Depuis plus de 50 ans, Marc Messier brille au cinéma, au théâtre et à la télé. Voici 10 rôles marquants de ce parcours impressionnant, choisis et commentés par le principal intéressé.

La fricassée (janvier à juin 1976)

Cette émission jeunesse n’a pas tenu longtemps à l’écran de Radio-Canada, mais elle a jeté les bases d’amitiés solides. Notamment entre Marc Messier – l’un des six acteurs attitrés – et l’un des scripteurs. Un certain Claude Meunier.

« Je pense que l’émission est restée en ondes une demi-saison, mais ça reste un moment formidable dans ma carrière. Parmi les auteurs, il y avait Jean-Pierre Plante, Claude Meunier, Serge Thériault... C’était un humour absurde qui passait vraiment au-dessus de la tête des enfants à qui c’était destiné. Il y avait là-dedans des sketchs extraordinaires... Pour un acteur, c’était très intéressant. »

Broue (1979 à 2017)

Marc Messier a interprété une foule de personnages dans ce classique du théâtre québécois. Parmi ceux qu’il a particulièrement aimés se trouve celui du serveur. « C’est un rôle que j’aimais parce qu’il me permettait de servir de faire-valoir à Michel [Côté]. Je lui faisais des passes sur la puck et il scorait ! J’aimais bien aussi le rôle du pyromane. »

Marc Messier estime de plus que Claude Meunier – l’un des quatre auteurs de cette pièce mythique – a écrit un de ses plus grands textes en carrière avec le sketch du père (Michel Côté) et de son fils mal dans sa peau (incarné par Marc Messier), qui essaient tant bien que mal de passer une soirée « entre hommes ».

Les voisins (1980 et 1987)

À la création de cette pièce signée Claude Meunier et Louis Saia, en 1980, Marc Messier était de la distribution. Il jouait à l’origine le très coincé Junior, fils de Bernard-l’amoureux-de-sa-haie et de Jeanine. Mais il rêvait d’un rôle plus étoffé dans cette comédie absurde. « Certains rêvent de jouer Hamlet, moi, c’était Bernard ! » Il a donc dit oui sur-le-champ lorsque Télé-Québec a décidé de présenter la pièce en téléfilm et que le rôle lui a été offert.

« La pièce m’a toujours beaucoup fait rire, à cause de ce monde figé qu’elle dépeint. C’est un portrait de la génération qui nous a précédés, dont la vie s’est arrêtée à 42 ans et qui vivait en banlieue. L’absurdité du texte m’a toujours rejoint. Je lis Les voisins et je ris tout seul. Et de bon cœur ! »

Lance et compte (1986 à 2015)

De tous les rôles qu’a endossés Marc Messier, aucun n’a eu autant d’impact sur sa carrière que celui de Marc Gagnon, joueur de l’équipe de hockey Le National dans la télésérie Lance et compte. « Petit, je rêvais de jouer avec le Canadien et cette série m’a permis de réunir mes passions du sport et du jeu.

« Lorsqu’on m’a offert ce rôle, j’avais surtout fait de la comédie. Et là, on me proposait le rôle d’un gars amer en fin de carrière, mais qui reste un gagnant malgré les embûches. C’est lui qui compte le but qui va permettre de gagner la Coupe Stanley. Je suis vraiment tombé amoureux de ce personnage, qui pouvait aller dans des zones très dramatiques. »

La petite vie (1993 à 2023)

Difficile d’oublier Réjean Pinard, le gendre coureur de jupons de Ti-Mé Paré, dans la série radio-canadienne La petite vie. « J’ai commencé à jouer ce rôle de gendre détestable dans l’émission de télé Le monde merveilleux de Ding et Dong. »

