Les chansons de Jean-Pierre Ferland auront bercé bien des épisodes significatifs de vos vies, de l’autel – où a souvent résonné Une chance qu’on s’a – jusqu’au trépas, dans certains cas. Ces quelques témoignages, reçus parmi des centaines d’autres, l’illustrent bien.

Élan d’émotion

Été 1970. J’ai 9 ans. Toute la famille est réunie à notre chalet à Cap-à-l’Aigle. On y fête le retour d’un de mes oncles, après un long séjour à l’étranger. Maman sort le pick-up, y met un disque, et on entend alors Je reviens chez nous. C’est la première fois que je vois mon oncle pleurer. Et je vois les larmes de ma mère, de mes tantes et oncles. Étant enfant, je ne saisis pas encore sur le moment la cause de cet élan d’émotion. Depuis ce jour, dès que j’entends cette magnifique chanson, j’ai les larmes aux yeux. Ce souvenir est imprégné en moi comme une scène de film et, je le comprends maintenant, de ce qui fut un grand moment de bonheur pour la famille enfin réunie. La chanson de Ferland a remplacé tous les mots non dits.

Isabelle Girard

Partir pour partir

À la fin de ma formation universitaire, j’étais de retour chez mes parents et la situation m’enthousiasmait peu. Un matin, mettant à aléatoire le lecteur CD, la pièce Au fond des choses le soleil emmène au soleil s’est mise à jouer : Partir quelque part pour partir/Pas pour fuir. Ferland m’invitait à prendre la route et c’est ce que je fis. Le lendemain, je faisais du pouce le long de la 138, ce qui allait m’amener à traverser le Canada pendant des mois. Le soleil emmène au soleil/Et la vie s’élargit pour autant.

Sébastien Murray

Une soirée mémorable

Lors du spectacle Soleil, nous étions un groupe d’ami(e)s sur scène et nous fredonnions toutes les chansons que chantait M. Ferland durant la première partie de son spectacle. Quand il a débuté la deuxième partie du spectacle, il a chanté ses chansons face à nous et dos au public de la Place des Arts. Nous avons chanté avec lui durant l’ensemble de sa deuxième partie. Nous avions tous des frissons. Une soirée mémorable.

Jean Demers

Chanter la beauté

En mars 1994, je rencontrais à 40 ans l’homme de ma vie. Sa magnifique chanson T’es belle jouait souvent à la radio et moi, lorsque je l’entendais chanter, c’était comme si mon nouvel amoureux me la chantait… Je ne me suis jamais sentie aussi belle !

Carole Pigeon

Des chansons qui transportent…

Écoute pas ça. Cette chanson a joué chez moi dès l’été 2000 jusqu’à notre mariage en mai 2001. Quand le refrain débutait (j’aimerais ça qu’on se marie), je montais le volume et je la chantais à mon chum. Après 18 ans à vivre ensemble, nos enfants m’entendaient et trouvaient ça… je ne sais pas ce qu’ils en pensaient, mais moi, cela me transportait. Dis oui ! Dis oui ! Ce fut une journée magnifique que ce mariage. La chanson qui a ouvert la danse ? Une chance qu’on s’a, évidemment ! Merci, Jean-Pierre Ferland, pour toutes les magnifiques chansons pour la femme de 30 ans, 40 ans que j’étais. Je me trouvais plus belle, plus intéressante quand je t’écoutais chanter.

Martine Villeneuve

… jusqu’aux moments plus faciles

À la suite d’une relation et d’une séparation très douloureuse, ma fille et moi nous sommes retrouvées dans un petit appartement miteux, sans le sou. Le radeau fragile sur lequel nous voguions nous a fait connaître bien des difficultés, mais, dans les moments de grand découragement, nous chantions toujours cette chanson. Elle nous permettait de nous rappeler que nous étions deux, que nous pouvions toujours compter l’une sur l’autre et que nous finirions bien par nous en sortir. Une chance qu’on s’a nous aura permis de relativiser les choses et nous aura portées jusqu’à des moments plus faciles. Cette chanson aura toujours une grande signification pour ma fille et moi.

Line Sanscartier

Chanceux de s’avoir

Depuis ses débuts, ses chansons ont habité chaque heure de ma vie. Les premières m’ont permis de former mon oreille et ma voix en chantant en harmonie avec ma mère. Lorsque Jaune est sorti, je répétais de façon obsessive les parties des choristes au point où, 30 ans plus tard, lors d’une des performances de JP, j’ai entonné seule dans la salle : Hé, boule de gomme, serais-tu devenu un homme ? « En v’là une qui s’est pratiquée ! », s’est-il immédiatement exclamé ! Enfin, à l’âge de 17 ans, j’ai rencontré un beau jeune homme qui a fait craquer mon cœur à jamais en se présentant : « Ferland, comme Jean-Pierre ! » Encore aujourd’hui, nous nous disons qu’on est bien chanceux de s’avoir et de connaître les soirs de vieillesse où de notre vieil amour l’on se berce.

Julie Cauchy

Par cœur

Le 11 avril dernier, mon amoureuse a fait un AVC aux Îles-de-la-Madeleine. Elle a été transférée d’urgence à Québec et, de mon côté, j’ai mis un terme à un voyage en Guadeloupe et à la Dominique. Son AVC avait causé une aphasie. Son état s’améliorait, mais elle était plus fatiguée en soirée. Le 15 au soir, elle me demande de lui faire écouter une chanson d’un « vieux chanteur québécois » ! Gilles Vigneault ? Félix Leclerc ? Après quelques recherches, je lui montre une photo de Jean-Pierre Ferland ; elle fait signe que oui. Maintenant, laquelle ? Le petit roi ? Elle acquiesce, le sourire aux lèvres. Je l’ai fait jouer et elle a quasiment chanté la chanson par cœur ! Ce fut notre dernière chanson partagée. Sophie a fait une hémorragie cérébrale le lendemain matin et est décédée le 18 avril.

François Ménard

Derniers moments

Pour moi, c’est la chanson Une chance qu’on s’a qui remplit la chambre d’hôpital où mon père est à quelques heures de rendre son dernier souffle… il y a 10 ans déjà. L’image de sa conjointe étendue pour une dernière fois à ses côtés en cuillère pendant que joue leur chanson préférée reste depuis gravée dans mon cœur…

François Leblanc