Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier.

L’idée d’entrer par hasard dans une galerie d’art vous intimide-t-elle ? Croyez-vous devoir être un fin connaisseur de l’art ou encore avoir les moyens pour acheter une œuvre ? Détrompez-vous.

« Créer un contexte où les gens sont à l’aise d’entrer dans une galerie », c’est au cœur de Galeries Weekend Montréal, qui débutent ce jeudi. À travers quatre circuits, le public est invité à visiter 23 galeries qui offrent une programmation spéciale et qui sont spécialement ouvertes le dimanche. « On prend le visiteur par la main », indique Julie Lacroix, directrice générale de l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC), à qui l’on doit aussi la foire d’art contemporain Plural.

Nous avons décidé de faire le circuit des trois galeries les plus excentrées : celle de Chris Andrews qui vient d’ouvrir dans un coin tranquille de Villeray, la Galerie TAP dans Saint-Michel (dans l’édifice des Ateliers 3333, projet de Marc Séguin), puis celle d’Yves Laroche dans Chabanel.

Les expositions que le public pourra voir en fin de semaine étaient en montage, mais nous avons pu parler aux galeristes.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Chris Andrews se réjouit de prendre part pour la première fois à Galeries Weekend Montréal.

Premier arrêt : la galerie Chris Andrews

N’arrivant plus à payer le loyer de son ancien local du Mile End, Chris Andrews a décidé de s’établir en mars dernier dans un coin de la rue Villeray Est où on ne s’attend pas à croiser une galerie d’art. Chaque jour, et ce fut le cas pendant notre visite, des passants s’arrêtent devant la vitrine par curiosité.

« J’adore le quartier et il y a beaucoup d’artistes qui vivent dans le coin », dit Chris Andrews.

Ce week-end, il présentera une autre exposition de dessins intitulée Vie publique. Seront réunies des œuvres de trois artistes de New York (Miguel Bendaña, Justin Chance et Sojourner Truth Parsons), ainsi que de la Torontoise Connie Wilson et du Montréalais Connor Bokovay. « Le dessin raconte la vie, fait valoir Chris Andrews. C’est un mode de communication qui peut avoir beaucoup d’impact. »

Une réception en présence des artistes est par ailleurs prévue samedi à la galerie.

Consultez la page de Chris Andrews

PHOTO FOURNIE PAR CHRIS ANDREWS

Let Go, de Sojourner Truth Parsons

Chris Andrews a grandi à Woodstock, en Ontario. Il a étudié et vécu à Toronto avant de s’établir à Montréal. Est-ce jeune, 29 ans, pour être galeriste ? Oui, convient-il. « C’est plus faisable à Montréal qu’ailleurs », ajoute celui qui fait aussi de la sculpture.

Le 1660 Villeray était anciennement occupé par un tailleur qui demeure propriétaire de l’immeuble et qui habite toujours en haut. Que dirait Chris Andrews à quelqu’un qui est timide à l’idée d’entrer dans une galerie ? « Je comprends que quelqu’un peut sentir que c’est inaccessible, mais c’est juste d’avoir une expérience avec l’art. »

On peut même ne pas aimer les œuvres et ne pas parler au galeriste, ajoute-t-il, pince-sans-rire.

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Marx Ruiz-Wilson, directeur de la Galerie TAP

Deuxième arrêt : la galerie TAP

« Toutes les réactions sont bonnes dans une galerie », dit pour sa part Marx Ruiz-Wilson, directeur de la Galerie TAP.

Ce n’est pas une galerie où on s’arrête par hasard en passant puisqu’elle est située sur le boulevard Crémazie que surplombe l’autoroute 40. Or, contrairement aux salles d’exposition qui sont dans le Vieux-Montréal ou le Mile End, la galerie est entourée d’ateliers d’artistes.

En fait, TAP est dans l’édifice des Ateliers 333, projet mis sur pied il y a deux ans par Marc Séguin.

La galerie a eu plusieurs vies : elle est née à Montréal, a déménagé à Toronto pour finalement rentrer au bercail dans Saint-Michel. « C’est une question de prix et de survie, blague Marx Ruiz-Wilson. Ici, le bail est à long terme. »

Pourquoi être allé vers le travail de curation plutôt que la création ? Tout a commencé en 2016 par une émission balado appelée Into This, où il s’entretenait avec des artistes. Ensuite, il a créé une première exposition au sous-sol de son immeuble du « ghetto McGill ». « J’aime mettre en lumière des artistes de différents backgrounds », dit celui qui est originaire du Mexique et qui occupe un deuxième emploi dans le domaine pharmaceutique.

Ce week-end, Marx Ruiz-Wilson est fier de présenter l’exposition Reality Sucks 3 de Mathieu Cardin, artiste qui s’interroge sur ce qui oscille entre le vrai et le faux, ou la réalité et la fiction.

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Une petite partie de l’installation de Mathieu Cardin

« Il pose la question : à quoi tu crois et pourquoi ? », indique Marx Ruiz-Wilson.

Avis aux intéressés : le vernissage a lieu ce jeudi à 17 h.

Consultez la page de la galerie TAP

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Yves Laroche et Alexis Paradis-Lemieux

Troisième arrêt : la Galerie Yves Laroche dans Chabanel

Contrairement à la Galerie TAP et celle de Chris Andrews, la galerie d’Yves Laroche n’est plus émergente. Dans son bureau, il y a des œuvres de Riopelle et de Serge Lemoyne, mais aussi de Shepard Fairey et Ron English.

Or, le galeriste montréalais renommé se proclame toujours un amoureux de « l’underground ». Dès notre arrivée, il nous dit regretter de ne pas avoir pu mener à terme le grand projet qu’il avait entrepris avec le bédéiste Henriette Valium disparu en 2021.

Yves Laroche a longtemps été galeriste dans le Vieux-Montréal, puis dans la Petite Italie. Le voilà dans Chabanel où il a aussi créé des ateliers d’artistes. « Tout le monde m’a dit de ne pas venir ici, mais la demande est tellement forte que je vais prendre un autre étage. »

Avec des baux sur plusieurs années, les artistes du 99 Chabanel ont une paix d’esprit. « Je suis un gars qui refuse de se gentrifier », lance Yves Laroche, qui travaille de près avec Alexis Paradis-Lemieux, à titre de directeur adjoint.

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Zoltan Veevaete en fin de montage

C’est Alexis qui est commissaire de l’exposition de Zoltan Veevaete Various personas présentée pendant Galeries Weekend Montréal. Le public pourra voir une installation numérique et des tableaux de l’artiste montréalais. « Ça réconcilie mes deux personnalités », dit celui qui s’intéresse à la dualité entre les images numériques et réelles. Comme peintre qui se sentait un peu perdu dans sa pratique, un saut dans l’art numérique lui a permis de vivre une renaissance, explique-t-il.

Vous voulez en savoir plus ? Zoltan Veevaete sera à la galerie Yves Laroche ce jeudi soir lors du vernissage de 17 h à 21 h. Ne soyez pas intimidé. C’est le but de Galeries Weekend Montréal de créer un lien entre le public, les galeristes et les artistes.

Consultez le site de l’évènement