J’ai les goûts d’un enfant de 11 ans pour les jeux vidéo. Toutes les versions de Mario Kart, le Super Mario traditionnel, le vieux Punch-Out ! et la bonne Zelda, ne me partez pas sur Zelda de la console Nintendo Switch, car je pourrais vous gazer pendant des heures avec les Korogus (je déteste leur braillage de bébé) ou les Gorons (mes rondouillets préférés).

En ce moment, je refuse même de compléter la dernière aventure de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom parce qu’une fois cette quête terminée, le jeu sera fini et il n’y en aura plus d’autre avant plusieurs années. Oui, je repousse le deuil et le grand vide qui en découlera. Peureux et prévoyant de même.

Je ne m’amuse visiblement pas avec les jeux vidéo d’adultes qui inspirent les créateurs de télévision haut de gamme. Avant d’engouffrer The Last of Us sur la plateforme Crave, je ne savais pas que son scénario s’inspirait d’un jeu hyper populaire. Même chose pour la supersérie post-apocalyptique Fallout d’Amazon Prime Video, qui se joue également sur un ordinateur ou une console, avant de se dévorer à la télé.

C’est vraiment très bon, Fallout, une sorte de croisement entre Silo d’Apple TV+, Westworld (des mêmes créateurs) et The Last of Us, justement. Et nullement besoin de connaître l’univers vidéoludique de Fallout pour embarquer à fond dans ce western rétrofuturiste, qui comporte huit épisodes de plus d’une heure, offerts en anglais et en français, dans une version doublée au Québec, bravo.

Cette série chorale à la fois comique et violente démarre dans une fête d’enfants, à Los Angeles, dans une esthétique d’Épopée rock calquée sur celle des années 1950. Une gigantesque attaque nucléaire rase alors la planète et les plus aisés ont réussi à se cacher dans d’énormes abris antiatomiques, où ils vivent en complète autarcie. Exactement comme dans Silo.

Plus de 200 ans après le champignon nucléaire, le niveau de radiation diminue à la surface de la planète, ce qui permettrait aux habitants des abris, riches et privilégiés, d’enfin sortir de leurs bunkers souterrains. Mais voilà, personne ne sait à quoi ressemble la vie sur Terre. Ce qui a été jadis la luxuriante Californie s’appelle désormais les terres désolées, un immense désert où il y a des ours mutants, des coquerelles géantes, des bidonvilles à la Mad Max et aussi des humains pauvres et débrouillards.

En résumé rapide : sous terre, c’est le Pleasantville des fortunés. Sur la Terre, c’est l’anarchie pour les démunis.

Fallout suit trois personnages principaux dans leurs quêtes qui finiront par se croiser, je ne divulgâche rien ici. Lucy MacLean (Ella Purnell de Yellowjackets), une jeune femme naïve et enthousiaste, quitte son confortable abri (le numéro 33) pour retrouver son père Hank (Kyle MacLachlan), kidnappé par une mystérieuse mercenaire qui vit à l’extérieur, dans ce monde hostile et dangereux.

Maximus (Aaron Moten) est un soldat de la Confrérie de l’Acier, une milice qui a été fondée sur les cendres de l’ancienne armée américaine et qui tente de reprendre le contrôle des terres désolées. Et il y a la Goule (Walton Goggins), un homme déformé sans nez ni cheveux, qui a résisté à toutes les attaques imaginables.

PHOTO FOURNIE PAR AMAZON MGM STUDIOS

Walton Goggins dans Fallout

Il faut sauter dans Fallout avec détachement et laisser-aller. C’est 100 % normal de ne pas comprendre tout d’un coup les codes de cet univers vaste et complexe. Résistez, contrairement à moi, à l’envie de tout googler et wikipédier en visionnant les épisodes. C’est correct de ne pas savoir qui a largué la bombe atomique ou combien il y a d’abris au total dans l’histoire. Les réponses arriveront plus tard, quand elles s’avéreront absolument nécessaires. Sinon, progressez dans Fallout et laissez-vous attraper dans ses multiples ramifications.

C’est par le personnage de Lucy, l’héroïne qui a grandi dans le cocon duveteux de l’abri 33, que le téléspectateur découvre comment la vie s’est réorganisée à l’extérieur des sociétés souterraines. Et ce que Lucy découvre « dehors » pulvérise son idéalisme. Les gens se tirent dessus, se volent, se battent, s’escroquent et meurent dans des conditions atroces. Il existe même un incinérateur à chiots vivants !

On voit dans Fallout une décapitation au couteau de cuisine électrique et des têtes qui explosent sous les balles. Ça va, on endure et on ravale. Mais dès qu’on touche à un chien, le cœur me serre.

C’est quand même étrange comme réaction. Un humain meurt dans des souffrances épouvantables ? Bof, il n’y a rien là. Un chien se fait poignarder dans la même séquence ? Laissez cette pauvre bête tranquille, ma gang de % ? & *@, je vais aller vous arracher la tête !

Je lévite

La pub des Pays d’en haut de Miralis

Donatienne (Kim Despatis) visite Donalda (Sarah-Jeanne Labrosse) et lui apporte un petit ketchup. Surprise : Séraphin a sorti ses « cennes » pour refaire la cuisine – à la mode de 2024 – avec un frigo dissimulé et même une friteuse à air chaud, qui a cuit des cornichons pour l’apéro. Le décalage entre la fin du XIXe siècle, où vivent Donalda et Donatienne, et la modernité des appareils ménagers d’aujourd’hui est savoureux. C’est le genre de pub que l’on revoit sans se lasser et sans la zapper, ce qui est rare en Rybelsus !

Je l’évite

La pub tonitruante d’IKEA

On comprend ce que le géant suédois du meuble à assembler essaie de faire : casser son image proprette, injecter de la couleur dans des maisons ternes, ainsi que séduire une clientèle plus jeune et rock’n’roll, qui pense qu’une lampe Tertial à 18,99 $ va changer un bureau laid en appartement brooklynois. Résultat ? La chanson Come On du groupe garage punk The Hives, une autre fierté suédoise, finit par nous agresser. Solidement. Et plus personne n’a le goût de faire du « air guitar » sur un lit Malm à 299 $.