Lundi, autour de 21 h 59. Il risque de se pousser un immense cri collectif d’effroi, lorsque les dernières secondes de la finale de Doute raisonnable défileront sur les écrans de centaines de milliers d’accros.

C’est un punch fracassant, et difficile à deviner, qui clôture la troisième saison du palpitant thriller policier de Radio-Canada, qui se bonifie d’année en année. La suite de Doute raisonnable reprendra à l’hiver 2025 « littéralement une seconde après cet évènement », me confirme l’auteur de la télésérie, Pierre-Marc Drouin.

Maintenant, nul besoin d’alerter mes patrons à La Presse ou le bougonneux Dorcely (Benz Antoine), je ne divulgâcherai rien sans la présence de mon avocat. Ou un truc du genre.

Ce dernier épisode de Doute raisonnable boucle la longue enquête sur le collectionneur de cordons et exécute même un saut de deux mois dans le temps afin que certaines blessures – physiques et émotives – guérissent et se referment, vous comprendrez lors du visionnement.

Après l’arrestation du raciste et misogyne Alex Gravel (terrifiant Jean-Moïse Martin), incapable de maintenir une érection, l’équipe du GICCS a déduit que l’agresseur des joggeuses n’opérait pas seul. Quelqu’un cognait (ça, c’est Gravel) et quelqu’un violait (identité à confirmer).

Cette personne, qui échangeait des textos avec Alex Gravel, a accroché un cordon vert à la poignée de porte d’Alice Martin-Sommer (Julie Perreault) pour la menacer. À partir de là, tout déboule.

Dans la peau de l’héroïne tourmentée de Doute raisonnable, Julie Perreault brille dans cet épisode ultime. Avec ses yeux apeurés, son corps en mode repli et sa voix qui casse, l’actrice offre une performance de calibre Gémeaux.

Plusieurs téléspectateurs se demandent pourquoi la torturée Alice, qui a subi un viol collectif à l’âge de 13 ans, ne sollicite pas l’aide d’un sexologue ou d’un psychologue pour mieux vivre avec son passé traumatique. La réponse ?

Ce n’est pas donné à tout le monde de consulter. Alice a peur de gratter ces affaires-là. Ça lui a tout pris pour dire à Fred [Marc-André Grondin] qu’elle a été violée. Elle ne serait pas du genre à s’asseoir pendant une heure avec un psy pour ne parler que de ça.

Pierre-Marc Drouin, scénariste de la série Doute raisonnable

Point tout à fait valide. C’est d’ailleurs cette confidence d’Alice, autour du feu, qui a permis à Fred d’enfin baisser sa garde, lui qui se méfie et qui surveille Alice depuis le tout premier épisode de Doute raisonnable.

Et non, Alice et Fred ne formeront pas un couple. « Je serais extrêmement surpris de ça. Toute l’équipe de Doute raisonnable résiste à ce qu’on aille là. On veut garder la tension entre les deux et on ne veut pas faire comme dans X-Files », précise Pierre-Marc Drouin.

Les fans des X-Files ont longtemps espéré que Dana Scully (Gillian Anderson) et Fox Mulder (David Duchovny) sortent ensemble. Quand les deux agents du FBI se sont finalement embrassés, après sept saisons, c’est comme si quelque chose avait été cassé dans l’émission.

De toute façon, le cœur d’Alice bat pour le bel agent immobilier Rémy Deblois (Pierre-Yves Cardinal), le premier qui a réussi à percer sa carapace en près de 30 ans de relations sans intimité. « J’ai tellement d’empathie pour Alice. Elle a de la misère à se faire donner un câlin et à dormir dans le même lit qu’un homme. C’est complètement brutal de commencer sa vie avec un viol collectif. Elle est complètement scarifiée et sa fondation est fissurée », constate l’auteur Pierre-Marc Drouin, qui a déjà pondu les deux premières heures de Doute raisonnable 4.

Par contre, le prolifique scénariste, trop occupé par le nouveau téléroman Les armes de TVA, passera le relais à William S. Messier pour l’écriture des huit derniers épisodes, qui ramèneront tous les membres du GICCS pour d’autres cas d’agressions sexuelles à élucider.

Cet hiver, les scènes d’interrogatoire de Doute raisonnable, inspirées de celles de Mindhunter sur Netflix, ont été particulièrement efficaces et captivantes. On y voyait une femme brillante et rusée (Alice) qui en décousait avec des suspects hyper intelligents, mais de la façon la plus tordue qui soit. Ces joutes orales entre Alice et Alex Gravel, de même qu’entre Alice et Yvan Belzile (François Papineau), ont été glaçantes et chorégraphiées avec une minutie impressionnante.

Quant à la finale de Doute raisonnable de lundi, déjà en ligne sur l’Extra de Tou.tv, elle implique un tisonnier, du vin blanc quasi fluo, de la truite de pourvoirie aux épices italiennes ainsi qu’un vieux jambon qui ne bande pas. Préparez-vous à hurler.

Je lévite

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

L’auteur Éric Chacour

Avec Ce que je sais de toi d’Éric Chacour

Difficile de croire que ce magnifique roman, un des plus beaux de la dernière année, est le premier de l’auteur montréalais Éric Chacour. La richesse du vocabulaire, la maîtrise de la langue et la façon ingénieuse de raconter cette histoire d’exil et d’amour interdit nous font traverser les 302 pages en un temps record. Ce livre, rempli de douceur et de secrets familiaux, suit Tarek, un médecin du Caire, en Égypte, dont le destin chavirera à la rencontre d’une personne bien spéciale, qui forcera son exil à Montréal. C’est à la fois lumineux, triste et très surprenant.

Je l’évite

Toutes les pubs de médicaments

On a déjà réglé le cas de Rybelsus – avez-vous dit Rybelsus ? – dans une chronique précédente. On ajoute Tresiba au dossier noir. Avez-vous déjà songé à prendre de l’insuline ? Tresiba ready ! nous hurle l’indicatif publicitaire à la radio commerciale. C’est juste non. C’est également refusé pour les publicités de Contrave. Vous voulez savoir si les comprimés Contrave pourraient vous convenir ? Pas vraiment, non. Forcez-vous un peu, Seigneur.