Il a été la trame sonore de leur vie, de T’es belle au Petit roi. Malgré la pluie, des citoyens se sont recueillis dimanche à la mémoire de Jean-Pierre Ferland, à Montréal.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Son amie Lise Benoit acquiesce de la tête : « Il était un passionné comme on le voit rarement. » Pour sa part, Michel Robitaille avait 14 ans lorsqu’il a vu son premier spectacle. « C’était Jean-Pierre Ferland au Palais Montcalm, à Québec », se souvient-il. « C’est lui qui a éveillé mon intérêt pour la langue française. » Accompagné de sa conjointe, il est venu déposer un bouquet de fleurs jaunes, en clin d’œil à l’album mythique, sorti en 1970. « Jaune, c’est l’album qui a tout changé. Ses chansons étaient déjà très bonnes, mais il est entré dans la modernité », estime M. Robitaille.

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Un avis partagé par Jean-Marc Dufour : « Jaune a révolutionné la chanson québécoise. » Quant à son auteur, il « a marqué toutes les générations ». « Il a eu une influence incroyable sur à peu près tous les autres artistes », soutient-il par-dessus son haut-parleur, qui diffuse en boucle ses morceaux les plus connus. Sur la photo, le comédien Yves Jacques est venu déposer une rose.

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Assise sur un banc, la nièce du chanteur, Ginette Ferland (photo), observe la scène devant elle. Les enfants qui courent entre les bouquets de fleurs. Les passants qui s’arrêtent pour lire les mots de remerciement écrits à la main. « Ça me touche », souffle-t-elle. Si la place porte aujourd’hui le titre d’une chanson de son oncle, c’est grâce à elle. Il y a quelques années, elle avait soumis l’idée dans le cadre d’un concours citoyen organisé par la Ville de Montréal. Le lieu était d’autant plus significatif que son grand-père – le père de Jean-Pierre Ferland – y avait exploité une station-service pendant près de 30 ans.

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Lors de l’inauguration de la place il y a deux ans, son oncle « n’en revenait pas », précise Ginette Ferland, ajoutant : « Je suis chanceuse. Ce projet-là m’a permis d’avoir accès à lui dans les dernières années de sa vie. » « Il a bercé notre jeunesse », témoigne de son côté Line Richer. Selon elle, tout le monde porte des souvenirs associés à ses chansons. « Mon oncle aimait beaucoup Une chance qu’on s’a. Quand ma tante était mourante à l’hôpital, il m’avait prise par le bras et il m’avait dit ça : une chance qu’on s’a », raconte-t-elle.

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D’origine belge, Marie Dominique l’a découvert à son arrivée au Québec, il y a plus de 30 ans. « Je l’ai tout de suite tellement aimé, mais je ne comprenais pas pourquoi le monde disait qu’il était un grand charmeur ! », blague-t-elle. C’est en le voyant pour la première fois sur la scène du Festival d’été de Québec qu’elle comprend enfin sa réputation. « C’était magique. Il avait une telle présence… Il fallait le voir ! », s’exclame-t-elle, avant d’observer un court silence. « On est triste, mais ses chansons vont rester. »