Je n’étais pas scandalisé de voir Dominique Anglade et ses amis se ranger du côté des opposants à la loi 96. Évidemment, certains délires des braqués sont inévitables, mais bon, on a l’habitude, et ils n’ont pas l’exclusivité des déraillements.

J’étais même soulagé de constater que le Parti libéral du Québec (PLQ) avait accepté son niveau d’incompétence actuel en fonction des prochaines élections. Qu’il s’était regardé dans le miroir et avait finalement admis devoir se concentrer sur son fonds de commerce pour survivre, les anglos et les allophones, sans extra, et qu’il provoquait la frigidité chez les francos.

Parce que le PLQ est montréalais jusqu’au bout des ongles. Et ça, ça se sent à Normandin…

Rien à soutirer de l’électorat franco et régional dans les prochaines semaines. En dehors de la métropole, plutôt à l’ouest s’entend, point de salut.

À moins que les deux nouvelles pousses politiques anglophones, deux nouveaux partis qui suintent l’opportunisme, n’aient un succès inattendu, le PLQ devrait conserver plus ou moins 15 à 20 circonscriptions, selon les experts, et demeurer l’opposition officielle à Québec.

Et ce ne sont pas trois petits cours de français dans les cégeps anglophones qui devraient faire la différence, sinon on a un problème mauditement plus gros qu’on croyait !

Juste sauver leur peau soulagerait les élus libéraux. Humbles destins…

Et c’est une bonne nouvelle pour le Québec. Tout survivant de l’opposition le 4 octobre au matin sera bienvenu. Sinon, on vivra quasiment dans un univers de parti unique, tellement il est prévisible que la CAQ passera l’aspirateur électoral et fera le grand ménage politique.

Bonne nouvelle aussi parce qu’avec une telle base d’élus, des budgets qui viennent avec le statut d’opposition officielle et un François Legault qui devrait vivre tranquillement l’usure, surtout à cause de ce vice irrépressible qu’est l’arrogance, il y aura cette fois-ci des intéressés à diriger la tribu libérale.

À cet égard, la prochaine campagne à la direction au PLQ devrait être une vraie campagne.

Nous pourrions voir poindre des candidats intéressants tels un Pierre Moreau, par exemple, ou une Marwah Rizqy, c’est certain, plus mature maintenant.

Un franco comme M. Moreau, expérimenté et percutant, pour percer le mur linguistique et régional et se faire comprendre à Saint-Louis du Ha! Ha!.

Ou une candidate wedge, atypique et fantasque, comme Mme Rizqy, qui pourrait devenir un phénomène politique inédit au Québec.

Vous aurez remarqué que je tenais pour acquis que Mme Anglade ne sera plus cheffe de ce parti éventuellement. En ça, je ne suis pas devin.

Dominique Anglade, une femme intelligente qui a dû nager dans l’univers irréel de la pandémie, a eu de la misère à se construire une posture mentale adéquate dans ces conditions comme cheffe de l’opposition. Comme toutes les oppositions élues des gouvernements démocratiques, par ailleurs. Pas simple de jouer le mauvais rôle pendant cette période.

Au surplus, avec derrière elle plusieurs collègues, catégorie pâtes molles, surtout fatalistes et ne croyant pas à son succès. On a beaucoup senti que la greffe de son leadership n’a peut-être pas pris dans ce groupe, et qu’elle a servi de chair à canon en attendant que le ciel politique s’éclaircisse. Situation qui a eu moins à voir avec ses capacités personnelles qu’avec la conjoncture.

Rappelons que presque personne ne s’était étiré le cou pour diriger le bataillon. Et quoi qu’on en pense, on s’ennuie toujours de Jean Charest au PLQ.

Mme Anglade a fait le pari, osé, que sa chance existait si ce nouveau gouvernement se plantait d’aplomb. Mais non ! Misé, perdu et non remboursable.

Le projet de Charte des régions de Mme Anglade est intéressant. Mais ces idées, et même une baisse d’impôt, ne peuvent concurrencer un chèque transmis par le premier ministre avant les élections, et un autre promis en décembre prochain. Du fric en espèces sonnantes et trébuchantes. On sort des nuages ici là.

Mais le vrai problème du Parti libéral est qu’il est totalement égaré idéologiquement. Parfois poule pas de tête. Malgré les efforts de Mme Anglade, ses joueurs n’ont visiblement pas adhéré à son plan de match.

Le positionnement schizophrénique d’élus avec des circonscriptions à dominance anglo et allo qui doivent bien représenter leurs commettants sans s’aliéner les francos du Québec est un catch-22.

Un écartèlement difficile à réussir, mais qu’on enseigne à l’École de cirque de Québec.

Bien sûr, il est souhaitable et nécessaire que les groupes minoritaires de notre société soient représentés politiquement comme le fait le PLQ. Mais ce parti devra voir plus large, se poser les nécessaires questions philosophiques sur les raisons de son existence. En attendant, il ne se privera pas d’attiser encore une fois la peur du séparatisme, couvant maintenant à la CAQ.

Le résultat des prochaines élections fera une démonstration spectaculaire de la fragmentation plus qu’appréhendée, bien que notoire, et amplifiée inutilement par cette loi provocatrice, la 96, entre anglos et allos d’un côté, et francos de l’autre.

Le PLQ et la CAQ comptent leurs votes sur le dos de la cohésion sociale.

Ça pue, vraiment !

Du potentiel pour chirer…

Entre nous

Lecture estivale, chaise longue, pré-apéro.

Le dernier opus de Franz-Olivier Giesbert, sur le général de Gaulle.

Comme quelqu’un qui tue le père.

Histoire intime de la Ve République : Le sursaut

Histoire intime de la Ve République : Le sursaut

Gallimard

384 pages