Le texte de dimanche dernier des enseignants au secondaire Jean-François Gaumond et Marie Forcier, « Le prix de l’ignorance », n’a pas manqué de faire réagir. Voici un aperçu des commentaires reçus. 

À travail égal...

Après avoir enseigné durant plus de 30 années consécutives, je ne peux que soutenir le discours des enseignantes sous-payées. On nous martelait dans les années 70 le slogan « À travail égal, salaire égal ». Quelle ironie ! Lise Payette nous exhortait à nous battre pour une équité salariale et nous marchions pour ce droit. Aujourd’hui, que de la hargne pour notre métier aux conditions de travail précaires. Demande-t-on à un médecin, à un avocat ou à un ingénieur s’il a la vocation ? Leur exige-t-on de se perfectionner année après année ? Un dentiste ou un plombier fournissent-ils des heures supplémentaires sans rémunération ? Font-ils preuve de plus d’imagination qu’une enseignante multidisciplinaire ? Leur regard en dit long lorsqu’ils nous confient leur enfant pour que nous l’amenions vers la réussite éducative 100 % garantie. Et nous acceptons le mandat sans rechigner, un jour à la fois, année après année. Bravo à toutes les enseignantes qui relèvent le défi de créer une société plus juste et équitable.

— Michèle Amiot

Ce n’est pas du bénévolat

Plus capable d’entendre les enseignants se plaindre qu’ils font du bénévolat le soir et les fins de semaine ! Que ce soit au primaire ou au secondaire, l’école de mes enfants se vidait dès que la cloche sonnait en après-midi. Élèves et profs partaient. Seuls les employés administratifs restaient. Si les enseignants restaient à l’école pour y travailler jusqu’à 16 h ou 16 h 30 ou 17 h, ils n’auraient pas à faire du bénévolat le soir chez eux ! Moi aussi, si je quitte mon bureau à 15 h, je devrai travailler à la maison pour finir mes dossiers ! Le vrai problème, ce n’est pas le salaire. Le vrai problème, c’est le manque de ressources, le manque de professionnels pour alléger la tâche des profs. À voir les revendications des profs, j’ai juste l’impression qu’ils aimeraient mieux avoir 15 000 $ de plus par année que d’avoir de l’aide. Et surprise ! Quand ils auront leurs 15 000 $ de plus, ils continueront à chialer qu’ils font du bénévolat et que les enfants sont difficiles.

— Nancy Côté

Soutenons-les

Les enseignantes et les enseignants sont les personnes à qui nous confions nos enfants, les adultes de demain. Le gouvernement doit absolument soutenir ces femmes et ces hommes si importants pour nos familles et pour la société de demain.

— Hélène Courtemanche

Des vacances chèrement payées

Il faut également savoir que non seulement les enseignantes ne sont en réalité payées que pour 10 mois travaillés sur 12 mois, mais que, contrairement à l’ensemble des travailleurs du Québec, elles ne reçoivent et ne recevront jamais le 4 % que tout salarié obtient annuellement pour ses vacances de son employeur. Les enseignantes paient leurs vacances en triple ! Il s’agit de la seule profession où les conditions de travail sont si peu avantageuses en regard de ce qu’elle exige…

— Marie-José Girouard, enseignante depuis 26 ans

Pas les seules à travailler fort

SVP, arrêtez de nous faire pleurer avec vos pseudo-arguments farcis de faussetés. D’abord et avant tout, vous avez un salaire annuel qui vous est versé, selon votre choix, sur 10 mois ou sur 12 mois pour accommoder vos budgets individuels. Vous induisez sciemment le public en erreur en clamant que votre paye mensuelle est étirée de façon injuste. Ensuite, vous pleurnichez sur les activités non rémunérées, que vous désignez comme du bénévolat, en pensant que vous êtes les seules à le faire. Oui, messieurs-dames, les ingénieurs, les comptables et les avocats font des heures supplémentaires, restent tard au bureau, apportent du travail à terminer à la maison sans nécessairement pleurnicher. Vous n’avez pas l’apanage du travail assidu. Certes, vos conditions de travail peuvent être améliorées, de même que vos compétences, mais des arguments honnêtes et crédibles vous ferons parcourir plus de chemin que des apitoiements sans fondement.

— Michel Kayal

Lourdes tâches

Je suis comptable de sexe masculin et je dois travailler certains soirs et certaines fins de semaine « bénévolement », c’est-à-dire sans rémunération additionnelle, pour parvenir à joindre les deux bouts qu’exige ma tâche. À ma connaissance, cette pratique existe dans plusieurs professions. Les organisations sont en réorganisation perpétuelle et cherchent à couper dans tous les domaines.

