Il y a du trafic dans le monde politique dans cette campagne électorale.

Même moi, maniaque, je dois faire un effort pour survivre à la cascade d’engagements électoraux quotidiens. Comme la chute Montmorency au printemps.

Ça déboule, ça bouchonne.

On n’est pas habitué à ça, cinq partis politiques à temps plein. Et ça veut toutes exister, ces petites bêtes-là !

Je me demande juste si la population suivra jusqu’à la fin, ou même si elle suit toujours, à l’heure actuelle. Surtout que l’été s’étire, et que les BBQ sont en feu.

Et si, à force d’en accumuler, des promesses, le tout ne s’égalise pas. Ce qui donnerait l’avantage au statu quo, au boss, M. Legault.

Faudra voir.

En tout cas, à constater la frénésie des partis sur les baisses de taxes et d’impôts, et les nouvelles dépenses proposées, j’ai l’impression d’en avoir échappé une. Peut-être sommes-nous pleins aux as, et que je n’ai rien vu.

Et moi qui avais tendance à me faire du mouron pour les finances du Québec. On va se calmer sur les Ativan, là !

S’il restait un peu de gravy financière pour les mauvais jours, une petite gêne mise de côté, disons, eh bien, « Elle est partiiie ! ! ! », comme le hurlait si bien Rodger Brulotte.

Mais j’ai le sentiment que dans ce cas précis, ça s’égalise vraiment. Que le boss a un avantage net.

Parce qu’il est déjà au pouvoir. Parce qu’il a déjà signé des chèques avant la campagne, et qu’il a promis de nous en signer d’autres après. Il est crédible, et les Québécois le croient.

On prend ça pour du cash.

Même chose pour la santé.

Des centaines de nouveaux médecins ? Un millier ?

OK. Mais cela a été dit : pour devenir omnipraticien, un itinéraire de sept ans est nécessaire, pour qu’un étudiant ait le droit final de pratiquer. Et s’il souhaitait développer une spécialité, disons qu’on ajoute trois années.

Pensons aux alentours de deux ans, pour organiser le tout dans la tour de Babel, et ce nouvel omni se portera à votre secours dans près d’une dizaine d’années, et le spécialiste, dans 13.

Me concernant, si je fais du nombrilisme, j’aurai 75 ans quand le nouvel omni deviendra dispo. Rendu à cet âge-là, j’aurai droit à l’examen général, dont les conclusions m’enverront probablement chez un spécialiste.

De l’omni, je mériterai le service minimum.

Retouches aux fonctions moteurs, pour que la circulation se fasse le plus normalement possible, ou vérification des circuits, parce que je serai peut-être devenu électrique à ce moment-là, comme les voitures. Et graissage des joints, des articulations.

Je demanderai également un petit extra : un peu d’huile sur les quatre roues de ma marchette. Vraiment chic, l’omni !

Et si mon petit cœur fléchit trop – je suis déjà surpris qu’il tienne encore, avec la vie de patachon que je mène – ou que mon maudit cancer de la prostate se rappelle à mon souvenir, j’approcherai les 80 ans pour les nouveaux spécialistes.

Le cardiologue ne touchera pas à mes boyaux, trop vieux. J’aurai droit à de petites gélules, pour lui redonner un peu de swing, à mon cœur de rockeur.

Quant à mon cancer, l’onco jouera l’horloge, et le laissera aller jusqu’à ma belle mort. C’est comme ça que ça fonctionne dans ces cas-là. C’est statistique.

Et vous savez quoi, concernant le système de santé, je crois sincèrement que la population ne rêve plus au miracle. Encore là, avantage au boss.

Parce que si vous êtes comme moi, mon dernier espoir ne repose plus que sur les épaules de Christian Dubé.

Je ne saurais dire vraiment pourquoi, mais le gars m’inspire confiance. Probablement, justement, parce qu’il ne connaît pas vraiment cela, la santé. Possiblement parce qu’il a déjà géré, et qu’on a le sentiment qu’il peut penser en dehors de la boîte (anglicisme, je sais).

Autrement, pendant cette campagne, on ne parle que très peu de pénurie de logements. Comme si on souhaitait éluder le sujet, ou qu’on était dépourvu de solutions.

Comme la pénurie de main-d’œuvre, il s’agit de l’autre mur devant nous.

Cela pourrait devenir désastreux. Comme dans les provinces de l’Ouest. Parlez-en aux gens de Vancouver pour voir.

Ici, comme pour la main-d’œuvre, on aurait besoin d’un plan précis, qui ne vient pas, pour les prochaines années. On nous parle de milliers de nouveaux logements sociaux, absolument nécessaires, oui. Mais ça ne sera pas suffisant. Tous n’ont pas droit à ces logements. Ça ne fera pas la job.

J’arrête ici. La patronne me tient serré à plus ou moins 800 mots…

Entre nous

Sur l’idée de Gabriel, GND, de faire payer les riches.

J’espère pour lui que ce sera payant politiquement à Montréal.

Il a droit de le penser, mais 53 cents dans la piastre, au taux marginal d’imposition actuel, ça va être correct pour moi.

Et je ne rechigne pas, parce que je pense que j’en ai pour mon argent dans notre société équitable.

Mais si on ajoute la taxe pour les riches de Gabriel, c’est-à-dire sur leurs biens, ça voudrait dire que des millions de Québécois devraient fournir leurs bilans personnels, annuellement, au gouvernement ?

Des bilans actualisés, c’est-à-dire avec des mises à jour, par exemple, sur les valeurs des fonds de pension, et des biens immobiliers, qui fluctuent d’une année à l’autre ?

Et ce bilan, sûrement pas signé par un beau-frère, qu’on invite à la pêche, et qui nous aime ben gros ! Au cas où il se tromperait, sous-estimerait, disons, par inadvertance…

Donc, par un professionnel qu’on devrait payer ?

J’arrête vraiment ici, la migraine vient de me pogner…