Avec le Parti québécois (PQ) qui tend à s’installer en deuxième place dans les sondages, derrière la Coalition avenir Québec (CAQ), on peut se demander quand le PQ sera tenté de consolider ses appuis en promettant « un bon gouvernement » provincial plutôt qu’un référendum sur la souveraineté dès le premier mandat.

Claude Morin avait convaincu le PQ, à son congrès de 1974, de dissocier l’élection d’un gouvernement péquiste et la démarche vers la souveraineté. On voterait ainsi pour un « bon gouvernement » péquiste et, plus tard dans le mandat, pour ou contre la souveraineté par référendum.

Depuis, il y a eu 13 élections générales au Québec, le PQ a promis de tenir un référendum s’il était élu quatre fois. Cela a mené aux victoires électorales suivies de défaites référendaires en 1980 et en 1995 et aux défaites électorales en 2007 et en 2022.

Dans les neuf autres élections, on a eu droit à toutes les variantes du « bon gouvernement » : cela allait de la « gouvernance souverainiste » mais sans référendum, à la recherche des « conditions gagnantes », à la promesse d’un livre blanc sur l’avenir constitutionnel ou même à un « osti de bon gouvernement ». Mais toujours sans référendum…

Le chef actuel du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, a joué sur les deux tableaux. En 2016, quand il s’est présenté pour la première fois à la direction du PQ, il reportait le référendum à 2022 au plus tôt – donc à un éventuel second mandat – et seulement si 20 % des électeurs le demandaient en signant un registre et si l’option du Oui obtenait 45 % dans les sondages.

Mais quand il s’est présenté à la direction en 2020, il était devenu un partisan du référendum dès le premier mandat. Ce qui est encore le meilleur moyen de rallier l’aile « pure et dure » du PQ.

Mais le PQ reste un parti fragile. Il n’a que trois sièges à l’Assemblée nationale et même s’il a réussi à s’attirer bien plus que sa part de l’attention médiatique au cours de la dernière session, avec le résultat – et avec l’aide d’un Parti libéral qui s’est égaré à force de se chercher – qu’il se retrouve aujourd’hui au deuxième rang dans les sondages.

Évidemment, nous sommes à plus de trois ans du prochain scrutin et les sondages d’aujourd’hui n’auront peut-être plus cours très longtemps. Mais il est clair qu’il y a actuellement un certain transfert des voix de la CAQ vers le PQ.

Ce qui est bien logique puisque les deux partis sont des vases communicants, la CAQ est composée de beaucoup d’anciens péquistes – François Legault au premier rang. S’il y a des déçus de la CAQ, entre autres à cause de l’abandon du troisième lien dans la région de Québec, il est bien normal qu’ils reviennent à leur ancienne affiliation politique, soit le PQ.

Mais il y a des incongruités dans ce dernier sondage Léger. Ainsi, le PQ dépasse la CAQ et se retrouve au premier rang dans la région métropolitaine de Québec avec 30 % des voix, contre 27 % pour la CAQ. Mais, l’appui à la souveraineté, dans la région de Québec, n’est qu’à 39 %, contre 52 % qui ont l’opinion contraire.

Le PQ se retrouve au premier rang des intentions de vote dans la capitale nationale, mais son option fondamentale serait défaite dans un référendum. Il y a même 19 % de ceux qui disent vouloir voter pour le PQ qui se disent contre la souveraineté. Sur le plan stratégique, cela montre la difficulté qui attend Paul St-Pierre Plamondon s’il persiste à dire qu’un vote pour le PQ signifie automatiquement un vote pour un référendum sur la souveraineté.

Et quand le PQ fait une telle promesse en campagne électorale, il est inévitable que c’est la question qui prendra toute la place. Tout le reste du programme sera oublié et on se chicanera sur des détails, parfois très ésotériques, du projet souverainiste. Des situations dans lesquelles le PQ sort rarement gagnant.

De même, ses adversaires vont se faire un plaisir de rappeler combien un référendum, par définition, ne peut que créer des divisions dans la société québécoise.

En attendant, on voit ces jours-ci comment le PQ a un don particulier pour créer des divisions, souvent au pire moment possible. Il en est ainsi de la controverse sur la nomination du chanteur Émile Bilodeau comme animateur du spectacle de la fête nationale.

M. Bilodeau est souverainiste, mais il a le défaut d’être partisan de Québec solidaire et de s’opposer à la loi 21. Ce qui, selon la porte-parole du PQ, Méganne Perry Mélançon, le rend inapte à animer la fête nationale, parce qu’il ne serait pas assez « rassembleur ». Et celle-ci refuse de prendre la parole à un évènement protocolaire avant le spectacle.

Ce genre d’esclandre au moment de la fête nationale démontre tout sauf la capacité d’être rassembleur. Imaginez si ça s’était produit pendant une élection à saveur référendaire…