La réforme du Programme de l’expérience québécoise annoncée par le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Simon Jolin-Barrette, a généré un important courrier. Voici un aperçu des courriels reçus.

Inacceptable

Je suis outrée et je ne nous reconnais en rien dans ce retournement et cette trahison de promesses pourtant « sacrées » ! Le gouvernement Legault, toujours hanté par l’obsession du changement au détriment de la réflexion et, cette fois, du respect le plus élémentaire de l’honnêteté intellectuelle et sociale, sacrifiera des milliers de talents, mettra fin à des rêves, fera fi de sacrifices durement consentis, pourquoi au juste ? Pour gratifier les uns au mépris des autres et nier l’importance de tous les apprentissages, quels qu’ils soient. Puissent tous les Québécois conscients de l’importance de cette immigration de choix ainsi que tous les intervenants de quelque influence se lever pour combattre cette décision totalement inacceptable. 

— Francine Montpetit

Un privilège

Ceux qui étudient dans des domaines où les emplois sont disponibles doivent être fortement encouragés et soutenus. Les autres ne font que s’ajouter à une longue liste de gens qui nous coûteront davantage qu’ils ne rapportent. N’oublions pas que l’accès à la citoyenneté n’est pas un droit, mais un privilège. Accordons une « clause grand-père » à ceux déjà ici.

— René Rochon

Le fond de l’histoire

Les milliers de diplômés étrangers formés ici occuperaient-ils l’espace de milliers d’étudiants venant de partout au Québec ? Ceux-ci bénéficieraient-ils d’une sélection universitaire discriminatoire pour les Québécois de souche ? Faites une analyse afin de vérifier combien de cégépiens diplômés d’ici se sont vu refuser l’accès à différents programmes de second cycle en raison d’un manque de place. Allez au fond de l’histoire !

— Michèle Amiot

Émotivité et désinformation

Chaque fois que le gouvernement Legault entame des changements dans les systèmes pour les améliorer conformément aux besoins du Québec, que ce soit la loi 21, la loi sur les taxis, la loi en élaboration sur le remplacement des commissions scolaires, les ajustements concernant le Fonds vert et la Régie de l’énergie, au-delà des critiques constructives normales, on voit apparaître de puissantes forces d’inertie, de statu quo, de résistance au changement souvent au nom de la protection des intérêts corporatifs des groupes impliqués.

Dans ce cas-ci concernant le programme PEQ, il y a encore une levée de boucliers assortie de son lot d’émotivité et de désinformation. Le premier ministre Legault, qui met en valeur l’éducation et les emplois payants, a pourtant signifié qu’il n’était pas question de se priver des étudiants en intelligence artificielle ni de tout autre arrimage avec les besoins du milieu du travail. Il y aura des ajustements pertinents, mais toujours difficilement reconnus et appréciés. Au fait, qui a dit merci pour la « clause grand-père » assortie à la loi 21 ?

— Alain Dupuis

Sa pire décision

C’est la pire décision du gouvernement de M. Legault. Ces étudiants sont des migrants de qualité qui après des études vont occuper des emplois bien rémunérés et donc contribuer à la société québécoise. De plus, ils parlent français. Si vraiment le gouvernement veut faire un si mauvais changement, ce qui est déjà fait, il aurait au moins dû y aller en mesure de transition et ne pas y aller rétroactivement. Ce n’est pas respecter les gens qui ont pris des décisions importantes pour leur vie et celle de leur famille en venant s’établir ici avec cette mesure qui était en vigueur et qui leur donnait un espoir d’être admis et de travailler ici. On ne peut pas changer une règle aussi importante sans respecter les gens. On voit bien ici que cette nouvelle mesure n’a pas pris en compte les opinions des gens des universités comme les recteurs et d’autres opinions. Je ne vois aucun avantage à cette nouvelle mesure. Je suis très déçue du gouvernement.