— Marc Therrien

Pas nécessaire de se poser en victimes

Je pense que le corps enseignant du Québec aurait intérêt à négocier une convention collective en se basant sur ses valeurs et qualités réelles, surtout qu’il a beaucoup de bons arguments en sa faveur. Le gouvernement et la population sont aujourd’hui réceptifs à l’obtention de conditions de travail favorables négociées de bonne foi, mais en se posant comme des éternelles victimes (souvent la façon d’entreprendre les négociations publiques au Québec), plusieurs membres du corps enseignant ne font que détourner l’attention de l’objectif premier. De plus, l’opinion publique se lassera rapidement de cette façon de faire.

— Marcel Marcoux

À la minute près

Mauvais exemple de prendre les comptables et les avocats pour mentionner qu’ils ne font pas d’heures supplémentaires sans rémunération additionnelle. Je crois que le problème avec la tâche enseignante est justement le calcul à la minute près pour chaque participation à un comité, aux périodes de récupération, à la surveillance, etc., et de vouloir à tout prix séparer les heures de la tâche en présence d’élèves et sans présence d’élèves. C’est très contraignant, cette façon de faire l’horaire d’un enseignant.

— Anaïs Lacasse

Des arguments pour vous

Un conseil : cessez de vous comparer au reste du Canada. La classe médicale vous a volé le « pouvoir de négociation ». Bon, cela étant dit… voici les principaux vecteurs sur lesquels vous devez développer votre argumentaire syndical : la société québécoise vous rend responsables de tâches familiales autrefois du ressort des mamans au foyer (attention, je ne porte aucun jugement, l’économiste Pierre Fortin viendra me noyer de statistiques positives) ; chaque jour, les journalistes documentent des problématiques de jeunes que les parents ont reléguées aux enseignants ; demandez à l’IRIS d’évaluer les coûts socio-économiques du décrochage scolaire, vous disposerez de données surévaluées, mais ce sera un bon début ; posez la question suivante au gouvernement : au Québec, les coûts de l’éducation sont les plus faibles au Canada, alors pourquoi avons-nous le plus faible taux de fréquentation universitaire au pays ? En cette période axée sur l’intelligence artificielle, il faudrait investir massivement en éducation primaire et secondaire.

Il faut délaisser les clichés classiques que vous semblez prompts à utiliser.

— Pierre Boucher, économiste, Saint-Zotique

Soirs et fins de semaine

Demande-t-on aux ingénieurs, aux comptables et aux avocats ou à tout autre membre d’une profession historiquement masculine de travailler bénévolement les soirs et la fin de semaine ? Oui, et bien plus que les enseignants ne pourraient l’imaginer !

— Ghislain Beaupré

Des demandes déraisonnables

Comme les médecins, vous abusez des Québécois. C’était à prévoir, les syndicats préparaient ces demandes depuis des mois, en parlant constamment de la vie professionnelle misérable des enseignants, situation quant à moi grandement exagérée. Les gens ne veulent plus travailler, ils ne pensent qu’aux loisirs ! On devait s’attendre à des demandes irrationnelles et déraisonnables. Et voilà, la paix sociale sera de nouveau bafouée au Québec par les syndicats. Il n’y a rien de nouveau.

— Jean-Pierre Péloquin, Brossard

Pour une rémunération adaptée

Je connais beaucoup de professionnels qui travaillent 60 heures par semaine sans compensation salariale, 48 semaines par année. Et de nombreux travailleurs autonomes, diplômés ou non, qui en font 80 pour un salaire moindre. Et je connais beaucoup d’enseignants qui n’ont pas une tâche si lourde, en fonction de la matière qu’ils enseignent, alors que d’autres sont surchargés, en français particulièrement. Une rémunération adaptée serait probablement plus adéquate qu’une augmentation globale à tous.

— Serge Harvey

Fausses distinctions

On opposera toujours l’idée que les enseignants ont deux mois de vacances par année, or ces vacances ne sont pas payées et constituent des congés sans solde. Beaucoup de professionnels bénéficient de vacances payées et de congés sans solde qu’ils prennent à leur guise et quand bon leur semble. Cessons de faire des distinctions là où il n’y en a pas.

— Christian Castonguay, Laval

En reprendre aux médecins

Je ne connais pas vraiment le salaire des enseignants. Est-il comparable avec celui des infirmières et des professions à éducation égale ? C’est ce qu’il faut voir. On ne peut comparer avec les autres provinces, car le coût de la vie y est différent. On a trop donné aux médecins. Peut-être faudra-t-il geler leurs salaires pour les prochaines années et le répartir aux autres professions ? Ce serait plus équitable.

— Francine Sauvé