Nous vous avons demandé si vous croyiez toujours au projet du REM de l’Est malgré les avis défavorables qui ont émané de l’ARTM et de la STM cette semaine. Voici quelques-unes de vos réponses.

Il faut y croire

Il faut croire au REM de l’Est ! J’habite Pointe-aux-Trembles depuis 60 ans. On appelle aussi ce quartier l’Extrême-Orient de Montréal. L’autobus prend un temps fou pour se rendre à l’hôpital, au cégep ou à l’université. Le service est pitoyable en dehors des heures de pointe. Le train offre peu de services en dehors des heures de pointe, un seul point d’accès. Il n’y a plus d’accès direct à la gare Centrale depuis les travaux du tunnel du mont Royal et aucun service les fins de semaine. Ma conclusion : vive le futur REM ou vive l’automobile… La plupart des gens de mon entourage rêvent du REM, sans compter les impacts positifs à prévoir sur le développement de l’Est et sa densification. Ayons une vision d’avenir et non à court terme !

Manon Blais

J’ai changé mon fusil d’épaule

Autant je trouvais que le REM allait être une révolution, autant dorénavant je ne souhaite plus qu’il voie le jour, du moins, pas dans sa forme actuelle. Le coût pour la société sera beaucoup trop grand. L’ARTM n’a fait que soulever ce que plusieurs disaient depuis longtemps : le REM ne doit pas dédoubler des structures déjà existantes. De plus, en milieu urbain comme sur Notre-Dame, il se doit d’être enfoui. Qui aurait l’idée de faire la ligne bleue du métro hors terre ? Personne. C’est le même principe pour le REM, les inconvénients seraient les mêmes. Mais comme cela a été le cas au cours des 50 dernières années, le politique est prêt à sacrifier un ancien quartier ouvrier. Ce n’est pas payant en votes, donc on s’en fout… c’est méprisant. Bref, le REM de l’Est n’aura été qu’une étoile filante… et une fausse bonne idée.

Jocelyn Beaudoin, avocat, futur résident d’Hochelaga

Cessons de défigurer Montréal

Je n’ai jamais vraiment cru au REM de l’Est. En tout cas, pas tel que présenté dans le projet actuel : trop cher, en concurrence avec la ligne verte du métro, une horreur visuelle et environnementale ! Circulant régulièrement sur l’autoroute 10 et le boulevard Décarie, je suis à même de constater le peu d’esthétisme (un euphémisme…) du REM de l’Ouest. Ériger une telle structure en hauteur au centre-ville et rue Sherbrooke me paraît une aberration. De plus, le nord de Montréal étant déjà défiguré par la Métropolitaine, on ne ferait que défigurer davantage notre ville. Notez cependant que je suis tout à fait d’accord que l’est et le nord de Montréal doivent être mieux desservis par les transports en commun. Mais il me semble qu’on pourrait trouver des façons de le faire moins onéreuses, plus efficaces et plus esthétiques que le REM de l’Est. Cela exigerait évidemment une collaboration plus grande et plus « intelligente » entre nos instances gouvernementales municipales et provinciales.

Diane Roussel

Un désastre annoncé

Je réponds à cet appel à tous sur le REM de l’Est en tant qu’ancienne citoyenne de l’est de Montréal qui habite en Gaspésie depuis bientôt cinq ans. Je veux me faire entendre car j’ai vécu 30 ans rue Dubuisson, en face de la voie ferrée où il est maintenant question de faire passer le REM en hauteur. C’est une ineptie (je ne rentrerai pas dans le débat de l’urbanisme, du problème de vibration, de la laideur, du bruit, de la poussière dans un quartier résidentiel si tranquille. J’ai envie de crier mon désespoir rien que d’y penser). Le projet du REM de l’Est tel que présenté à l’heure actuelle est un désastre annoncé. J’en viens au mode de transport. Ma mère n’avait pas de voiture et j’ai pris les transports en commun pendant toute mon enfance, mon adolescence et mes années d’université. Je sais que tout n’est pas parfait, mais je m’accommodais très bien de nos autobus et du métro, je ne sais pas pourquoi les gens en veulent toujours plus. Même dans mes dernières années à Montréal, j’habitais à l’extrémité de Pointe-aux-Trembles, juste avant les ponts pour Repentigny, et il y avait les autobus express, je n’ai jamais pâti du service, et en plus maintenant il y a le train de banlieue. Pourquoi rajouter un REM dans l’Est ? Pour faire comme l’aéroport de Mirabel ? Pour jeter des milliards par les fenêtres ? C’est un projet qui n’a pas sa raison d’être, il faut réfléchir à d’autres solutions.

