Après le succès monstre de The Last of Us, une autre série de jeux vidéo fort populaire passe de la console à la télévision en continu. La Presse s’est entretenue avec trois des acteurs de Fallout et son cocréateur, Jonathan Nolan, frère d’un certain Christopher.

Les jeux

IMAGE FOURNIE PAR BETHESDA SOFTWORKS

Image du jeu Fallout 4

Tout comme The Last of Us, Fallout se déroule dans un monde postapocalyptique. Les premiers volets de ce dernier remontent toutefois à plus longtemps, avec la sortie sur PC et Mac de Fallout et de sa suite, en 1997 et 1998, respectivement. Dix ans plus tard, le troisième chapitre, cette fois également offert sur la PlayStation 3 et la Xbox 360, a été fort bien accueilli par les joueurs et la critique. En plus de Fallout 4, sept jeux dérivés ont depuis été lancés sur diverses plateformes. L’histoire : à la suite d’une guerre nucléaire qui a dévasté la planète, deux classes se sont formées, ceux qui survivent tant bien que mal à la surface et ceux qui habitent des abris souterrains. Les évènements se déroulent des dizaines d’années après la guerre. Des générations d’humains ont donc grandi sans avoir vu la désolation du monde. Alors que d’autres s’y sont adaptés, parfois de manière horrifiante. « Le ton des jeux est ce que nous avons d’abord tenté de reproduire, indique Jonathan Nolan. On y retrouve autant le côté sombre de l’humanité et subversif de la société que l’humour et l’émotion, tout ça dans un emballage rétrofuturiste. »

La série

PHOTO VIANNEY LE CAER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le cocréateur de Fallout Jonathan Nolan à la première de la série à Londres, le 4 avril dernier

L’action de Fallout sur Prime Video débute donc en 2296, 219 ans après le conflit qui a détruit le monde. Toutefois, il ne s’agit pas de notre monde. « Ces États-Unis n’ont pas vécu le Watergate ou la guerre du Viêtnam. Ils n’ont jamais vécu cette époque de recueillement et de réflexion collective. Ils ont poursuivi sur l’élan de l’ère [du président Dwight D.] Eisenhower », précise Jonathan Nolan, qui réalise les trois premiers épisodes. La technologie est plus avancée que la nôtre, mais son esthétisme est d’une autre époque. Plus frappante encore est la musique. Des chansons de Buddy Holly, de The Ink Spots, de The Andrew Sisters et de LaVern Baker rythment la série et offrent un joli contraste avec l’aridité du paysage. Une autre des particularités des jeux Fallout est qu’ils se déroulent dans un monde ouvert. « Tu ne choisis pas seulement la direction dans laquelle tu vas, mais aussi la direction dans laquelle ton compas moral pointe, résume celui qui est aussi derrière la dystopique Westworld. Pour nous, la meilleure façon de représenter ce monde de possibilités et ses dilemmes moraux était de le représenter par divers personnages. »

Les personnages

PHOTO JOJO WHILDEN, FOURNIE PAR PRIME VIDEO

Un chevalier de la Confrérie de l’Acier et Maximus, joué par Aaron Moten

Fallout offre trois points de vue principaux. Lucy MacLean, incarnée par Ella Purnell (Yellowjackets), a passé toute sa vie dans l’abri 33. À la suite de l’enlèvement de son père (Kyle MacLachlan), sympathique dirigeant de l’endroit, elle décide de sortir de son nid douillet pour partir à sa recherche. Lors du processus d’audition, les producteurs ont décrit Lucy à l’actrice britannique comme un mélange entre Leslie Knope (l’enthousiaste Amy Poehler dans Parks and Recreation) et Ned Flanders (irréprochable voisin de la famille Simpson). « J’ai immédiatement imaginé ce que ça donnerait et je voulais y donner vie, confie Ella Purnell. Pour Lucy, c’est aussi un étrange passage à l’âge adulte. Elle a été protégée toute sa vie, elle est naïve, puis, soudainement, elle doit apprendre très vite. » Aaron Morten incarne Maximus, écuyer dans la Confrérie de l’Acier (Brotherhood of Steel), regroupement aux accents cultistes né des cendres de l’armée américaine. « C’est le rôle le plus physiquement exigeant que j’ai interprété, déclare l’acteur vu dans Emancipation. Mon personnage commence avec une certaine vision du monde et sa perspective change au même rythme qu’il découvre le Wasteland [la surface détruite]. On peut se reconnaître en lui. » Walton Goggings (Justified, The Shield) personnifie quant à lui Le Goule, un homme défiguré par les radiations, maintenu en vie depuis plus de deux siècles grâce à un cocktail de potions. Il hante Los Angeles tel un fantôme du far-ouest.

Notre avis

PHOTO FOURNIE PAR PRIME VIDEO

Walton Goggings est un Goule dans la série Fallout.

Transposer le ton particulier des jeux Fallout à un récit télévisé était un défi de taille. L’humour décalé, la vaste désolation, l’action intense, les personnages et les créatures terrifiantes ainsi que la résilience et la noirceur de l’humanité sont tous bien intégrés dans la série, mais avec un succès à degré variable. L’ensemble peut être chaotique et les fréquentes ruptures de ton nuisent parfois à l’immersion dans cet univers qui devrait être davantage inquiétant que loufoque. L’esthétisme est une réussite et les images, souvent en plein jour, sont superbes. L’action est cependant peu impressionnante. Les trois personnages principaux sont intéressants – Lucy se démarque – et parviennent habilement à faire comprendre les différentes réalités de ce monde dystopique.

Sur Prime Video

Quelques mots sur Dune

IMAGE TIRÉE DE DUNE (1984)

Kyle MacLachlan est Paul Atreides dans Dune, de David Lynch.

Kyle MacLachlan, qui interprète Hank MacLean, « père dévoué » de Lucy et Norm ainsi que le dirigeant « imperméable à la négativité » de l’abri 33, incarnait un tout autre personnage il y a 40 ans : Paul Atreides dans Dune, de David Lynch. Nous lui avons demandé ce qu’il a pensé de la version de Denis Villeneuve. « Je n’ai vu que le premier, mais j’ai vraiment aimé. Je suis un grand fan du livre, que j’ai lu quand j’avais 15 ans. Je m’imaginais déjà comme Paul, puis, en 1983, j’ai eu la chance de le jouer, ce qui est plutôt bizarre. Avant de voir celui de Denis, je craignais que le nôtre perdre de sa valeur ou soit effacé, mais après mon visionnement, j’étais rassuré de savoir qu’ils pouvaient coexister. »