Les avis sont partagés quant à la façon d’intervenir auprès des sans-abri installés depuis peu dans le boisé Steinberg, dans Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Voici un aperçu des réponses reçues à la suite de notre appel à tous.

Un choix à respecter

Quant à moi, on devrait laisser les sans-abri dans leur camp de fortune et leur fournir des services sanitaires et de l’eau, du moins pour la période estivale. Il faut respecter leur choix. C’est aussi un milieu de vie, de l’entraide et des amis !

Nicole Veilleux

Éviction

On devrait les expulser. Malheureusement, on ne peut pas s’installer n’importe où comme on veut. Nous, les citoyens normaux, payons nos loyers et nos taxes.

Stéphane Parent

Garder la paix

La Ville devrait ouvrir d’autres campements. Ces gens veulent passer l’été dehors. Qu’on les accommode et qu’on leur fournisse des toilettes de chantier, un robinet pour l’eau et un minimum d’électricité pour charger leur téléphone. Mais il faut leur interdire de faire jouer de la musique sauf à très faible volume et dans leur abri, si on veut garder la paix.

Yves Doré

Culture particulière

Ce n’est pas simple ! Bien que la Ville offre des logements ou des maisons de chambres à cette clientèle, ce n’est pas ce qu’elle veut. À mon avis, il faut tenir compte de la culture particulière des gens sans logis fixe. Et, avec l’aide des intervenants, c’est en leur demandant quels sont leurs besoins et leurs attentes que nous parviendrons à trouver la solution pour qu’ils puissent se loger de façon sécuritaire. Le sentiment de liberté et d’autonomie leur est cher et il faut les consulter pour respecter cela. Encourageons l’empowerment !

Ann Jacques

Au Stade olympique

Nous avons la plus grosse infrastructure pour accueillir les sans-abri : le Stade olympique. On pourrait facilement aménager une section de cette immense bâtisse, sans pour autant lui enlever sa vocation d’éléphant blanc. À une certaine époque, on y tenait l’exposition agricole. Pourrait-on lui donner une vocation plus humaine ?

Claude Crépeau

Inacceptable

Les villes ne devraient jamais accepter les campements de sans-abri. Elles doivent trouver des solutions humanitaires pour résoudre le problème avant que ces conditions ne prennent une dimension telle qu’aucune solution ne sera possible. Paris, Rio de Janeiro, Rome, Naples… ces villes ont toutes atteint un point de non-retour à la normale. Hélas.

Victor Bouskéla, Saint-Jérôme

Laid et dangereux

Il faut les démanteler un par un, au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Sinon ça deviendra impossible. Il faut cependant leur offrir une option : les relocaliser ou les loger dans un endroit aménagé pour eux. Surtout, ne pas endurer le campement, car c’est laid et dangereux.

Isabelle Godin

Un dossier épineux

Sujet très épineux pour les autorités, puisque plusieurs considérations viennent s’entrecroiser. D’abord, ces campements sont-ils jugés sécuritaires par le Service de sécurité incendie ? Ensuite, est-ce que le propriétaire du terrain demande une éviction ? Et pourquoi ces gens ne veulent-ils pas séjourner dans les refuges officiels ? Bien souvent, ce sont déjà des gens qui vivent en marge de la société, alors il est difficile de les faire rentrer dans le rang. De l’autre côté, il faut aussi penser aux habitants du voisinage, qui craignent les dérapages et qui ont choisi ce secteur pour des raisons de quiétude et de situation géographique. Bref, pour toutes ces raisons, je comprends très bien que les instances hésitent, tergiversent, se lancent la balle. Tout n’est pas noir ou blanc avec des êtres humains et la façon dont ils entendent mener leur vie.

Sophie Tougas, Bedford

Camping urbain autogéré

On devrait demander aux sans-abri s’ils veulent changer d’hébergement. Je crois qu’une bonne portion préfère cette forme de logement précaire sans encadrement et au grand air. La solution devrait émerger de ce constat. Toute autre proposition ne ferait que rencontrer de la résistance. Dans les faits, l’option ressemblerait plus à un camping urbain autogéré qu’à une maison de chambres, à mon avis.

Jean Payer

Vers la réhabilitation

Travail d’équipe et logements sociaux ! L’itinérance est multifactorielle. Chaque sans-abri a une histoire de vie différente de celle des autres. Problème de santé mentale, perte d’emploi et succession d’évènements malheureux ou dépendances diverses ne sont que quelques-unes des causes. Un séjour en prison marque au fer rouge une personne qui aura par la suite une immense difficulté à se retrouver un travail et un logement décent. Les solutions ? Oui aux logements sociaux comme ceux tant attendus dans l’ancien hôpital de la Miséricorde. Une fois qu’elles seront logées, il sera plus facile d’entreprendre la réhabilitation sociale de ces personnes fragilisées par l’itinérance. Oui au travail d’équipe avec les personnes qui côtoient ces sans-abri au quotidien : intervenants, gestionnaires et bénévoles provenant des refuges pour itinérants avec les élus des différents partis politiques. De nombreux intervenants accomplissent déjà de petits miracles avec les sans-abri, alors consultons-les !

Josée Laurin, bénévole auprès des sans-abris