Ça y est, le mois de novembre est là, avec toute la grisaille qui l’accompagne. Et il me semble que l’actualité s’assombrit plus que jamais…

La crise climatique. L’économie qui vacille dangereusement. Un automne plein de virus, qui mettent à mal les grands, mais surtout les petits. La guerre en Ukraine. Nos voisins du Sud qui nous effraient. L’Europe qui est de plus en plus polarisée et la Chine qui se durcit.

Il serait facile de se laisser aller à la morosité de novembre, mais ce serait oublier qu’il fait quand même bon vivre chez nous. On peut s’estimer heureux, jusqu’à maintenant, de vivre dans notre bout de pays. Notre situation politique et nos institutions publiques sont tout de même beaucoup plus stables qu’ailleurs. Grâce à notre système de redistribution de la richesse, notre société est plus égalitaire. Nous nous sentons relativement à l’abri des dérapages que l’on a déjà pu observer aux États-Unis et ailleurs en Europe.

Pour faire face à toute cette grisaille, il me semble qu’on serait mûrs pour se retrouver autour d’un projet phare et rassembleur.

Je sais que les besoins sont criants et que de multiples services publics méritent notre attention. Je serais la première à vouloir parler d’habitation, de son importance sociale, économique et environnementale. De son rôle pour contrer les inégalités ou pour favoriser l’intégration des immigrants. De la nécessité pour l’État de contribuer ainsi au bien-être collectif. Et en tant que cheffe d’entreprise, face aux temps incertains qui se poignent à l’horizon, il serait aussi tout naturel que je prêche pour qu’on se concentre sur l’économie et notre capacité à faire face à une récession.

Cela dit, j’ai plutôt envie de nous ramener à la base, à l’essentiel. À ce qui est non seulement une nécessité, mais un investissement impératif pour notre société.

Peut-être que je fais fausse route, mais il me semble que face à tous nos enjeux de société, la résilience, l’ingéniosité, l’innovation, le leadership, la nuance, l’empathie, la bienveillance, le savoir-être et le sens de la collectivité naissent au sein d’un même lieu commun : l’Éducation. Avec un grand É.

Nous en débattons depuis des décennies. Pourtant, lors de la dernière campagne électorale, je ne suis pas sûre qu’on ait réellement parlé d’Éducation. Pire encore, je ne suis pas certaine qu’au Québec on valorise l’Éducation comme on le devrait. Il me semble que c’est le moment ou jamais, alors que l’ordre du monde semble être ébranlé autour de nous, de faire de l’Éducation LA priorité de notre nation. De remettre les connaissances, les compétences et le savoir-être de nos enfants au cœur de nos préoccupations quotidiennes.

On l’a dit mille fois, mais il faut se le redire encore : en choisissant l’Éducation comme priorité collective, on bâtit une meilleure société pour demain.

Je ne suis pas première ministre. Je ne suis pas ministre. Et je n’ai pas d’ambitions politiques. Je ne suis pas enseignante. Ni membre du personnel enseignant. Ni directrice d’école. Je ne suis pas en possession de données probantes en matière d’Éducation.

Mais je suis une citoyenne. Et je suis la maman de trois jeunes enfants. J’ai donc, moi aussi, de grandes responsabilités face à l’Éducation. En fait, je crois que nous en avons tous.

D’abord, parlons à nos enfants de son importance. Trouvons des façons pour qu’ils tombent en amour, chaque jour, avec l’école. Valorisons la culture générale, l’esprit critique, la philosophie, même chez les tout-petits. Rendons nos enfants curieux et transmettons-leur le goût d’en apprendre et d’en connaître toujours plus. Donnons-leur les outils nécessaires pour qu’ils puissent s’épanouir et développer leur plein potentiel.

Ne produisons pas des travailleurs, mais ayons l’ambition de faire de nos enfants des citoyens qui rêveront mieux et plus que nous encore, et qui auront les capacités nécessaires pour concrétiser ces rêves. Faisons naître leur envie de faire le bien, de faire émerger ce qu’ils ont de meilleur en eux.

Convainquons-les que c’est par l’Éducation, par la culture générale, par le développement de citoyens engagés qu’on peut bâtir un monde meilleur, plus juste, et ainsi plus prospère.

Convainquons-nous.

Et, comme société, mettons tout notre cœur, tous nos moyens, toutes nos convictions et toutes nos actions au service de ce projet phare. Mettons tout notre poids, peu importe nos allégeances, derrière cette force vive que représentent nos enfants : petits, ados et jeunes adultes.

Partout dans le monde, on voit les extrêmes qui divisent de plus en plus, à droite comme à gauche. Soyons convaincus que face à la division, une des meilleures réponses possibles demeure l’Éducation.

Malgré leurs imperfections, soyons fiers de nos écoles, de nos collèges, de nos formations professionnelles et de nos institutions universitaires. Continuons d’investir à tous les niveaux d’enseignement.

Il n’y a pas plus belle main tendue que l’Éducation. C’est indéniable : un peuple éduqué est un peuple qui est maître de sa destinée.

Bâtissons au Québec cette société forte et stable qui saura faire preuve d’esprit critique face à l’information qui lui est présentée et qui aura le courage de prendre les décisions difficiles en s’appuyant sur des faits et des valeurs collectives. Soyons ambitieux : engageons-nous à avoir ici, au Québec, le meilleur système d’Éducation qui soit.

Faisons-le pour nos enfants, mais aussi pour nous.