L’Assemblée nationale reprend ses travaux aujourd’hui avec une nouvelle cohorte de députés issus des élections du 3 octobre dernier. Un bien court passage de deux semaines au Salon bleu, avant les vacances des Fêtes où on aura plus de chances de voir qui va former la véritable opposition que de pouvoir juger de la performance des nouveaux ministres.

Dans le fond, il y a peu de grands changements au Salon bleu. Le gouvernement Legault a été réélu avec une super-majorité sans avoir été vraiment écorché malgré une campagne électorale plutôt ordinaire avec des promesses recyclées et de vieilles attitudes sur l’environnement et l’immigration.

La grande préoccupation de la majorité des électeurs est l’inflation et le coût de la vie, et la très électoraliste réponse du gouvernement est toute prête, soit d’envoyer un chèque à la majorité des électeurs. Des sommes qui seront vite dépensées et qui auront, selon bien des économistes, un effet inflationniste.

Mais un dernier mot sur les élections : le résultat de la CAQ est peut-être spectaculaire en nombre de sièges, mais beaucoup moins en termes de vote populaire, soit tout juste au-dessus de 40 %, ce qui est le seuil d’un gouvernement majoritaire depuis la fin du bipartisme au Québec.

Mais le gouvernement Legault peut se consoler en voyant le piètre état dans lequel se retrouvent les partis de l’opposition.

Depuis le 3 octobre, les libéraux ont envoyé tous les mauvais messages possibles. Au lieu de regarder vers l’extérieur, ils se sont tournés vers leurs chicanes internes. Ils ont rapidement montré la porte à Dominique Anglade.

Son successeur, intérimaire, au moins pour l’instant, Marc Tanguay a vite montré qu’il n’était pas nécessairement prêt à devenir le chef permanent – même si le règlement le lui permettra. Chose certaine, la course au leadership va beaucoup occuper les députés libéraux au cours des prochains mois, peut-être plus que les travaux de l’Assemblée nationale.

La saga Marie-Claude Nichols–Frantz Benjamin pour un poste protocolaire (et la rallonge salariale qui vient avec) était dans la plus pure et déplorable tradition des gens qui sont en politique pour se servir plutôt que pour servir.

Le parti formera l’opposition officielle à cause de la concentration des voix dans l’ouest de Montréal, mais il n’est pas du tout certain qu’il sera la véritable opposition dans cette Assemblée nationale.

Québec solidaire a eu un résultat moins intéressant que celui que le parti attendait. Avoir un seul député de plus montre un certain enracinement, mais aussi que le parti fait sur surplace.

Cela dit, il peut se consoler en pensant qu’il est le seul parti de l’opposition à ne pas avoir reculé et à avoir pu consolider ses acquis, ce qui, dans le déséquilibre de notre système électoral, n’est pas rien.

Mais il reste encore à Québec solidaire à trouver son créneau. Son chef porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, disait il y a quelques jours que son cheval de bataille serait l’inflation. Mais il y aura beaucoup de monde sur ce terrain et il faudra que QS trouve un angle innovateur pour montrer qu’il a des solutions originales. Tout en se réconciliant avec les « millionnaires » de la classe moyenne, qui n’ont toujours pas digéré ses propositions fiscales de la dernière campagne.

Au Parti québécois, le chef Paul St-Pierre Plamondon a gagné son siège de façon presque miraculeuse. Depuis, on dirait qu’il vit dans l’un de ces « livres dont vous êtes le héros ».

Il est, parfois, le super-patriote qui ne se salira pas en prêtant serment à la Couronne britannique, contrairement aux Louis-Joseph Papineau, René Lévesque et Jacques Parizeau qui se sont parjurés en acceptant de le faire.

Ça donne une certaine popularité auprès de la Société Saint-Jean-Baptiste, mais certainement pas auprès des électeurs qui ont déserté le PQ et lui ont donné le plus faible appui de son histoire en octobre dernier.

Cette fin de semaine, il affirmait que le budget et le nombre de questions consenties au PQ montrent que François Legault « craint la remontée du PQ ». Même si c’est pour remonter le moral des troupes, il y a une limite à se voir plus important qu’on ne l’est vraiment.

Il serait normal que tous les chefs de parti aient le droit d’interpeller le gouvernement tous les jours de session. Mais ces choses sont négociées en fonction du règlement, et donc du nombre de députés. M. St-Pierre Plamondon n’avait aucun rapport de force et ce n’est pas parce qu’il fait peur à quiconque.

Enfin, il y a le Parti conservateur du Québec qui n’a pas pu faire élire de députés malgré un score honorable. Mais il est temps pour Éric Duhaime de cesser de quémander des privilèges et d’utiliser au maximum ce qu’il peut faire. Il n’aura pas accès à l’Hôtel du Parlement, où siège l’Assemblée nationale, mais il a accès à la Tribune de la presse parlementaire. On va vite se lasser de le voir toujours se plaindre de son sort.