L’éditorial de François Cardinal, « Soyons honnêtes, le Québec l’a cherché… », publié le 30 novembre, a suscité de nombreuses réactions dont voici une sélection.

Respecter les enfants

L’idée, ce n’est pas de faire simple, mais de respecter le droit des enfants d’avoir la paix.

— Alain Lavallée

Qu’on m’explique

La Loi sur la laïcité de l’État interdit le port de signes religieux pour les employés de l’État qui sont en position d’autorité. Le chef du NPD, qui porte un turban, peut devenir un jour premier ministre du Canada ; il est donc un employé de l’État en position d’autorité.

Pourquoi le chef du NPD peut devenir premier ministre du Canada, mais ne peut devenir enseignant, policier, juge ou agent des services correctionnels au Québec ? J’aimerais qu’on m’explique.

— Pierre Gagné

Opposition prévisible

Quel plaisir de lire le courageux et très honnête éditorial de François Cardinal. Enfin, quelqu’un qui ose dire ce que feignent d’ignorer tant de commentateurs.

Au Québec, on a modifié une loi quasi constitutionnelle pour diminuer les droits de certaines personnes (surtout des femmes, bien sûr) en utilisant le bâillon… et en s’assurant (?) que cette diminution des droits ne puisse passer le test des tribunaux.

La majorité le veut et c’est comme ça qu’on vit au Québec, se contentait-on de répéter en très haut lieu. Et les flatteurs d’applaudir. Quel étonnement de voir tant de bien-pensants surpris d’une opposition tout à fait prévisible, peut-être même recherchée !

— Benoit Lauzière

L’objectivité scientifique

Le programme d’enseignement des sciences inclut le principe d’évolution des espèces introduit par Darwin. L’évolution biochimique de la matière sans intervention divine est incluse dans ce principe. Un catholique, un juif ou un musulman profondément croyant ne peut « croire » en cet aspect de la science qui contrevient avec sa foi. Femme ou homme fervent croyant n’abordera jamais cet aspect de la science.

Le dilemme entre croire que Dieu est le seul responsable de l’apparition des espèces et accepter les données scientifiques qui appuient la théorie de Darwin au sujet de l’évolution des espèces appartient au citoyen ordinaire. En classe, l’enseignement des sciences ne peut passer par la lorgnette d’une religion, quelle qu’elle soit. Si l’enseignant s’attache à des signes religieux extérieurs, comment pourra-t-il présenter de façon objective et scientifique la théorie biochimique de l’apparition de la vie ?

— Monique Marion, enseignante retraitée

Nos aspirations légitimes

Enfin, le Québec a cherché et trouvé un gouvernement qui affirme avec force et courage son identité distincte : économie énergétique hydraulique massive et exportable, l’or bleu de l’avenir environnementaliste planétaire, francophilie fièrement affichée et rationalisme scientifique laïque des instances publiques et éducatives loin des obscurantismes de tout acabit.

Il est certain que l’affirmation nationaliste de cette créative et enrichissante distinction s’inscrit en faux en regard de l’idéologie multiculturaliste politique et juridique ainsi que des velléités propétrolières pancanadiennes, et provoque une grande hostilité fort révélatrice des autres provinces par l’entremise des médias élitistes anglo-saxons.

Ces réactions moralisatrices, dénigrantes et hypocrites face au nouveau Québec viennent valider en fait notre ferme volonté de ne plus être soumis à des valeurs étrangères et nous développer pleinement selon nos aspirations légitimes.

Il nous reste à solliciter toutes ces femmes musulmanes progressistes qui ont vécu l’oppression du voile à venir enseigner librement au Québec, à l’abri de tout prosélytisme endoctrinant.

— Alain Dupuis

Un nouvel angle

Vous mettez en lumière un nouvel angle sur lequel je n’avais vraiment pas réfléchi au sujet de la laïcité telle que prônée par la CAQ.

Comme vous, je ne vois pas l’intérêt d’étendre cette loi aux enseignants avec pour unique argument le « gros bon sens », les gens de ma génération éduqués par les congrégations religieuses ayant très bien réussi à s’affranchir de leur prosélytisme.

La politique est-elle vraiment aussi crasse ? Ce serait vraiment désolant, mais je vous remercie de me forcer à réfléchir.

— Denise Guilbert

Tellement d’accord

Je suis convaincu qu’un sondage aurait confirmé une vaste majorité de Québécois en accord avec l’application de cette loi « en dehors du milieu de l’enseignement ». De retour à la proposition Bouchard-Taylor d’origine, dûment réfléchie et documentée.

— Maurice J.P. Piché

État laïc

Les Québécois veulent un État laïc pour tous dans l’espace public. Ce que vous proposez, c’est d’acheter la paix, ce que le gouvernement a fait avec une clause grand-père.

— Alain Brochu, Québec

Une loi modérée

Ça aurait été si facile de ne rien faire comme le gouvernement précédent. Ou de ne faire que le minimum pour ne mécontenter personne. Mais notre bon gouvernement a fait ce que nous attendions de lui. Une loi modérée. Nous l’en félicitons et le soutiendrons.

— Denise Fortin

Le bon sens a pris le champ

Les enseignants sont précisément en position d’autorité (notes, punitions, etc.).

Ils doivent être les premiers visés par l’obligation de laïcité, puisqu’ils ont de jeunes cerveaux influençables entre les mains.

— Ginette Cormier

Les enseignants n’influencent pas les élèves ?

Vous faites preuve de mauvaise foi et comme plusieurs qui pensent comme vous, vous jetez consciemment ou non de l’huile sur le feu.

La partie enseignante de la Loi est la plus importante ; vous n’avez pas vécu la période où la presque totalité des enseignants étaient des frères ou des sœurs en habit. Moi, je l’ai vécue. L’influence que ce costume avait sur moi et mes comparses m’a habitée durant toute ma période étudiante.

Je voulais absolument devenir un prêtre ou un frère, être heureux comme eux et, à la fin, aller au Paradis.

Donc, quand on invoque la non-influence des enseignants sur l’évolution des élèves, ça vient me chercher profondément.

— Richard Blain

Oui, l’enseignant représente l’autorité de l’État

Si je suis bien votre logique, tout irait bien, Madame la Marquise, si on enlevait les enseignants de la loi sur la laïcité et on leur permettait de porter des signes religieux durant leur travail à l’école. L’enseignant ne représente pas l’autorité coercitive de l’État et devrait être exclu de cette réglementation.

J’espère que vous ne remettez pas en question l’autorité de l’enseignant. L’enseignant est le représentant de l’État et est employé d’un État qui se dit laïque. Par conséquent, un enseignant, parce qu’il ne peut arrêter, incarcérer ou appliquer des lois, devrait être exclu de cette loi.

Un enseignant qui impose des sanctions à un élève, qui peut faire échouer un élève est un représentant de l’État qui impose des lois au nom de cet État. Il représente l’autorité de l’État, ne vous en déplaise.

Comment réagiriez-vous si un enseignant rentrait en classe avec un t-shirt arborant le slogan « Dieu n’existe pas » ? Lui permettriez-vous d’enseigner à des enfants de 6 ans ?

— Richard Champagne retraité, LaSalle