Dans les dernières semaines, nous avons littéralement vécu un Noël du campeur collectif.

La manne, toé chose !

Les promesses de chèques revolent. En veux-tu des baisses de taxes et d’impôts, en v’là ! Je ne sais même plus qui promet quoi. Mais je suis sûr que peu importe mon vote, ce sera payant. Les yeux fermés.

Et n’allez pas penser qu’on veut acheter nos votes, langues de vipère !

Nonnn ! On veut en remettre au citoyen. L’inflation. Pas gentil ça ? Ben ben correct, répondit l’avare. À cheval donné…

Et cette surenchère orgiaque sur les engagements électoraux. Tous en période euphorique de cyclothymie.

Je me sens comme un Norvégien, citoyen de ce pays phare du capitalisme social. Le seul problème est que, comme ce pays, le Québec ne possède pas de fonds pétroliers où sont engrangés des centaines de milliards de dollars.

Insignifiant le Fonds des générations, comparé à ça.

J’ai presque fermé l’appareil concernant ces engagements électoraux.

Parce que la vérité, c’est qu’à part la CAQ, qui sait qu’elle devra livrer la marchandise dans un prochain mandat, les quatre autres peuvent promettre n’importe quoi. Sans conséquence, leurs chances d’être élus comme gouvernement étant infinitésimales.

Alors, ils jouent au plus fort la poche. J’en ai une plus grosse que la tienne. Mes excuses madame Anglade, d’une vulgarité sans nom.

Et lâchez-moi avec les déficits. Casse-couilles la question. On survivra. Il faut que ça se paye le bonheur. Et il y a des sujets bien plus importants.

L’environnement par exemple, c’est suuuper important l’environnement !

Même si je ne comprends plus rien sur les objectifs des partis, les diminutions de l’empreinte carbone. J’ai demandé à mon voisin. Comme moi, il est complètement confus, du brouillard politique qu’il m’a répondu. Comme un soir humide sur la Tamise.

On devrait prendre leurs empreintes digitales à eux, les chefs, dit-il, pour leur rappeler qu’on les a à l’œil, qu’ils doivent livrer.

Petite confidence : QS, mon voisin. Plus indigeste que ça, c’est Guillaume Lemay-Thivierge.

Et pas toujours fin fin. Je le cite pratiquement au texte : l’immigration, on devrait prendre un break, et digérer ce qu’on a d’entré, ça devrait être assez pour l’instant.

Pas très QS ça ! Il me répond que ce n’est pas une religion. Bon, OK d’abord.

Sur la crise de logements, lui et moi voulons contribuer, nos duplex sont payés. Ils seront bientôt disponibles pour les plus jeunes… au prix du marché évidemment.

Mais le petit maudit Gabriel me titille, avec sa surtaxe orange brûlé. J’avais le goût de voter avec des principes, pour lui, mais là il ne s’aide pas GND.

Le voisin m’a dit de ne pas m’en faire, de ne pas voir ça comme ça. Si GND se rend aux portes du pouvoir un jour, on lui fera son affaire, on votera pour d’autres. Pas de danger.

Et moi, j’ai voté Oui aux deux référendums. Mais CAQ la dernière fois.

Et monsieur PSPP qui voudrait nous ramener au bercail ? Pas convaincu… S’il s’appelait PSJP, Paul St-Jacques-Parizeau, je ne dis pas, on la sentirait un peu plus.

Avec monsieur Legault, on est un peu dans nos pantoufles quand même.

Bon, on décidera ça lundi matin, devant mon cappuccino et ma rôtie 12 céréales. Myrtilles sans sucre la confiture. Suis un pas pire barista vous savez, le truc c’est la mousse…

Mais faudrait pas mettre tous nos cornichons dans le même cruchon quand même. La démocratie c’est sérieux. Le premier ministre là, faudrait pas lui laisser entre les mains le trousseau complet des clés de l’Assemblée nationale. Ce serait vraiment pas sain. Ça prendrait une couple d’autres occupants…

À moins que je vote stratégique ? Pour aider à ça, l’opposition. Stratégique, mais voter pour qui ? Est-ce que j’ai vraiment le goût de prendre une chance moi ? Hummm ! Pas tellement ! … m’aurait dit madame Chagnon, comme aux dernières élections.

Mais en principe, il y en aura un bon 60 %, ou à peu près, qui ne choisiront pas les pantoufles.

Comme mon beau-frère de Portneuf, qui ira avec les conservateurs. Élevé sur une terre, du bon pain. Pas complotiste pour cinq cents. Il me dit qu’Éric Duhaime c’est comme un buffet, avec mets canadiens, italiens et chinois. Des choses que tu détestes, d’autres que t’aimes moyennement, mais si la lasagne et le poulet à l’ananas sont très bons, ça peut justifier le choix de ton resto. Une façon de voir les choses…

Et ma vieille chum anglo de l’université qui vit à Montréal. Pas compliqué elle, elle vote tribal : libéral. Ça se défend aussi.

Finalement, le seul suspense qui nous restera, lundi prochain, sera de savoir à quelle heure on déclarera la CAQ élue majoritairement.

À moins que les astres ne déraillent, on veillera pas tard.

Entre nous

Je vous laisse finalement sur un extrait du dernier livre du philosophe et essayiste allemand Peter Sloterdijk : Réflexes primitifs – Contre le cynisme généralisé.

« Dans quels temps vivons-nous ? Voici qu’une frénésie primaire pousse à mordre, haïr, dénoncer. Les rumeurs et les fake news aveuglent jusqu’aux politiques les plus expérimentés. Dans nombre de démocraties, le mensonge est la vérité. Les populations semblent adorer l’incompétence au pouvoir. Le cynisme et la désinhibition se généralisent. L’amour de la liberté devient un cliché. Puissant ou dominé, chacun revendique le droit d’être une exception aux règles de la morale… »

Réflexes primitifs – Contre le cynisme généralisé

Réflexes primitifs – Contre le cynisme généralisé

Payot