Une majorité de lecteurs souhaitent être consultés… et veulent que les enjeux de la réforme soient mieux expliqués. Un aperçu des réponses à notre appel à tous d’hier.

Pour la tenue d’un référendum

Une question fondamentale

On lit souvent que la majorité de la population est en faveur d’une réforme du mode de scrutin. Pas certain que tous comprennent ce que cela implique. Un débat sur la question suivi d’un référendum nous donnerait l’heure juste sur une question fondamentale de notre système politique. 

— Pierre David, Gatineau

Sonder la population

Il est essentiel de tenir un référendum sur un changement du mode de scrutin, et ce référendum devrait être tenu en même temps que les prochaines élections.

M. Legault clame que c’était dans son programme et qu’il a été élu majoritairement, mais il oublie deux choses : premièrement, il n’a obtenu que 37 % des votes et, deuxièmement, beaucoup ont voté pour la CAQ afin de se débarrasser des libéraux. Je trouve aussi étonnant que le gouvernement ne cesse de nous dire que, selon les sondages, plus de 65 % des Québécois sont en faveur de la loi sur la laïcité, mais rien sur le mode de scrutin. Où sont les sondages sur un changement aussi important ?

— Réjean Durocher, Montréal

Que représente ce changement ?

Je suis pour un référendum, car l’enjeu est crucial. La CAQ représente 37 % de la population, donc il est impensable qu’une telle loi soit votée sans connaître l’avis de l’ensemble des Québécois. Aussi, la plupart des gens n’ont aucune idée de ce que représente ce changement. Il serait temps que les élus expliquent davantage ces enjeux.

— Francine Roy

Obligatoire

Je suis pour un référendum, surtout que ce projet changera le mode de scrutin, mais surtout, amènera au pouvoir des candidats placés sur une liste par qui ? On l’ignore. Chef de parti, ami du candidat, riche personne en recherche de pouvoir, lèche-bottes ou simplement une personne facile à manipuler, voilà l’imposition de candidatures que nous verrons apparaître.

Lorsqu’un électeur se déplace pour exprimer ses choix, celui-ci le fait consciemment pour voir son choix le représenter et décider pour lui des lois ou règlements à définir. Si des tiers partis ne prennent pas le pouvoir même après un taux de votes élevés, il faut analyser les délimitations des circonscriptions, la qualité des candidats, l’implication du personnel politique et, surtout, les années de gestion des partis politiques en lice. La tenue d’un référendum est obligatoire, car après tant de discussions, tout le monde politique est blanc, bleu, jaune, vert, sauf neutre !

— Diane Dufour Flynn

Un mot devenu tabou

Le Québec est vraiment une société distincte où le seul mot référendum est devenu tabou. Pourtant, un référendum est le geste le plus démocratique qu’un peuple puisse faire. Cela implique cependant que les gens soient informés, intéressés et se sentent concernés par le sujet. Il est là, le défi. Refuser un référendum, c’est laisser aux élus le soin de tout décider pour pouvoir ensuite leur reprocher leurs choix. Sur les sujets majeurs qui ont un impact sur le fonctionnement de notre société, je dis oui à un référendum.

— Johanne Brabant, Magog

Bien définir les enjeux

Je suis d’accord pour un référendum, pourvu que la question soit claire, c’est-à-dire que la proposition de vote proportionnel est bien définie, avec un échéancier précis et défini. 

De plus, il faut que tous les partis soient pleinement d’accord avec la question et ses conséquences. Je peux vous dire que je serai contre la proposition si le nombre de députés élus à la proportionnelle (députés libres) dépasse 20. On parle de 45 ; il ne faut tout de même pas donner une place disproportionnée aux députés de petits partis d’extrême droite et d’extrême gauche. Il y a trop d’exemples dans le monde démontrant que ce système ne fonctionne pas dans l’intérêt du peuple.

— Pierre Harrington, Mont-Saint-Hilaire

Des gouvernements de coalition

Je suis pour un référendum, car la décision prise est si importante en termes de chambardement de la carte électorale et du danger d’avoir régulièrement des gouvernements minoritaires qu’il faut absolument que la population puisse elle-même décider si elle est d’accord ou non avec cet important changement. Je ne désire pas qu’on soit comme en Italie, toujours en train d’avoir des gouvernements de coalition ou des élections à répétition.

