Trop de paperasse

Je suis infirmière et prendrai ma retraite en décembre 2022. Je crois qu’il y a beaucoup trop de gestionnaires. Ma montre intelligente vibre deux ou trois fois par jour pour des messages de nomination (directeurs ou autre)… Il y a trop de paperasse et pas assez de monde sur le terrain.

Chantal Boivin, infirmière

Santé politisée, système condamné

Encore une réforme qui ne changera rien à la problématique de notre système de santé doté d’une bureaucratie et d’une technocratie trop lourdes pour le changement. Surtout que la santé est devenue politisée depuis trop d’années. Ajouter des lits, ajouter des places en hébergement, ajouter des professionnels, ajouter des médecins… de façon réaliste, tout ça prendrait beaucoup plus de temps et d’argent. On a perdu depuis longtemps cette capacité de souplesse et de performance à trop imposer de règles, de cadres de gestion, de paperasse inutile. Et que dire de la productivité globale de ce système à tous les échelons. Trop de chefs et pas assez d’Indiens… !

Jacques Desroches