Que dire de ce personnage qui parle de lui à la troisième personne ? « Réjean... Il n’a aucune qualité, ce n’est pas mêlant ! Mais il n’est pas violent. Réjean, c’est le fourbe, le trompeur. Il faut dire que sa femme et lui ne vivent pas sur la même planète ! Ce personnage, Claude Meunier l’a écrit en pensant à moi... Lorsque je lisais le texte, je m’entendais parler ! On a eu beaucoup de plaisir à tourner La petite vie. L’équipe est encore très soudée... »

Le Sphinx (1995)

Marc Messier a collaboré au scénario de cette comédie dramatique réalisée par son bon ami Louis Saia. L’acteur y défendait le premier rôle, celui de Réal Prescott, un enseignant à la vie rangée qui tombera amoureux d’une danseuse de bar interprétée par Céline Bonnier.

« C’est un des premiers films dans lesquels j’ai joué. Ça n’a pas été un grand succès critique, mais le film est devenu culte auprès d’une génération plus jeune qui connaît certaines répliques par cœur. Martin Matte m’en a d’ailleurs parlé il n’y a pas longtemps ! Il y avait des répliques très drôles là-dedans. »

Les Boys (1997 à 2012)

Au-delà de la célèbre réplique sur « la dureté du mental », le rôle de Bob Chicoine a marqué les esprits de nombreux spectateurs, que ce soit dans les films ou les séries télévisées de la franchise Les Boys.

« Lorsqu’on a tourné le premier film, il y avait un bel esprit d’équipe entre nous. Il y avait là-dedans des gars très drôles : Patrick Huard, Paul Houde, Michel Charette. On avait beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Mais avec le succès est venue l’obligation pour les auteurs d’écrire 10 épisodes tous les six mois. Veux, veux pas, la bonne idée du départ a fini par s’effriter... »

Grande Ourse (2004 à 2009)

Marc Messier a participé aux deux saisons de cette série présentée à Radio-Canada, ainsi qu’au film Grande Ourse : la clé des possibles. Il y jouait Louis-Bernard Lapointe, un journaliste déchu en raison de sa passion pour la bouteille. Il est expédié dans le Grand Nord où il se trouvera mêlé à une histoire paranormale.

« J’ai tellement aimé faire ça. Dans le film dirigé par Patrice Sauvé, il y avait des scènes très recherchées, artistiquement parlant. La direction de caméra, les décors, les costumes... C’était super bien produit. Il y a une scène qui se passe dans une librairie... j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi beau avant ni après ! »

La mort d’un commis voyageur (2017)

En interprétant au Rideau Vert le rôle de Willy Loman dans ce classique d’Arthur Miller, Marc Messier a pu réaliser un rêve qu’il caressait depuis longtemps : défendre sur scène un grand rôle dramatique.

« J’ai croisé Serge Denoncourt dans une soirée et il m’a demandé ce que j’aurais envie de jouer à la fin de Broue. J’avais 65 ans. Je me suis demandé quels grands rôles Gilles Pelletier ou Jean Duceppe jouaient à cet âge. C’est ainsi que j’ai pensé à cette pièce.

« Cette pièce est fantastique. Comme acteur, tout ce que tu dois faire, c’est la jouer. Elle fait la job à elle toute seule... Et quel rôle extraordinaire ! »

Seul… sur scène (2021-2022)

Lorsqu’il évoque ce spectacle solo écrit en début de pandémie et qu’il a présenté à 82 reprises dans tout le Québec, les yeux de Marc Messier s’illuminent.

« Ça faisait plus de 20 ans que je me demandais si je serais capable d’être seul sur scène, si j’avais le talent pour écrire. C’était la première fois que je me retrouvais seul devant une page blanche... L’idée de parler de mon ego est venue d’un petit monologue que j’avais écrit pour la pièce Neuf, de Mani Soleymanlou.

« J’aimerais écrire un autre solo un jour, mais il me faudrait une bonne idée. Et je voudrais jouer davantage à Montréal. Les déplacements sont plus difficiles pour moi, je trouve... »