Êtes-vous réfractaire à l’utilisation du noir et blanc au petit écran, comme l’est notre chroniqueur Hugo Dumas ? Croyez-vous au contraire qu’il s’agit d’un choix esthétique qui se défend dans certaines circonstances ? Notre appel à tous a suscité des réactions aussi nombreuses (plus de 500) que contrastées. En voici une sélection.

Pour

J’apprécie que cette question soit soulevée. Mon époux et moi sommes totalement opposés sur ce sujet. Celui-ci apprécie très peu les films classiques et privilégie les versions colorisées, cela donne l’impression qu’un film en noir et blanc lui brûle les yeux ! Pour ma part, je me considère comme une amoureuse du cinéma classique et honnis la colorisation. L’atmosphère que créent l’ombre et la lumière, la subtilité, les effets dramatiques ne peuvent être reproduits dans un film colorisé. Je suis une abonnée de la chaîne [française] TCM Cinéma, spécialisée dans la présentation de films produits depuis la création du cinéma jusqu’à nos jours. Muet, étranger sous-titré, noir et blanc, couleur. Je suis toujours émerveillée par le talent et la qualité d’un bon film, toutes époques confondues. Il suffit de regarder les films de Chaplin, Fritz Lang, Jean Cocteau, Truffaut, Hitchcock, Spielberg, etc. Mais à chacun sa perception et ses goûts.

Lola Lefebvre Tremblay

Quelle question ! Le noir et blanc sert tellement mieux la richesse [de la série Ripley], la complexité du scénario, le jeu des comédiens et le rôle des lieux, magnifiques, qui sont aussi des personnages importants de l’histoire. […] En fait, je n’ai réalisé qu’au sixième épisode environ que tout était en noir et blanc. L’absence de couleurs, dans le cas présent, enrichit cette production fascinante. Et le film Manhattan de Woody Allen ? Vous le préféreriez en couleurs ?

Anne Fournel

Pour, quand cela sert le propos, l’atmosphère. Comme en photographie, la couleur amène un « vivant », un réalisme. Elle peut aussi distraire du sujet. La photographie noir et blanc est poétique, c’est une « image », moins une réalité. Nos nouvelles télés 4K ou autres offrent la définition nécessaire, comme dans les œuvres photos d’Ansel Adams. Oserions-nous demander à Van Gogh de mettre moins de jaune, comme dans une vidéo qui circule en ce moment sur les réseaux sociaux ? Un réalisateur nous fait une proposition. Elle fait partie de son œuvre. Je n’ai pas vu la série Ripley ; je me positionne de manière générale sur le sujet.

Johanne Mercier

Vous affirmez d’emblée que vous vous y opposez parce que c’est nier le progrès en quelque sorte. Ça me semble être un jugement un peu court. Les choix techniques du réalisateur et de son directeur photo doivent traduire la vision et l’atmosphère souhaitées ou que le film commande. Et dans le cas de Ripley, c’est, j’en suis convaincu, un choix absolument judicieux, même essentiel. En effet, c’est une esthétique s’inspirant du cinéma expressionniste dont les sujets étaient souvent les troubles mentaux et la folie. Ce mouvement a engendré le film noir, auquel vous faites allusion dans votre article. Les hauts contrastes créés par les éclairages latéraux (clair-obscur) étaient le propre de ce cinéma. Les références nombreuses aux peintures du Caravage, pleines de contrastes, viennent appuyer ce choix. Vous déplorez que le noir et blanc nous prive de la beauté de la côte amalfitaine, mais il ne s’agit pas d’un film touristique ; la couleur nous aurait distraits du propos de la série. J’ai adoré cette série à tous points de vue.

Michel Caron

Contre

Je suis contre la télé en noir et blanc. Cette façon de faire était simplement due à la technologie couleur qui était inexistante à l’époque. Il n’y a aucune raison pour l’utiliser maintenant. À la rigueur, des scènes en noir et blanc pourraient être insérées dans un but esthétique ou pour créer une différence d’époque.

Jean Dagenais

J’ai regardé le premier épisode de Ripley sur Netflix. Malheureusement, pour avoir vu l’endroit où ce film semble avoir été tourné, je regrette qu’il ne soit pas en couleur. Si vous regardez le film (pas du tout le même style) The Equalizer 3 avec Denzel Washington, vous reconnaîtrez que les paysages sont tout à fait semblables, mais énormément plus vivants en couleur. Dakota Fanning est lumineuse dans The Equalizer et très peu dans Ripley. Il est peu probable que je regarde les autres épisodes de Ripley à cause du manque de couleur.

Pierre Raymond

J’ai vécu du noir et blanc de 1939 à 1960, en photos, en films et à la télévision. Vingt ans, c’est amplement. Je privilégie la vitalité de la couleur en tout. Je laisse l’engouement des mille et une nuances du noir au blanc aux esthètes. Vive les couleurs.

Monique Jannard

L’être humain est la seule espèce dont l’œil peut percevoir toutes les nuances de couleurs, alors pourquoi s’en priver ? Pour ma part, je peux tolérer un vieux film ou un documentaire d’époque en noir et blanc, mais pas une série récente, aussi bonne soit-elle, surtout avec l’immense choix qui s’offre à nous sur toutes les plateformes. Étant de la génération qui a connu d’abord la télévision en noir et blanc avant l’avènement de la couleur, je n’ai pas du tout envie de revenir en arrière !

Danièle Drolet

Lisez notre chronique « Pour ou contre le noir et blanc en télé ? »