Vous avez été nombreux à commenter la lettre d’Ilona Flutsztejn-Gruda, « J’attends impatiemment un médecin de famille », publiée dimanche.

Je fais quoi ?

Je suis déménagé de Montréal à Saguenay il y a 14 mois et j’attends toujours d’avoir un médecin de famille. On me dit : 569 jours. Non seulement le chiffre ne baisse pas, mais il augmente ! Entre-temps, je fais quoi ? J’encombre les salles d’urgence ?

— Michel Villeneuve

Je perds espoir

Je me suis inscrite au guichet central une première fois en 2013 et une deuxième fois en 2017 et j’attends toujours un médecin de famille.

Durant toutes ces années, j’ai eu des infections urinaires, une chondrocalcinose aux genoux, des bursites et une tendinite à l’épaule, en plus de visites dans une clinique privée pour des examens annuels.

Je ne compte plus l’argent que je dois dépenser pour me faire soigner. Quand je lis qu’une personne âgée de 88 ans, considérée comme « priorité 1 », ne peut trouver un médecin de famille, qu’un médecin qui prend sa retraite ne fait pas un transfert systématique du dossier vers un autre médecin, je perds tout espoir d’avoir un jour un médecin de famille.

— Lise Beauchemin

Assurer le suivi

Si un notaire quitte sa pratique, il doit s’assurer qu’un autre notaire assure le suivi de son étude. Pourquoi un médecin qui prend sa retraite n’a-t-il pas l’obligation d’assurer la suite de sa pratique ? Après tout, ce sont des humains, pas de la paperasse ! Cela impliquerait une concurrence entre médecins qui, finalement, ne serait peut-être pas si mauvaise ! Qu’en pensez-vous ?

— Denise Martel

Ils ne se présentent pas

Je travaille dans un GMF et, pour le mois de juin seulement, 98 patients du Guichet d’accès aux médecins de famille ne se sont pas présentés à leur premier rendez-vous de prise en charge, voilà.

— Ginette Marceau

Et les « super-infirmières » ?

Cette situation est grotesque. Plusieurs sont dans le même cas et j’en suis. Pourquoi ne pas accélérer l’entrée en fonction de « super-infirmières » ? J’ai perdu mon médecin de famille et je dois attendre, « selon les prévisions au guichet unique », 524 jours pour espérer avoir un médecin… alors qu’une infirmière pourrait faire un suivi de mes maladies (thyroïdienne et cholestérol) facilement. J’aurais une plus grande quiétude si je savais que quelqu’un peut me suivre.

— Claude Phaneuf, Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier

Nous avons l’internet haute vitesse…

Si on en est à considérer la haute vitesse comme un service essentiel, recevoir les soins de santé que nous payons déjà ne devrait-il pas en être un également ? Je travaille dans ce milieu et ce qui me saute aux yeux, c’est que le système de santé québécois a depuis longtemps oublié sa raison d’être.

— Yves Roy

Mourir avant d’avoir un médecin

Même situation pour mon père, qui est inscrit sur la liste d’attente depuis plus de deux ans. À 87 ans, il a plusieurs problèmes de santé nécessitant des ajustements de médicaments. On m’informe qu’à moins d’être atteint d’un cancer nécessitant des traitements de chimiothérapie, il ne sera pas considéré comme prioritaire. Incroyable ! Mon père me répète souvent qu’on lui accordera un médecin lorsqu’il n’en aura plus besoin. Qu’à son âge, on n’a qu’à attendre qu’il meure, ce qui contribuera à réduire la liste d’attente.

— Yves Lemieux

Un problème à régler

La lettre d’Ilona Flutsztejn-Gruda peint l’image de notre système de santé malade. Ma femme et moi sommes dans une situation semblable : atteints de maladies chroniques et sans médecin de famille depuis plus de deux ans.

Le Québec a vu passer de nombreux ministres de la Santé de toutes les formations politiques, et qui, malgré leurs efforts, n’ont pas réussi à régler les problèmes. Qu’est-ce qui ne va pas dans ce système qui accapare environ 40 % du budget ? Y a-t-il des forces qui cherchent leurs intérêts personnels au détriment de ceux de la communauté ? 

Madame la Ministre, vous avez un énorme problème entre les mains et je souhaite que vous ayez le courage de le régler une fois pour toutes.

— René Dionne, Longueuil

On en a marre

Je suis révoltée de ce que je lis. Dans quel pays sommes-nous pour ne pas pouvoir assigner un médecin de famille à toute personne qui en veut un ? Surtout aux personnes âgées comme cette dame. Il me semble que ce n’est pas bien difficile dans une médecine d’État comme la nôtre que d’assigner les patients aux médecins. Ce n’est pas à eux de décider combien de patients ils vont prendre, mais plutôt au gouvernement, et pas avec des incitatifs financiers. Madame McCann, agissez ! Ça presse. On en a marre.

— Louise Savoie

Comme à l’école primaire

Dix mois d’attente pour une personne qui est classée catégorie 1 et qui n’a toujours pas de médecin de famille. Combien de temps doivent donc attendre les personnes classées 2, 3 ou 4 ? Avec un guichet unique, on se retrouve avec un système très discriminatoire. Non seulement le délai d’attente est excessivement long, mais ce n’est pas premier arrivé, premier servi. Superbe privilège qu’ont les médecins de pouvoir dire « toi, je te veux, mais toi, je ne te veux pas ». J’ai comme l’impression de me retrouver au primaire devant les deux capitaines d’équipes de ballon-chasseur choisissant leurs joueurs.

— Pierre Desforges

Plus de chance à la loto

Je vous comprends et je suis sûr que vous trouverez sous peu un médecin de famille. En effet, le ministère de la Santé a tendance à bouger quand on sensibilise l’opinion publique. Même s’ils font la promesse lors des élections que dans un temps X nous aurons tous un médecin de famille, cela demeure une promesse. Et si vous avez un médecin sous peu, prenez aussi un billet de loto, car vous aurez sûrement plus de chance à cette loterie. Bonne chance dans votre quête !

— Michel Demers

Contraints de refuser de nouveaux patients

Comme je comprends la situation de Mme Flutsztejn-Gruda ! Étant moi-même médecin de famille entamant sa 36e année de pratique, je peux témoigner, étant donné que j’entends souvent ce type de commentaires. 

Cette situation est d’autant plus choquante que je connais personnellement plusieurs jeunes médecins de famille qui, n’ayant pas obtenu de PREM (plans régionaux d’effectifs médicaux) dans la région où le champ de pratique souhaité, retardent le début de leur pratique ou vont carrément pratiquer hors du Québec.

Les PREM sont comptabilisés et attribués selon des règles administratives souvent difficiles à comprendre par le Ministère et le département régional de médecine générale de chaque région administrative.

Je travaille dans un groupe de médecine de famille (GMF) d’une banlieue de Montréal en pleine expansion démographique qui attire plusieurs retraités. Nous avons reçu plusieurs jeunes médecins résidents prêts à travailler dans notre GMF, mais faute de PREM, ils n’ont pu se joindre à nous.

Pendant ce temps, il n’y a pas une journée où nous ne nous voyons pas contraints de refuser de nouveaux patients comme Mme Gruda.

— Suzanne Villeneuve, médecin