— Nicole Lortie

Se tirer dans le pied

Bien honnêtement, je considère que c’est se tirer dans le pied de se priver de ses diplômés. Il faut revenir en arrière et accélérer le processus pour accueillir ces étudiants formés au Québec ! 

— Claude Marcil, Montréal

Difficile à comprendre

Il est regrettable de voir que des façons de faire qui fonctionnent pour le bien de tous sont remises en question ou abolies pour je ne sais quelle raison, ce qui est déplorable pour les étudiants qui sont certainement de bonne foi et veulent se créer un avenir dans un environnement idéal. Difficile à comprendre.

— Roger Brien

Malaise

J’aime bien le gouvernement caquiste dans plusieurs dossiers, mais là, j’ai un très grand malaise. Nous avons besoin de ces immigrants déjà bien intégrés, mais en plus, nous devons respecter notre parole envers eux. S’il change les règles en cours de route en immigration, qui dit qu’il ne les changera pas en économie, en éducation, en santé, etc. Une perte de confiance s’installe envers ce gouvernement.

— Francine Desjardins

Ridicule

Totalement ridicule. On se prive de talents éduqués ici et qui se sont acclimatés à notre petit coin de pays. Il n’y a aucun étudiant qui vient ici de l’étranger pour apprendre à faire un métier comme éboueur ou col bleu. Ce sont pas mal tous des gens engagés dans leurs processus et de ce fait, engagés dans leur nouveau pays. Cela fait l’effet d’une claque sur la gueule.

— Yvan Mercure

Un formidable outil d’intégration

Le succès de l’immigration passe par l’intégration. Il me semble que le PEQ est un outil formidable d’intégration. Un manque aussi flagrant de sensibilité du gouvernement à l’endroit de personnes qui ont tant investi sur les plans humain et financier est honteux. Quel message d’ouverture et d’accueil envoie-t-on du Québec à l’étranger avec une telle politique ?

— Denis Théberge

Arrogance et rigidité

Je vois dans ce jeune ministre la même arrogance, la même rigidité, le même manque de cœur que chez l’ancien ministre Gaétan Barrette. Et j’en suis vraiment désolé pour tous ces gens qui vont souffrir encore une fois de l’imbécillité humaine. C’est tellement injuste…

— Christiane Leclair

De l’entêtement

La CAQ a là une opportunité en or de montrer qu’elle est progressiste. Je suis sidéré de voir un tel entêtement de la part de ce ministre. Depuis quand changer les règles rétroactivement est-il démocratique ? Jusqu’à maintenant, le gouvernement de la CAQ gouverne plutôt bien, il devrait continuer. J’ai mal à mon Québec quand je constate un tel entêtement. Je pense sincèrement que la population souhaite que le PEQ soit remis en force. Il me semble y avoir un tel besoin de gens qualifiés que ce serait pure folie que de s’entêter dans une telle voie. Essayons le gros bon sens…

— Pierre Trépanier

Le talon d’Achille du gouvernement

On ne peut se permettre de perdre ces futurs citoyens du Québec. De plus en plus, le dossier de l’immigration semble le talon d’Achille du gouvernement Legault. Comment cette réforme s’insère-t-ellle dans le slogan de la CAQ lors de la campagne électorale, « moins d’immigrants mais mieux formés », si après trois ans ou plus de formation dans nos institutions d’enseignement, on ne les considère pas comme tels ? Québec (Houston), nous avons un problème.

— Denis Huard

Mal comprendre les régions

Plusieurs décisions prises trop rapidement. Improvisation et recul constant. Décisions prises par un gouvernement qui semble ne rien connaître et comprendre des régions.

— Jean-Guy Brassard

Tragique

Incompréhensible et inacceptable. Une tragédie pour nous et des gens qui viennent d’ailleurs pour se développer ici et contribuer visiblement au développement collectif. Un grand pas en arrière.

— Michel Damphousse

Gardons nos cerveaux !

