La Presse a accueilli, à l’été 2023, une cohorte de neuf stagiaires qui ont écrit sur des sujets très variés, allant du golf miniature aux affaires judiciaires. Anecdotes, confidences, moments d’angoisse, de fierté : découvrez ce que Mélissa Khadra, Patrick MacIntyre, Naomie Duckett Zamor et Marilou Bayard Trépanier ont retenu de leur expérience dans notre salle de rédaction.

Quelle a été votre affectation la plus marquante?

Mélissa : Je me souviendrai longtemps de mes affectations au palais de justice de Montréal. Lorsque j’ai commencé le stage, j’étais loin de me douter que j’allais développer un aussi grand intérêt pour le journalisme judiciaire. C’est une branche que je trouve passionnante. Pourquoi? Parce que le palais de justice, c’est un peu comme un monde parallèle... au cœur de la ville. À quelques pas des touristes qui déambulent dans les rues du Vieux-Montréal, des accusés attendent leur sentence, avec leur petite valise qu’ils apporteront en prison. Des victimes revivent des souvenirs effroyables, racontent leur peine, leur colère, leur traumatisme. Des familles éprouvées accompagnent leur fille, leur fils, leur sœur, leur conjoint. Pour les épauler. Pour leur dire au revoir avant qu’ils soient menottés par les constables spéciaux. C’est un monde particulier, ce sont des scènes qu’on n’oublie pas. Des images qui marquent, qui touchent. Et ce sont des histoires, difficiles, certes, mais importantes, à raconter.

Patrick : C’est très difficile de répondre, parce que les nombreuses affectations sont toutes devenues mémorables d’une façon ou d’une autre. Tout sujet avait le potentiel de devenir un bon texte, dès qu’on faisait preuve d’une ouverture d’esprit et qu’on effectuait le travail! Couvrir du golf miniature peut sembler loufoque, mais cette couverture a mené à la production du texte le plus lu dans la section des Sports la semaine de sa publication!

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Patrick Lagacé a rencontré les stagiaires pour leur offrir ses conseils.

Naomie : Je me souviendrai longtemps de mon reportage sur la crise du logement et de ma rencontre avec une jeune mère à la recherche d’un toit. Quand on m’a demandé, lors de la réunion de 14 h 30, de publier mon article une semaine et demie plus tôt que prévu, alors que j’arrivais d’une affectation pour les Arts et que je devais rédiger un autre texte pour le lendemain, j’ai compris le beat du journalisme. J’étais seulement à l’étape d’établir un lien de confiance avec la jeune mère. Faire l’entrevue rush m’a appris beaucoup sur l’importance de savoir rebondir, mais aussi de rester humaine, peu importe la situation. Cette expérience restera gravée dans ma mémoire.

En moins d’une semaine, je ressentais déjà un sentiment d’appartenance dans la salle de rédaction, et ce, grâce à nos maîtres de stage, mais également grâce aux journalistes qui nous ont accueillis à bras ouverts.

Naomie Duckett Zamor, stagiaire 2023

Marilou : Je me souviendrai longtemps de ma rencontre avec Charles Alleyn, dessinateur industriel retraité, qui reproduit des carrousels depuis 50 ans. L’entrevue est tombée au bon moment. J’ai pu écouter une histoire lumineuse, en pleine tornade, après des semaines qui avaient vidé mes réserves d’empathie. Charles est sensible, sympathique et humble. Son dévouement à la beauté m’a beaucoup touchée. Ses carrousels tournent, jouent de la musique et sont peints avec une grande attention aux détails. J’ai été chanceuse d’avoir cet accès intime à ce pan de l’histoire familiale des Alleyn, l’instant d’un après-midi.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les stagiaires sont accueillis par les journalistes Josée Lapointe et Marc-André Lemieux, maîtres de stage, et Marie-Claude Mongrain, directrice de la production. 

De quel texte êtes-vous le plus fiers?

Mélissa : C’est celui sur la colchicine, le premier anti-inflammatoire qui a été approuvé par la FDA pour prévenir les infarctus et autres événements cardiovasculaires. Tout d’abord, parce qu’il y avait un certain défi au niveau de la vulgarisation scientifique, pour tenter de simplifier des concepts médicaux et pharmaceutiques assez complexes. Il s’agit d’un article dont on m’a beaucoup parlé, en bien, tant dans la salle de rédaction que dans mon entourage. J’étais toujours ravie d’entendre les gens me dire qu’ils avaient tout compris, que c’était clair. Mais ce qui m’a rendue le plus fière, c’est un courriel que j’ai reçu, environ une semaine après la publication de l’article. « Votre article était excellent. Bravo! », pouvait-on y lire. Il ne provenait pas d’un lecteur, mais bien du directeur de l’axe de recherche en cardiologie de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, Philippe Pibarot, expert qui était cité dans le texte. Un compliment qui m’a énormément touchée, surtout de la part d’un éminent cardiologue et chercheur. 

Patrick : De mon texte sur le Barreau, je crois. Sans être parfait, j’ose espérer qu’il a mené à une réflexion à l’interne. Si je me fie aux innombrables courriels et autres messages que j’ai reçus après la publication de ce texte, il semble que certains changements devaient avoir lieu. Le point de vue véhiculé par les élèves ayant témoigné dans l’article était partagé par un grand nombre de leurs collègues. Cet article m’a aussi permis de constater la portée de La Presse, parce qu’il a fait réagir aux quatre coins de la province et qu’il a eu un impact dans la vie de plusieurs personnes.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Arrivée des stagiaires dans les bureaux de La Presse en mai 2023.

Naomie : J’ai particulièrement aimé rédiger le dossier sur le compost avec Henri Ouellette-Vézina. Ce texte qui devait être un article coécrit pour l’édition du lendemain s’est rapidement transformé en dossier grâce aux découvertes que nous avons faites chacun de notre côté. J’ai ressenti un grand sentiment de fierté de voir que nous avions élevé les attentes face à ce sujet et que nous avons été en mesure d’en donner plus que ce que l’on nous demandait initialement. J’ai également été très heureuse de travailler sur deux sujets que j’avais proposés pour les sections Sports et Société. Merci de nous avoir permis (aux stagiaires) de faire ce genre d’exercice.

En plus de m’avoir aidée à peaufiner mon écriture et mes techniques d’entrevues, ce stage m’a permis de vérifier que j’étais à la bonne place, et que j’avais choisi un métier qui est plutôt une vocation. Il n’y a pas un matin où je n’avais pas envie d’être au bureau.

Naomie Duckett Zamor, stagiaire 2023

Marilou : Le texte qui raconte l’histoire de Nathasha, hébergée temporairement après le 1er juillet avec sa famille, est celui qui me rend le plus fière. Ce n’est pas nécessairement le produit final qui m’inspire ce sentiment, mais plutôt tout le processus qui a exigé ténacité et regard critique sur notre profession. Comment raconter l’histoire de cette femme justement, en ayant ses craintes à cœur? Pourquoi, tout simplement, la raconter? Je me suis comptée chanceuse d’avoir accès à son histoire, et quelle me fasse confiance pour l’écrire et pour la faire exister dans la couverture médiatique du 1er juillet.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La cohorte 2023 des stagiaires journalistes composée de Simone Caron, Philémon La Frenière-Prémont, Mélissa Khadra, Patrick MacIntyre, Naomie Duckett Zamor, Fannie Arcand, Jérémy L’Allier, Marilou Bayard Trépanier et Daniel Birru, et le stagiaire en photojournalisme Charles William Pelletier.