Des élections à l’automne ? Ha ben !

Beaucoup de Québécois seront surpris lorsqu’on leur rappellera le prochain scrutin au Québec, tellement le temps a été suspendu avec la pandémie. Ils n’ont cependant pas la tête à ça, mais pas du tout.

Les Québécois ont choisi l’amnésie, oublier, et ne pensent qu’à s’accumuler du bon temps cet été et à étirer la saison le plus loin possible. Nos politiciens devront ruisseler fort pour capter leur attention, en déficit probable jusqu’au 3 octobre. De la grosse graine d’abstention.

Donnez-leur le choix à la rentrée entre une campagne électorale et quelques buts de Cole Caufield ; ils vont vous régler ça assez vite !

D’autant que la politique partisane est à ce point déconstruite chez nous que nous risquons de vivre la campagne la plus inutile depuis Maurice Duplessis, dit le cheuf, à l’époque. Google, les plus jeunes.

Il y a presque consensus, l’arithmétique électorale a probablement déjà figé le résultat final en faveur de la CAQ, à quelques chiffres près, surtout grâce à son avance monstrueuse chez les francophones. Il est difficile de croire que malgré les avancées de la science, un algorithme existant puisse changer le résultat.

Je sais, je sais ! Tout peut arriver dans une campagne.

Vous avez raison, nous pourrions apprendre que le premier ministre s’est fait construire un cabanon à Outremont avec la petite caisse du bureau, ou que son principal conseiller est un membre fondateur de QAnon, et même là…

Je sais aussi que Winston Churchill, pourtant héros au sortir de la Seconde Guerre mondiale, a été battu d’aplomb aux élections britanniques en 1945, quelques mois seulement après l’Armistice.

Par ailleurs, notre gouvernement prend aussi sa force dans la faiblesse des oppositions, on l’a saisie depuis un bout, celle-là. À cet égard, on ne perçoit aucun changement à l’horizon. Une requête faite au télescope spatial Hubble en arrive aux mêmes conclusions.

Les Québécois apprécient François Legault, et lui sont redevables d’avoir géré cette crise sanitaire. Il est devenu pour eux un bon monsieur qui a fait ce qu’il a pu, malgré les erreurs, ce qui n’est pas faux. Il en ressort un réel sentiment d’empathie. L’empathie est toutefois un bien mauvais critère pour élire un dirigeant politique. Mais l’impression demeure qu’il aura droit à une passe gratuite.

Bien sûr, nous ressentons collectivement les séquelles de la pandémie. Certains, ayant plus de crottes sur le cœur, s’organisent des colloques de pick-up dans les capitales. Mais tout de même, depuis l’existence de la loi 21 sur la laïcité, je nous sens politiquement repus. Nous ressemblons à des pandas sur le dos, béats, dont on flatte la bedaine. Nous continuons de flotter sur le buzz de cette dope identitaire et de sucer le bonbon politique. Plus un parti politique de doigté tactique qu’un gouvernement visionnaire, la CAQ.

Ce gouvernement a-t-il un bilan brillant dans la partie hors COVID-19 de son travail, et hormis la loi 21 ? Désolé, on n’a pas eu le temps d’y réfléchir entre deux doses de vaccin. Mais on le sent quand même un brin faraud, c’est peu dire…

Les yeux braqués sur les sondages, et le nez dans le vent pour sentir venir, on peut être certain toutefois que d’ici octobre, les stratèges de la CAQ ne voudront pas brouiller l’eau. « Go with the flow. » En nous remettant de l’argent dans nos poches…

À moins qu’une partie de la population ne prenne M. Legault au mot. En effet, au spécial Infoman du 31 décembre dernier, il disait espérer que les Québécois l’aiment un peu moins, pour qu’il ne se ramasse pas à gérer une marmaille d’une centaine d’élus de la CAQ. Il a raison, ça épuise, et on n’y trouve pas de valeur ajoutée.

On pourrait effectivement l’aimer un peu moins et faire en sorte que les autres partis politiques survivent. Ça ne serait pas bête pour conserver aussi vivant ce bon vieux principe britannique du check and balance.

Lors de cette même émission, M. Legault semblait vénérer le cheuf – à la rigolade, c’est compris – qui représente un modèle historique d’autonomisme provincial et d’autoritarisme à la petite semaine. On a ri jaune… mais « y’é pas mort, lui »?

Une victoire de la CAQ sans s’humecter le collet pourrait faire naître une espèce d’avatar, un genre de nouveau cheuf, plus moderne certes, mais a-t-on vraiment le goût de ça ?

Si nous visons une élection utile, il faudra provoquer des débats et exiger teigneusement des réponses. Et il ne manque pas de thématiques.

Par exemple, le réseau de la santé, qui, comme le golf, est devenu pour moi une expertise impossible à maîtriser. J’ai démissionné.

Ou LE problème économique des prochaines décennies, la main-d’œuvre, et son corollaire, l’immigration. Surtout avant qu’on m’oblige à faire du temps dans une quincaillerie. Ce qui n’est absolument pas souhaitable, sachant que je ne peux faire la différence entre des clous avec ou pas de tête. Bien que je me débrouille pas si mal dans le même exercice concernant les humains…

Souhaitons-nous de l’inattendu, de l’inespéré, pour pimenter les prochains mois politiques. Parce que la levure pour faire monter la pâte électorale ne semble pas faire partie de la recette. Le menu sera mince, à part la pitance que nous servira peut-être le Parti conservateur du Québec.

Entre nous

À écouter, frissons garantis. Hey Hey Rise Up, une pièce et une vidéo de solidarité avec l’Ukraine. Une performance de Pink Floyd et un artiste ukrainien, Andriy Khlyvnyuk, du groupe Boombox.

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