L’éditorial de Stéphanie Grammond sur la rétention des travailleurs d’expérience dans le marché du travail, publié le 17 avril, a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Une forme de discrimination

Oh que vous avez raison ! Mais ne faudrait-il pas commencer par cesser d’utiliser le terme « personne âgée » dès que quelqu’un atteint la soixantaine et de penser que l’intelligence de ces personnes est à la retraite… Ce groupe est une source de talents vivante et riche pour les employeurs, mais fait face à une forme de discrimination. Leur embauche représente tout un changement de paradigme pour les entreprises.

Sophie Fortin, Saint-Bruno-de-Montarville

Demandes sans réponses

J’ai trouvé votre chronique de ce matin très intéressante et ô combien pertinente. Je témoigne de ma situation personnelle. Je suis un retraité au début de la soixantaine, à la retraite depuis quelques années déjà. Je dois avouer que je m’ennuie et je souhaite retourner au travail dans le domaine dans lequel j’ai fait carrière. Malgré mon expertise certaine, mes demandes d’emploi demeurent sans réponse : pas d’entrevue, pas de refus, aucune réponse des employeurs, comme si je n’existais pas. La seule explication logique à cette indifférence m’apparaît être mon âge ou ma retraite. Et pourtant, j’ai offert mes services à des employeurs des fonctions publiques provinciale et municipale. Les directions des ressources humaines de nos gouvernements ne devraient-elles pas être les premières à être sensibilisées à l’apport des travailleurs d’expérience ?

Alain Lépine, Montréal

Tout ou rien

Je suis retraité du système bancaire. J’ai fait du financement commercial durant près de 30 ans. Les dernières années de ma carrière, j’ai coaché de jeunes universitaires afin de les aider dans l’analyse de dossiers commerciaux. Quand j’ai demandé à travailler quatre jours par semaine, on m’a dit que ça ne se faisait pas. Pourtant, j’étais contractuel. Allez comprendre. Je me suis résigné à laisser cet emploi que j’adorais. J’avais à ce moment-là 63 ans.

Serge Leduc, Pincourt

Encouragé à prendre ma retraite

J’ai travaillé 33 ans chez Hydro-Québec. Ils m’ont encouragé à prendre ma retraite à 55 ans en bonifiant ma rente pour que je parte. Leur but : baisser le nombre d’employés. Aucun programme de préretraite à deux ou trois jours semaine, aucun programme de compagnonnage avec les nouveaux monteurs de ligne. J’étais chef monteur et je n’ai pas pu transmettre tout mon savoir. Alors, si une entreprise gouvernementale ne donne pas l’exemple, qui le fera ?

André Charest

Besoin de ralentir

J’ai 57 ans et j’aime mon travail, mais j’aimerais ralentir un peu. Cependant, aucune mesure n’existe pour moi. Et il semble qu’il n’y a pas de volonté du côté des autorités pour m’accommoder. Pas possible de travailler à temps partiel.

André Dubé, anesthésiologiste

Changer les mentalités

J’abonde dans votre sens, mais malgré tous les incitatifs, il faut aussi changer les mentalités et les normes d’emploi dans les entreprises. Or, on enseigne encore à l’université à favoriser l’emploi de groupes homogènes d’âge, c’est-à-dire environ 35 ans en moyenne. Puis, il y a tous les autres mécanismes tels que les syndicats, qui favorisent aussi l’âgisme. Dans certains corps de métier, c’est pire. Je travaille dans l’industrie de la production audiovisuelle et j’ai de la difficulté à trouver du travail depuis l’âge de 55 ans. C’est décourageant, malgré ma bonne forme physique, je me vois de plus en plus poussé vers la retraite, malgré mon désir de continuer.

Jacques Bournival

Donner au suivant

Enfin, quelqu’un qui met le doigt sur le problème et prend position. Plusieurs retraités avec des expertises pointues souhaiteraient participer au développement d’entreprises… à temps partiel ou sous forme de mandats d’une durée limitée. Les retraités ne cherchent pas de carrière, ils l’ont faite. Ils sont plus dans le mode « donner au suivant ». Présentement, la fiscalité, les régimes de pension gouvernementaux n’aident pas. Pire encore, les entreprises ne veulent pas faire l’effort, comme vous le mentionnez. Souvent, elles ont même le culot de mettre les gens ayant de l’expertise à la porte, sous prétexte qu’ils coûtaient cher. Maintenant, elles ont besoin d’aide, se plaignent, mais ne font aucun effort pour ramener cette force vive.

Pierre Brazé, Eastman

Questions d’assurances

Les assurances de groupe devraient aussi s’adapter. À compter de 65 ans, nous n’avons plus droit à l’assurance invalidité et l’assurance vie descend à 25 %, ce n’est pas très motivant.

Marguerite Chénard

Transition parfaite

En ce temps de pandémie, où on ne peut vivre notre retraite à plein, j’ai accepté un contrat d’une année chez mon ancien employeur en télétravail. On peut avoir le meilleur des deux mondes grâce à la souplesse de l’employeur. Je travaille trois jours par semaine répartis en quatre demi-journées et une pleine journée pour les rencontres d’équipe. Puisque je n’ai pas besoin de formation, j’assure la transition en attendant que s’ajoutent des ressources permanentes additionnelles à l’équipe. De plus, je profite quand même de mes journées à d’autres occupations. Je vois d’anciens collègues virtuellement, je dérouille mes neurones et je respecte mes énergies au travail. De plus, les revenus additionnels serviront aux réparations de la maison. Ce rythme me convient en attendant que mon conjoint prenne sa retraite en 2022.

Louise Zakem

Une décision prise tôt

L’âgisme n’est que la partie cachée du problème, le maintien du lien d’emploi des personnes âgées est lié à la qualité des relations de travail au sein d’une entreprise. La décision de prendre sa retraite se prend beaucoup plus tôt que l’on pense et elle se cristallise dans le temps. Cette décision se prend lorsque la charge de travail devient pénible à supporter et va par exemple jusqu’à entraîner des problèmes de santé. Le vieillissement fait le reste.

Si votre travail vous permet de conserver une meilleure santé mentale et physique qu’une éventuelle retraite, vous n’hésiterez pas à travailler jusqu’à la fin vos jours. A contrario, si vous lever le matin est devenu une tâche ardue et que vous n’avez plus le courage de déneiger votre voiture, le signal est lancé et aucun programme gouvernemental ne vous fera changer d’idée.

Christian Castonguay

Il manque d’incitatifs

Je souhaiterais continuer à occuper un emploi même si je suis déjà à la retraite. Toutefois, il faudrait revoir les règles d’impôts puisqu’il n’y a aucun incitatif à le faire.

Jules Ostiguy

(Re)lisez « Des cheveux gris ? Oh que oui ! »