Julie Vaillancourt, ingénieure

Une longue attente

Étant un Pointelier depuis ma naissance, c’est avec un grand bonheur que j’ai entendu l’annonce en décembre 2020 qu’il y aurait une antenne du REM vers l’est de Montréal. Nous sommes très mal desservis par les transports collectifs et ce ne sont pas des circuits d’autobus « express » qui vont corriger la situation, ni le tramway d’ailleurs à cause de notre climat. Le train m’apparaît la meilleure option pour donner un service rapide et confortable aux usagers. Est-ce que cette antenne de l’Est peut être mieux intégrée et complémentaire aux réseaux actuels ? Assurément, mais mettre la hache dans ce projet ne fera que repousser aux calendes grecques un projet structurant pour l’est de Montréal et que nous attendons depuis des décennies.

Mario Pelletier

Démarche inadéquate

Je pense que c’est un projet qui était une mauvaise réponse à un problème réel. Le gouvernement Legault semble toujours inadéquat quand il est question d’environnement et de transport. Le REM de l’Est en est un bel exemple. Que la Caisse de dépôt et placement du Québec en soit le maître d’œuvre est une aberration en soi. Son mandat est de produire du rendement, non de desservir les citoyens concernés. Pourquoi ne pas avoir impliqué les spécialistes et la population dans le cadre d’une démarche conjointe pour que le projet soit en accord avec les besoins de ces citoyens.

Claude Marcoux

Les usagers de demain

Oui, j’y crois et sans réserves. Ce projet touche essentiellement à la mobilité et au développement du territoire. Montréal attend ce type de projet depuis fort longtemps. Il n’est plus le temps de tergiverser. Lançons-nous. La Ville s’y intéressant, cela nous donne la chance de bonifier le projet pour son intégration dans les milieux où il passera. C’est tout à fait réalisable. Les gens qui s’en plaignent aujourd’hui seront les usagers de ce mode de transport demain.

Daniel Valiquette

Ne nous enclavez pas davantage

Non, je ne crois plus au REM de l’Est. J’habite dans le quartier de Mercier-Ouest et j’appréhende grandement cette structure aérienne qui va enlaidir et enclaver encore plus mon quartier. Nous sommes déjà desservis par le métro de la ligne verte. Nous aurions plus besoin d’un tramway sur la rue Notre-Dame qui traverserait la ville d’Est en Ouest. Je suggère plutôt de poursuivre le métro de la ligne verte après Honoré-Beaugrand, de même que la ligne bleue. Les gens veulent des moyens de transport actifs rapides et complémentaires pour se rendre au centre-ville, mais aussi pour circuler à l’intérieur de leurs quartiers. Cela améliorerait notre qualité de vie et aussi l’accessibilité aux activités locales et commerciales de l’est de Montréal.

Isabelle Durand

L’Est mérite mieux

Les médias mentionnent souvent les piliers du REM 1 qui sont « essentiellement » en zones industrielles ou sur des emprises autoroutières. Ils oublient de mentionner que près de la moitié du tracé (32 km sur 67) provient de la ligne Deux-Montagnes qui se situe presque entièrement en zone résidentielle. Et qu’il y a de grandes portions du tracé qui sont aériennes. Ces horribles piliers de béton, surmontés de poutres massives, sont d’une laideur qui n’est dépassée que par les murs qui remplacent les piliers dans les sections en pente. Allez voir ce que ça a l’air au coin des rues Alexander et de la Station dans l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro. Ça fait peur ! Alors bâtir une ligne entièrement aérienne, c’est non ! Les résidants de l’Est, où les transports en commun sont déficients, méritent mieux !