Monsieur le Ministre, nous vous écrivons aujourd’hui en réaction à la récente réforme de l’immigration qui cible les étudiants et travailleurs temporaires étrangers, que nous considérons comme fermée, réfractaire et déconnectée de la réalité québécoise.

En 2010, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a été créé pour permettre aux étudiants diplômés et aux travailleurs temporaires étrangers d’obtenir en moins d’un mois le Certificat de sélection du Québec (CSQ), première étape vers la résidence permanente et la poursuite d’une carrière au Québec. En juillet 2019, votre gouvernement a suspendu ce programme. Le vendredi 1er novembre dernier, vous avez levé cette suspension pour annoncer une version restreinte et sélective du PEQ : désormais, seuls les étudiants et travailleurs temporaires œuvrant dans des domaines précis pourront se qualifier.

Comme fières Québécoises que vous pourriez considérer comme « de souche », plusieurs éléments de votre réforme nous dérangent. D’abord, en appliquant ces changements à toutes les demandes, sans distinction des démarches préalablement entamées, vous faites preuve d’un manque de considération flagrant. Changer les règles en cours de route, ce n’est pas bon joueur.

Les centaines d’étudiants et travailleurs temporaires qui s’apprêtaient à s’inscrire au PEQ voient soudainement leurs plans, leurs vies et leurs carrières complètement bouleversés.

Les étudiants et travailleurs temporaires étrangers contribuent grandement à notre société. Toutes ces personnes, par la diversité de leurs origines et de leurs expertises, s’additionnent aux talents d’ici pour favoriser l’innovation, propulser notre économie et contribuer à notre compétitivité. Comme biochimistes œuvrant en recherche académique, milieu nécessitant la collaboration internationale s’il en est un, nous sommes à même de le constater au quotidien.

En plus d’entacher notre réputation à l’international et de décourager certaines personnes de venir s’installer ici, votre réforme en poussera probablement plusieurs à quitter le Québec pour d’autres provinces, voire d’autres pays. Si tel est le cas, cela constituerait un exode malheureux de cerveaux et de main-d’œuvre qualifiée en ces temps de pénurie.

Manque de vision

De plus, cette mesure rendra la tâche difficile pour les universités québécoises, qui ne peuvent pas se priver des étudiants étrangers actuellement inscrits dans leurs programmes. Par ailleurs, cibler certains domaines constitue un manque de vision à long terme.

Qui sait de quelles expertises nous aurons besoin dans cinq, dix ans ? Le marché du travail évolue rapidement et se fluidifie constamment.

Les parcours atypiques, multidisciplinaires, sont maintenant monnaie courante : un biologiste de formation peut faire carrière dans le journalisme ; un ingénieur, dans la gestion municipale. Votre modification de l’accès au PEQ ne constitue clairement pas une solution en phase avec le Québec de 2019.

Faisant écho aux inquiétudes du milieu universitaire, nous prenons la parole aujourd’hui en tant que Québécoises qui ne se reconnaissent pas dans votre réforme de l’immigration. Notre nationalisme ne doit pas en être un de fermeture et de protectionnisme. Nous avons tout à gagner à nous ouvrir aux autres. N’oublions pas que les étudiants et travailleurs temporaires étrangers font déjà le choix du Québec. Ils habitent ici, apprennent notre langue, consomment notre culture. Certains ont trouvé un conjoint, fondent une famille ici ; ils s’enracinent et deviennent des ambassadeurs du Québec. Ces « étrangers » font désormais partie du « nous » québécois. Qui plus est, nous bénéficions tous de cette mixité culturelle. Telle est l’essence du Québec.

Pour Audrey, Jack, Thomas, Nandita, Virginie, Marine, Céline, Amogh et Amandine, pour nos amis et nombreux collègues, veuillez, s’il vous plaît, Monsieur le Ministre, entendre notre cri du cœur et lever vos restrictions sur l’accès au PEQ.

— Myreille Larouche, étudiante au doctorat en biochimie et Eugénie Goupil, chercheuse postdoctorale à l’Université de Montréal