Une plainte d'un téléspectateur a conduit Radio-Canada à retirer un épisode de La petite vie de sa plateforme web Tou.tv de crainte qu’il ne soit mal compris et insultant pour d’autres téléspectateurs. Le diffuseur public s’est depuis ravisé, ajoutant plutôt un message d’avertissement : « Ce programme est proposé tel qu’il a été originellement créé et peut contenir des représentations sociales et culturelles différentes d’aujourd’hui. » Vous avez été plus de 500 à répondre à notre appel à tous, une majorité se disant en désaccord avec le retrait de l’épisode par la société d’État.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Exposition La petite vie au musée Pointe-à-Callière, en 2018

Adieu la créativité

Je suis totalement sidéré par cette réaction intempestive exempte de capacité à contextualiser des créations adaptées à différentes périodes de notre histoire. Si on commence à remettre en question toutes nos productions culturelles, où s’en va notre créativité ?

— Robert Beaudry, Québec

Minorité frileuse

Cette série télévisée fait partie de notre histoire récente. Elle doit demeurer fidèle à sa diffusion originale. C’en est assez de vouloir réécrire notre passé, pour satisfaire une minorité trop frileuse. Si certains s’en offusquent, ils n’ont qu’à regarder ailleurs.

— Michel Verdon, Sherbrooke

Se réjouir du progrès

Bonjour, je suis une femme. Quand je regarde des émissions d’une autre époque qui présentent des personnages féminins selon le contexte et les mentalités de l’époque, je ne m’en formalise pas. Je ris si c’est drôle et je me réjouis qu’on ait fait du chemin. À force d’essayer de faire plaisir à tout le monde, on finit par ne faire plaisir à personne.

— Micheline Brodeur

La censure n'est pas loin

Donner suite à ce genre de pression, c’est ouvrir la porte à la censure de la part de quiconque se sentira opprimé par la moindre critique. On constate même que ce genre de pression amène les médias à faire de l’autocensure avec des mots comme « nègre » peu importe le contexte. Où cela nous mène-t-il ? C’est inquiétant.

— Claude B. Plante

Avancer sans renier le passé

Je félicite Radio-Canada, c’est une bonne décision. Ce n’est pas en reniant le passé qu’on peut avancer.

— Monique Lévesque

Effaçons l'histoire

Une fois qu’on aura rayé du dictionnaire les mots offensants, qu’on aura déboulonné les statues de personnages contestés et détruit toutes autres traces de ce qui ne rejoint pas les valeurs de la société actuelle, peut-être deviendra-t-il inutile d’enseigner l’histoire… ?

— André Carrier

Chercher des poux

Je me demande dans quel monde on vit depuis quelque temps. Il suffit qu’une personne fasse une plainte pour quelque chose qui ne fait pas son affaire pour que le Québec tout entier soit viré à l’envers. Je trouve aberrant que Radio-Canada ait décidé de retirer cette émission avec Normand Brathwaite de la série La petite vie et ensuite de la remettre avec un avertissement pour quelques spectateurs qui n’ont pas autre chose à faire que de chercher des poux partout. Découragée de la race humaine !

— Marie-Claire Beaulieu

Second degré

Je préfère que Radio-Canada ajoute un avertissement en début d’émission plutôt que de retirer un ou des épisodes de cette série culte. Même si je trouve que la Société d’État est un peu frileuse… Si des gens s’offusquent de ce genre d’émission, c’est qu’ils ne comprennent rien au second degré. Toute cette série est le plus bel exemple de second degré. Quand une période de l’histoire nous déplaît, il ne suffit pas de l’effacer comme si ça n’avait jamais existé. Il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va. Ouvrons notre esprit.

— Claudine Bellefleur, Candiac

Chacun ses choix

Je pense que nous devons regarder les épisodes de La petite vie dans le cadre des années où ils ont été filmés. La société a évolué beaucoup durant les derniers 30 ans. Nous ne pouvons pas changer le passé. Et je pense qu’il y a assez de chaînes de télévision au Québec que nous pouvons simplement en choisir une autre si nous nous sentons mal en regardant cette série. Pas besoin d’imposer notre point de vue à tout le monde.

— Michelle Pétrin

Notre folklore

C’est une comédie et cela fait partie de notre folklore québécois.

— Carole Simard

L'absurde n'est pas toujours drôle

Nous vivons dans une société de plus en plus intolérante. Le débat n’a plus de place, il n’y a de place que pour le décret. Trump l’a bien compris et c’est ainsi qu’il a imposé sa vision : par décret. On décrète qu’un épisode de La petite vie fait insulte à tous les Noirs en les rabaissant par des stéréotypes datant de l’époque de la négritude. A-t-on réalisé que cette émission se nourrit justement de l’absurde ? Ah, oui ! C’est vrai… c’est absurde… on se ravise ! Quand dans les émissions d’information on préfère utiliser le « mot en n » plutôt que le mot « nègre », on participe à la rectitude politique dont on est censé débattre la légitimité. Comment s’étonner alors que même l’humour ait son côté sombre, pour ne pas dire noir, et que tout cela ne nous fasse point rire ? Assez, c’est assez !

— Armand Dubois

La bonne décision

Bravo à Radio Canada pour s’être ravisé. Il faut comprendre le contexte de l’émission et que les gens aient l’ouverture d’esprit nécessaire pour la regarder. Le but, dans cet épisode, n’était pas de dire du mal de qui que ce soit. Nous nous retrouverons sûrement avec d’autres situations semblables. Il s’agit tout simplement d’en aviser les téléspectateurs, comme a décidé de le faire Radio-Canada. D’ailleurs, d’autres chaînes de télévision donnent un avis semblable avant une présentation de séries ou de films. Alors libre à chacun d’écouter l’émission ou le film et lorsque ça ne fait pas notre affaire, on n'a qu’à changer de poste ! Est-ce qu’on va s’arrêter de vivre ? Est-ce qu’on va faire disparaître tout ce qui ne plaît pas ? Je ne crois pas que ce soit la bonne solution.

— Pierre Langevin, Laval