Josée Riopel, station Sunnybrooke

Ce qu’on peut faire avec 10 milliards

J’ai habité 10 ans dans Hochelaga-Maisonneuve, près du parc Morgan. J’ai vu sa transformation et l’embellissement de la rue Morgan jusqu’au marché Maisonneuve et sa belle fermière. J’habite Pointe-aux-Trembles depuis maintenant 20 ans. Le service de transport collectif est bien en deçà de ce qui se fait ailleurs sur l’île. Il suffit qu’une des deux artères principales, Notre-Dame ou Sherbrooke, soit bloquée (accident, travaux, grève, manifestation) pour rendre le retour du centre-ville en bus infernal. La navette fluviale était une excellente initiative, mais elle est disponible seulement l’été. Le REM viendrait régler le problème d’accès au centre-ville. Dans sa forme actuelle, c’est toutefois un mauvais projet. La pensée de piliers de béton longeant le parc Morgan, avec toutes les caténaires, ça me donne froid dans le dos. Et sans discuter de ce qui est projeté sur René-Lévesque… Avec la nouvelle réalité du télétravail, je ne vois plus l’embouteillage comme une catastrophe, je n’aurai à me rendre au centre-ville que deux jours par semaine. Ce n’est pas si mal… Il y a forcément d’autres solutions. Pourquoi ne pas prolonger la ligne verte jusqu’à Pointe-aux-Trembles ? Les raffineries sont un obstacle, on ne peut passer en dessous. Alors, pourquoi ne pas faire sortir les rames de terre rue Sherbrooke avant les raffineries ? Quitte à les protéger des intempéries en les faisant voyager sur une courte distance dans une tubulure comme l’Hyperloop ? Oui, il nous faut une solution de transport pour l’est de la ville. Mais pas au détriment des autres quartiers. Je suis contre la version actuelle de ce REM de l’Est. Avec 10 milliards sur la table, il y a sûrement une meilleure option.

Jean-François Durocher, citoyen de l’est de Montréal

Exigeons le meilleur

Tout le monde s’entend pour dire que cela prend un bon projet de transport structurant pour l’est de Montréal, incluant Rivière-des-Prairies. Malheureusement, le projet de CDPQ Infra ne répond pas aux besoins de Rivière-des-Prairies. Il traverse sauvagement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve en hypothéquant la bande verte le long de Notre-Dame, le parc Morgan et ensuite, les quartiers résidentiels à Tétreaultville, puis les habitations le long de Sherbrooke dans Pointe-aux-Trembles. Les résidants de Montréal-Est sont aussi oubliés puisqu’il n’y a aucune station prévue pour eux. Le son que le train va générer n’est pas à négliger non plus. CDPQ Infra calcule le bruit sur une période de 24 heures au lieu de mesurer le son en temps réel. Le REM va passer à moins de 150 mètres d’au moins trois écoles. Les fenêtres ouvertes, difficile de se concentrer avec des pics de son toutes les 2 à 4 minutes. Il y a plusieurs offres de projet de transports structurants sur la table. Il ne faut pas se laisser aveugler par CDPQ Infra et son modèle d’affaire qui n’en a rien à faire des réels besoins des usagers. Exigeons le meilleur. Et pour le moment, force est d’admettre que ce qui nous est proposé n’est vraiment pas le meilleur. Je suis une résidante de la rue Dubuisson. Le REM devrait passer à 20 m de la façade de ma maison. Je suis contre. Mais j’étais contre aussi quand il devait passer rue Sherbrooke. On ne change pas la vocation des quartiers résidentiels sans prendre les gens qui y habitent en considération, non ?

Julie Cadieux