Harcèlement sexuel dans l’armée, PCRE, rachat des armes d’assaut, hydro-électricité : l’équipe éditoriale de La Presse a profité d’une rencontre avec le chef du Parti libéral du Canada pour lui poser vos questions. Celles-ci avaient été récoltées lors d’un appel à tous, auquel vous avez répondu en grand nombre. Voici les réponses.

Vous dites que le problème du harcèlement dans l’armée vous préoccupe, alors pourquoi n’avez-vous pas mis en application les excellentes recommandations de Marie Deschamps au lieu de reporter le problème en nommant Louise Arbour pour faire le même travail ?

Réal Thuot, Saint-Jean-sur-Richelieu

Justin Trudeau : On a implanté plusieurs des recommandations de Mme Marie Deschamps, mais ça prend des changements profonds. Il n’y a aucun doute qu’on doive transformer nos forces armées, mais comment le faire de la bonne façon ? C’est ce que j’ai demandé à Mme Arbour de regarder. Je peux vous dire qu’on va absolument amener toutes les recommandations qu’elle met de l’avant. Ce sont des changements de fond qui vont faire la différence.

Alors qu’il manque de main-d’œuvre partout, comment pouvez-vous justifier la continuité de la PCRE ?

Gilles Carrière

J. T. : D’abord la pénurie de main-d’œuvre a été aggravée par la pandémie, mais elle existait bien avant. La PCRE est rendue à 300 $ par semaine, c’est moins que ce que gagnerait quelqu’un qui travaille toute une semaine au salaire minimum, donc ce n’est pas ce qui empêche les gens de travailler. De plus, il y a encore bien des industries – je pense aux artistes ou au milieu touristique – qui n’ont pas repris le cours des choses et on continue à les appuyer. Mais il y a aussi des gens qui ont pris cette année et demie pour réfléchir au genre de travail ou de carrière qu’ils voulaient. Ils ont repris leurs études ou cherché d’autres pistes. C’est pour cette raison qu’on veut augmenter l’immigration – pour compenser la période où les frontières étaient fermées. On va aussi investir dans la formation pour que les gens aient de meilleurs emplois.

Qu’est-il arrivé de la promesse officielle d’exiger le rachat sans condition par le gouvernement de toutes les armes d’assaut à travers le Canada ? Voilà maintenant presque 32 ans que nous demandons cette mesure élémentaire pour la sécurité des Canadiennes et des Canadiens.

Suzanne Laplante Edward, mère d’Anne-Marie Edward (1968-1989)

J. T. : On l’a fait l’année passée, on a banni les armes d’assaut. On a écouté PolySeSouvient qui nous a dit d’aller une coche plus loin. C’est un rachat obligatoire et si les gens ne veulent pas donner au gouvernement leur arme d’assaut, qui est maintenant illégale, ils vont devoir accepter qu’elle soit inutilisable de façon permanente. Donc fini les armes d’assaut dans ce pays… à moins que les conservateurs rentrent.

Comment se fait-il que le gouvernement fédéral ait aidé, avec des milliards de dollars, une province de 500 000 habitants – Terre-Neuve-et-Labrador – à vendre de l’électricité aux États-Unis, la plaçant ainsi en compétition avec le Québec ? À ce que je sache, le fédéral n’a jamais aidé le Québec pour ses barrages hydro-électriques. Ne serait-il pas sain que le Canada ait une stratégie hydro-électrique coopérative et unifiée ?

Yvon Pelletier

J. T. : On est justement en train de travailler avec les provinces de l’Atlantique et le Québec sur un réseau d’hydro-électricité qui va remplacer du charbon aux États-Unis. On a reconnu qu’avec les défis liés à l’industrie pétrolière, et à cause des décisions erronées qu’ont prises les gouvernements conservateurs à Terre-Neuve durant plusieurs années, ils avaient besoin d’un soutien financier important. On était là pour eux.

Propos recueillis par Nathalie Collard

Note : Les questions et réponses ont été légèrement éditées pour en faciliter la lecture.