Samedi dernier, j’ai mis le cap sur la charmante ville de Mont-Saint-Hilaire pour assister à l’une des quatre lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global. Je m’attendais à vivre quelques émotions. Disons que j’en ai eu pour mon argent.

J’ai découvert que cette ville de 18 000 habitants possède son propre musée des beaux-arts. Oui, monsieur ! C’est d’ailleurs là qu’avaient lieu les lectures, dans les salles où sont actuellement présentées une exposition du peintre Marcel Barbeau, une autre sur les Automatistes et une troisième consacrée à Riopelle. Si vous voulez les voir, dépêchez-vous !

Mais ce n’est pas tout, ce musée (dont la valeur de la collection totalise 10 millions de dollars) est relié à trois autres lieux culturels qui forment les Muséales de Mont-Saint-Hilaire, un « concept absolument unique », m’a expliqué Geneviève Létourneau, la directrice générale de l’institution.

Ainsi, lors d’une même visite, vous pouvez découvrir la maison Paul-Émile-Borduas (avec le mobilier que le peintre a acquis de l’École du meuble), le Domaine Ozias-Leduc (où j’ai passé une heure passionnante en compagnie de l’animatrice Josée Séguin avant d’acheter un crumble aux pommes absolument délirant chez le pomiculteur voisin) et la Maison des Peuples autochtones.

Quelle vitalité, quelle effervescence et quelle passion j’ai pu observer ! Vous me direz que ce ne sont pas toutes les villes du Québec qui ont eu la chance d’avoir comme citoyens Paul-Émile Borduas (chez qui les jeunes Automatistes se réunissaient), Ozias Leduc et Jordi Bonet, c’est vrai. Mais ce qu’on a réussi à faire à Mont-Saint-Hilaire part d’abord d’une réelle volonté de faire bouger les choses.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le sculpteur et peintre ethnographe André Michel

Celui qui est à l’origine de ce projet est André Michel. Cet artiste, capable de soulever les montagnes, a quitté sa France natale pour venir s’installer au Québec en 1970.

Au début des années 1990, il a créé le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire (MBAMSH) qui fonctionne sur le principe d’un OBNL. Il est aussi à l’origine de trois institutions muséales à Sept-Îles.

Cette énergie hors du commun, je l’ai aussi retrouvée chez Patrick Caux qui a organisé les quatre lectures publiques du week-end dernier. Ce comédien, qui personnifie Borduas dans un très beau film que l’on peut voir à la maison du peintre (le réalisateur Michael Cutler a investi 50 000 $ de sa poche dans ce projet tellement il voulait le faire), a remué ciel et terre pour rassembler des comédiens et des personnalités autour des quatre lectures.

Parmi la trentaine de personnes qui ont prêté leur voix et leur talent, dont certaines ont un lien avec Mont-Saint-Hilaire, on retrouvait Marc Labrèche, François Avard, Marcel Sabourin, Chantal Lamarre, Marcel Lebœuf, Bruno Pelletier, Muriel Dutil, Michel Coulombe, Dorothée Berryman, Yves Simoneau, Pierre-Luc Brillant et plusieurs autres.

  • François Avard lors des lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global

    PHOTO FOURNIE PAR MATHIEU PRATTE

    François Avard lors des lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global

  • Manon Barbeau lors des lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global

    PHOTO FOURNIE PAR MATHIEU PRATTE

    Manon Barbeau lors des lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global

  • Marcel Sabourin lors des lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global

    PHOTO FOURNIE PAR MATHIEU PRATTE

    Marcel Sabourin lors des lectures publiques soulignant le 75e anniversaire du manifeste Refus global

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Tous ont lu avec brio les textes de Refus global. Et ils l’ont fait bénévolement pour soutenir le MBAMSH. Volonté et passion, vous dis-je !

On parle très souvent des villes du Québec pour souligner leur laideur ou leur absence de personnalité. C’est vrai qu’il en existe un bon paquet. Mais on parle trop peu de celles qui sont belles, qui nous font de l’œil quand on quitte les autoroutes, qui vibrent de partout, qui donnent de la place à l’art et aux artistes, même si elles sont petites ou de grosseur moyenne.

Excluons les cinq plus grandes villes du Québec (Montréal, Québec, Laval, Gatineau, Longueuil) et allons-y d’un survol de quelques municipalités qui se distinguent par leur dynamisme. Puis-je mentionner Sherbrooke, Joliette et La Malbaie (où l’on peut actuellement voir une exposition très réussie sur Riopelle) et leurs splendides musées ? Trois-Rivières et ses lieux patrimoniaux ? Baie-Saint-Paul et son symposium ?

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Exposition au Musée d’art de Joliette

Peut-on parler des jardins Grand-Métis, en Gaspésie, ou du Domaine Joly, dans la région de Lotbinière ? Peut-on également évoquer le Festival de cinéma de Rouyn-Noranda ou le Festival international de la chanson de Granby ?

Ces villes sont des moteurs pour leur région ! Bravo à ceux qui ont créé ces lieux et ces évènements. Et bravo à ceux qui en assurent la pérennité.

Cette semaine, on a inauguré le Centre des mémoires montréalaises (ancien Centre d’histoire de Montréal). Il fait partie de la cinquantaine de musées de la métropole. Oui, vous avez bien lu : il y a 50 musées à Montréal. Il y en a tellement qu’on en oublie quelques-uns.

Même si elles ont leurs défis, les grandes villes ont des moyens et des infrastructures que les petites municipalités n’ont pas. On doit se battre pour convaincre et séduire, mener des batailles, créer des collectes de fonds, rassembler des forces vives pour parvenir à ses fins.

Avec ou sans l’aide des ordres gouvernementaux, ces villes réussissent parfois l’impossible. Elles le font pour nourrir leur ADN, pour freiner l’exode des artistes vers les grands centres et, surtout, pour faire vibrer leurs citoyens.

Ce week-end marque une nouvelle édition des Journées de la culture. Vous allez entrer dans des ateliers d’artistes, assister à des conférences, aller voir des expos ou assister à un concert. Ayez une pensée pour ceux et celles qui se démènent afin d’assurer la présence de la culture dans votre milieu. Ces gens sont des trésors !

Consultez le site du Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire Consultez le site des Journées de la culture

Appel à tous

Vous croyez qu’il y a un dynamisme culturel dans votre ville qui mériterait d’être connu ? Il y a des citoyens exceptionnels qui font bouger les choses ? Décrivez-moi vos bonheurs ou vos déceptions. Je souhaite donner suite à ce sujet.

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