— Pierre Hébert

Obtenir un consensus large

La CAQ a été élue pour gérer la politique de la province du Québec. Cependant, ce ne sont pas tous ceux qui ont voté pour ce parti qui sont pour ce changement du mode de scrutin ; même chose pour ceux qui ont voté pour d’autres partis politiques. Il serait donc sage de tenir un référendum sur ce projet pour obtenir un consensus large de la population, en tranchant une fois pour toutes.

— Gaétan Juneau

Contre la tenue d’un référendum

Pas plus de légitimité

Je suis contre la tenue d’un référendum, mais pour la réforme du mode de scrutin. Avant les dernières élections, les partis politiques se sont mis d’accord sur le besoin de réformer notre mode de scrutin et François Legault en a fait une promesse.

Puisque le Directeur général des élections dit qu’il serait impossible de le faire correctement pour les prochaines élections, François Legault doit tout mettre en place dès maintenant pour que ce changement ait lieu aux élections suivantes. Un référendum sur un enjeu aussi complexe à expliquer et auquel un faible pourcentage de la population participerait coûterait cher et n’apporterait pas plus de légitimité au changement proposé que s’il était débattu et adopté par nos élus.

— André Lebeau Montréal

Gouvernement, remplis ta promesse

Cela fait plus de 50 ans qu’on en parle. Il est temps de faire cette réforme électorale. Gouvernement, remplis ta promesse sans référendum et dès la prochaine élection pour une représentation plus juste du vote de chacun. Je n’ai connaissance d’aucun pays qui a regretté ce choix et qui voudrait revenir à l’ancienne et désuète méthode de votation.

— Laurent Dupire, Montréal

Procédons

Je suis contre un référendum. Je pense qu’il y a eu suffisamment de distorsion entre le vote des citoyens et la représentation des partis à l’Assemblée nationale sur plusieurs années pour justifier la réforme du mode de scrutin. Et il y a eu suffisamment de consultations et d’analyses faites au fil des ans pour justifier le changement maintenant. 

Finalement, comme tous les partis ont milité pour un changement au fil des ans et avec trois partis qui se sont engagés officiellement dans une réforme pendant la campagne électorale et qui ont obtenu plus de 70 % du vote de la population, c’est suffisant pour procéder. En procédant rapidement, il y aura suffisamment de temps pour bien expliquer le fonctionnement et les détails avant les prochaines élections.

— Sylvie Cantin

Le référendum, reflet des émotions devant l’urne

Il m’apparaît évident qu’un référendum pour décider d’un choix de mode de scrutin est l’instrument privilégié d’un gouvernement qui ne veut pas aller de l’avant dans cette réforme malgré son engagement.

Il y a très peu de chance que le résultat soit positif. D’abord, parce que ce serait un suicide politique pour plusieurs députés de la CAQ, qui perdraient leur siège. Aussi, le choix d’un mode de scrutin étant une question technique complexe dont la majorité des Québécois ne comprendrait pas les enjeux, le décompte du référendum manquerait de rationnel, ne serait que le reflet des émotions devant l’urne. Et quand on parle d’émotion, les opinions peuvent ne durer que 24 heures. Le Brexit en est un bon exemple. À mon avis, un référendum sur cette question doit être écarté. Le gouvernement a toute la légitimité de procéder s’il a l’appui des autres partis politiques.

— Claude Belzile

Oublions cette idée

Pourquoi faire un référendum dont on connaît déjà l’issue ? C’est du pur gaspillage de temps, d’énergie et d’argent. Il vaudrait mieux oublier cette idée de proportionnelle au nom même de la démocratie. D’ailleurs, réformer le mode de scrutin n’est pas un projet de société ; ce n’est qu’une image que l’on se fait de la démocratie, au départ il faut y croire. Les électeurs n’y croient plus vraiment, ils rejetteront donc toute idée de changement. Une société vraiment démocratique ne songerait pas à un référendum ; elle aurait la proportionnelle depuis longtemps. 

— Christian Castonguay