La semaine dernière, le ministre Simon Jolin-Barrette, soulignant l’anniversaire de la loi 101, s’est dit préoccupé par les données récentes sur la langue française. Êtes-vous du même avis que le ministre, le français au Québec vous préoccupe-t-il ? Pourquoi ? Vous avez été plus de 400 lecteurs à répondre à notre appel à tous sur la langue française au Québec, la vaste majorité se disant préoccupés. Voici un aperçu des courriels reçus.

Assimilation annoncée

Penser que le fait français en Amérique du Nord n’est pas en danger, c’est vivre sur une autre planète. Non seulement le Québec est entouré d’anglophones de tous les côtés, mais la langue anglaise est devenue le moyen de communication privilégié partout sur la planète. Pendant longtemps, la religion catholique a été un rempart efficace contre l’assimilation au Québec, mais plus maintenant. Les églises sont vides. Curieusement, les jeunes ne semblent pas comprendre l’assimilation annoncée et font preuve d’un laxisme honteux à cet égard. À ce rythme, dans un siècle, le français sera relégué à un élément folklorique. La Nouvelle-Orléans du Canada.

Pierre Beaudoin

Fierté disparue

Oui, l’utilisation de la langue française au Québec me préoccupe beaucoup. Depuis plusieurs années, on se rend compte du mauvais état du français, surtout à Montréal, et cela est désolant. On dirait qu’il n’existe plus de fierté pour sa langue, que ce phénomène n’est pas important, que peu importe la langue pourvu que l’on se comprenne. Et pourtant, le langage est le véhicule de notre culture et de notre identité. J’encourage le gouvernement à remettre à l’ordre du jour cette si belle langue.

Huguette Desnoyers

Toujours le même discours

Il y a 50 ans, alors que je travaillais pour une entreprise de la « couronne » à Saint-Paul-l’Ermite, aujourd’hui Le Gardeur, on disait la même chose. Et dans 50 ans, les politiciens diront encore la même chose.

Claude Frégeau, Sherbrooke

Pas de solution simple

Oui, je crois que l’avenir du français est menacé au Québec. Et les solutions ne seront pas faciles à trouver et à mettre en place. Car avec la mondialisation des affaires et des entreprises, avec le développement du tourisme international, les employeurs ont besoin d’employés bilingues, voire multilingues. Mais on doit rester fiers de notre langue et la protéger. L’apprendre et l’utiliser partout, correctement. Franciser les immigrants qui veulent vivre au Québec. C’est ce qui nous différencie en cette Amérique anglophone.

Jacynthe Dancause, Québec

Bilinguisme forcé

Avec tous les films disponibles seulement en anglais sur la majorité des services de streaming, je suis en train de devenir bilingue ! Le français au Québec est en danger et disparaîtra un jour. C’est bien navrant.

Guy Fortier

Pas la bonne personne

Effectivement, je crois qu’il faut se préoccuper de la situation. Malheureusement, le ministre Simon Jolin-Barrette ne me semble pas la bonne personne pour piloter ce dossier. L’équilibre linguistique à Montréal est complexe, demande une bonne compréhension de la situation et de la souplesse. Dans le dossier de l’immigration, M. Jolin-Barrette n’a pas démontré ces qualités. Il m’est alors apparu une personne plutôt dogmatique, encline à appliquer des mesures uniquement coercitives. De plus, venant de Québec, je doute qu’il perçoive bien la réalité montréalaise.

Jean Landry, Brossard

Pour le multilinguisme

Ce qui est préoccupant, c’est qu’on en soit à exiger encore une fois la protection de la langue française. Un vieux réflexe identitaire en temps incertains. Que certains s’en prennent à la situation de Montréal relève de la chimère. Montréal est une ville internationale et elle est bien de son temps. Encourageons le multilinguisme dans la cité, tout en demeurant fiers de notre langue.

Robert Marcoux

La réalité, en Outaouais

Je suis très préoccupé en Outaouais par la migration des anglophones ontariens qui viennent s’installer au Québec tout en continuant à demeurer inflexibles quant à leur désir d’apprendre le français. Que ce soit à la SAQ, chez Métro, au terrain de golf ou à la quincaillerie du coin, l’anglais est de plus en plus présent, sans aucune indication que des efforts sont faits pour s’intégrer à la majorité francophone, qui rétrécit à vue d’œil (ou plutôt à vue d’oreille). Naturellement, ils exigent des écoles anglaises et tiennent pour acquis qu’on les servira dans leur langue. Tout un contraste avec les services que nous recevons à Ottawa.

Claude Constant

Un problème montréalais ?

Aucune constatation que le français est en danger dans notre région. Pour avoir visité dernièrement plusieurs régions du Québec, même constatation. Le français se porte très bien. Le problème est peut-être essentiellement montréalais ! La généralisation est peut-être politique ?

Jacques Lavigueur

Ça s’entend

En marchant dans les rues de Montréal et l’espace public, vous n’avez qu’à tendre l’oreille pour prendre conscience rapidement que le français se fait de plus en plus rare. Dans les commerces, les restaurants et les bars, il est devenu fréquent d’être confronté à l’utilisation de l’anglais comme langue de service. La grande région métropolitaine fait contraste avec le Québec des régions. L’application de la loi 101 n’a pas de mordant dans la métropole. Inutile de revoir la loi, il faut d’abord s’assurer d’avoir les bons outils pour gérer son application, principalement à Montréal, où elle fait carrément défaut.

Daniel Vézeau