C’est difficile de comprendre comment le Gala Les Olivier peut passer d’une édition franchement réussie, celle de l’an passé avec Katherine Levac aux commandes, à une autre ennuyeuse, dénuée de punch et sans rythme, celle de dimanche soir présentée sur les ondes de Radio-Canada.

D’ailleurs, félicitations à tous les braves téléspectateurs qui ont survécu à autant de gags de dentier et de Billy Tellier dans une seule soirée. C’est un exploit à souligner.

La chimie entre les maîtresses de cérémonie Eve Côté et Cathy Gauthier n’a pas opéré à l’écran. Des deux, Eve Côté a été la plus solide et la plus précise dans le numéro d’ouverture, tandis que sa collègue Cathy Gauthier paraissait nerveuse et s’est enfargée souvent dans son texte (peu drôle), ce qui a cassé la cadence du spectacle.

De toute évidence, la complicité ne se force pas, elle se forge. Eve Côté a l’habitude d’échanger sur scène avec une complice, Marie-Lyne Joncas, des Grandes Crues. Pas Cathy Gauthier, qui semblait déstabilisée par la formule en duo et qui a beaucoup crié dans son micro. Si au moins elle avait crié des blagues comiques, ç’aurait été plus tolérable.

Aussi, quel gaspillage que d’obtenir la participation des légendes Steve Martin et Martin Short et de leur poser des questions aussi banales et zéro inventives devant un tableau cheapo. Ça faisait pic-pic. Et c’était gênant.

Disons-le également : ce ne fut pas une grosse année en humour, ce qui a débouché sur une liste de nommés moins lustrée qu’à l’habitude. Quand le public remet l’Olivier de l’année à un artiste qui n’a pratiquement pas pratiqué la chose humoristique, Mathieu Dufour, c’est un signe que ce prix-là ne fonctionne pas.

Heureusement, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques a sauvé l’honneur de sa profession avec deux discours sentis, intelligents et touchants. Tous n’ont hélas ! pas eu cette élégance dans leurs remerciements. Après son premier trophée, Billy Tellier a utilisé une formulation boiteuse pour se féliciter de gagner sa vie en intimidant des gens, ou un truc maladroit du genre.

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Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques

Les paires de présentateurs n’ont pas non plus fait lever le toit de la salle Pierre-Mercure. Même François Pérusse, mon idole, a offert une vignette très moyenne et répétitive, comme une pièce de Tata Boutlamine.

Ces numéros étaient toujours trop longs. Exemple : Cathy Gauthier qui a verbalement attaqué Claude Meunier pendant d’interminables minutes. Coupez ! En même temps, on comprend les humoristes de garder le meilleur matériel pour leurs propres spectacles. Pourquoi brûler du bon stock, comme ça, dans le vide ?

À la fin de la cérémonie, Stéphane Rousseau a été hilarant dans la présentation du dernier trophée. Prenez des notes, ici : c’est payant de se forcer et de répéter ses lignes.

Le décalage entre le gala sans faute de Katherine Levac et celui, en dents de scie, d’Eve Côté et Cathy Gauthier était frappant. Il y avait un thème et une direction dans la fête pilotée par Katherine Levac, alors qu’Eve Côté et Cathy Gauthier ont tiré partout sans viser la cible. Même leurs prix citrons n’ont pas provoqué de grimaces.

La vidéo d’introduction, où les deux animatrices chassaient les clowns dans leur habitat naturel, annonçait pourtant de belles choses, avec des apparitions rigolotes de Chantal Machabée, Denis Lévesque, Katherine Levac (en porte-parole de la SAAQ) et même Steve Martin et Martin Short, quelle prise impressionnante, j’insiste.

Puis, baisse de régime avec le numéro musical inspiré d’En direct de l’univers, qui a jumelé des interprètes (2Frères, Marie Denise Pelletier, Pierre Lapointe) à des chansons drolatiques écrites par des humoristes (Yvon Deschamps, Les Denis Drolet, Laurent Paquin). Sympathique, mais pas transcendant.

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Pierre Lapointe, lors du numéro musical présenté au Gala Les Olivier

Dès les premières minutes, Eve Côté et Cathy Gauthier ont écorché Martin Matte, « l’homme condamné à l’excellence qui a visiblement fini sa sentence ». Mordante, Cathy Gauthier a enchaîné, toujours sur Martin Matte : « on pensait qu’il était mauvais comédien, on ne l’avait pas encore vu animer ». Julien Lacroix, Guillaume Lemay-Thivierge et Gilbert Rozon n’ont pas autant été égratignés, c’est pour dire.

En comparaison avec l’ADISQ ou les Gémeaux, dont la qualité demeure élevée, bon an, mal an, le Gala Les Olivier traîne une réputation d’instabilité et d’inégalité depuis des lunes. Cette 25e cérémonie vient encore de nous le prouver.

Zap ! et bam ! pour Batman et Robin !

L’athlète paralympique Frédérique Turgeon, 25 ans, a pleuré, chigné, boudé, braillé et menacé d’abandonner si ses adversaires de Big Brother Célébrités ne lui avouaient pas la vérité à propos de son sort dans la partie. En voilà une qui aurait eu besoin d’un boost Energex d’Adrien Gagnon.

Pour pétrir le mental de ses colocs, Frédérique dite Fredski a répété des phrases chocs, imbibées d’émotion et trempées dans la culpabilité, qui ont failli faire flancher l’olympien Charles Hamelin : je me sens seule, je trouve ça chien, je trouve ça dégueulasse, je me suis fait niaiser, je me suis fait dire de la marde.

Ce à quoi personne n’a osé lui répondre : ben oui, Fredski, des gens t’ont menti, reviens-en. C’est plate, c’est fâchant, mais c’est ça, le jeu. Il y a de la magouille, de la duperie, mais surtout, un regroupement majoritaire qui contrôle la maison depuis la troisième semaine.

Cette Alliance pas d’nom, composée de Charles Hamelin, de la youtubeuse Gabrielle Marion, de l’humoriste Danick Martineau et du comique Dave Morgan, a exécuté son plan pour progresser le plus loin possible. Et tout a roulé pour eux.

En position minoritaire, Frédérique Turgeon a raté plusieurs occasions de renverser le pouvoir, notamment en rejetant les mains tendues par le scénariste Daniel Savoie et la comédienne Joëlle Paré-Beaulieu. Fred a également complètement gelé dans le défi du souper dans le noir, ce qui l’a installée, une fois de plus, sur le bloc d’élimination. La paire des Braillardes qu’elle formait avec Gabrielle Marion a évidemment été séparée dans les larmes, comment la dissoudre autrement ?

À l’inverse, Danick Martineau, le Robin du duo Batman et Robin, remporte toutes les épreuves depuis deux semaines. Il bonifie son CV pour le jury, et ces victoires en série ne lui nuiront pas. Par contre, la froideur et le détachement de Danick par rapport aux évictions le rendent antipathique, en comparaison avec l’attitude plus humaine de Charles Hamelin, alias Batman, qui abat le sale boulot (en bloquant Fred au véto diamant), mais qui éprouve des remords sincères devant une camarade à sacrifier.

À moins d’un tour de magie plus intéressant que celui de Chuckadabra, la finale de Big Brother Célébrités se disputera entre Charles et Danick. Danick a plus de chances de triompher avec Dave ou Gabrielle à ses côtés. Même scénario pour Charles. Maintenant, lequel de Batman ou de Robin trahira l’autre en lui assénant un « ka-pow » fatal ? Dans la chambre des mises, je gagerais tous mes jetons sur Danick.