1. L’art qui sauve
Lévisien d’origine, Francis Montillaud était bien mal parti durant son adolescence. « J’étais un peu perdu, un peu agressif, révolté et négatif, dit-il. Je ne me sentais pas bien dans ma peau jusqu’à ce que je découvre les arts visuels à l’âge de 20 ans. »
S’inscrivant à des cours d’arts plastiques, il comprend qu’il a trouvé sa voie quand il entre dans les ateliers de l’Université Laval. Parallèlement, de 20 à 24 ans, il est monteur d’échafaudages sur des scènes de spectacles en Europe. Une expérience qui lui ouvre les yeux, développe son sens de l’installation et de la mise en scène, ainsi que son goût pour la photographie et la vidéo.
Il amorce sa carrière avec une installation vidéo, Helio Plage, présentée à la Manif d’art de Québec, en 2005. Il réalise ensuite la conception vidéo de la pièce Ailleurs du metteur en scène Kevin McCoy, qui connaît un beau succès au Québec. « Comme Kevin était le chum de Robert Lepage, j’ai pu travailler dans un studio de la caserne Dalhousie avec le matériel de tournée de Robert. On a pu construire le spectacle comme une grosse installation vidéo. »
Fasciné par les expressions du visage humain, Francis Montillaud crée par la suite une série de sculptures, notamment pour l’art public. Se mettre au vert, installée en 2007 dans le bassin de l’esplanade de la Place des Arts, lui ouvre les portes des concours lancés par les organismes publics pour l’intégration d’œuvres dans l’espace public.
2. L’atelier
Francis Montillaud est installé depuis 11 ans dans un atelier de deux étages, dans Hochelaga-Maisonneuve. Il y a créé bien des sculptures parmi tous ses projets réalisés pour Dollard-des-Ormeaux, L’Île-des-Sœurs, Art souterrain, la galerie Laroche/Joncas, la maison de la culture Janine-Sutto et la galerie Circa.
Il a participé au festival Passages insolites à Québec, exposé à la galerie Yves Louis-Seize dans Lanaudière, créé des sculptures pour plusieurs écoles du Québec, pour une rue à Ottawa et un parc au Manitoba. Des œuvres qui évoquent souvent la statuaire classique, à laquelle il ajoute une pointe d’étrangeté.
3. Pie-IX
Durant la pandémie, Francis Montillaud a gagné le concours lancé par la Société de transport de Montréal pour ajouter des œuvres d’art aux deux édicules de la station de métro Pie-IX, dans le cadre de l’aménagement d’ascenseurs. Le thème était les Jeux olympiques de Montréal. L’artiste a conçu deux installations. La première représente des médailles d’or, d’argent et de bronze, et sera placée au-dessus d’escaliers roulants. L’autre consiste en trois couronnes qui seront fixées au plafond. Elles évoquent les couronnes d’olivier des Jeux antiques et l’architecture du Stade olympique conçu par Roger Taillibert.
Les couronnes, en alu, ont été réalisées en atelier. Les médailles, qui représentent des superpositions de pictogrammes de disciplines olympiques, ont été sculptées en bois MDF avant d’être fondues en alu à la fonderie Fondremy de Chambly. Nous sommes allés dans cette usine voir comment les médailles ont été créées par moulage dans du sable mélangé à une résine, puis par coulée d’aluminium en fusion. Le directeur de Fondremy, Hicham El Idrissi, nous a expliqué la technique utilisée.
Une fois coulées, les médailles sont refroidies, poncées et peintes au four pour donner un fini lustré or, argent et bronze. Ces œuvres, qui constituent le plus gros défi technique de la carrière de Francis Montillaud, seront inaugurées l’an prochain.
4. Mandeville
Disciple de l’artiste et enseignant Stephen Schofield, Francis Montillaud n’a jamais manqué de travail. Il a même dû recruter un assistant. Mais il veut aller plus loin dans la création et la diffusion. Il projette d’exposer son travail et celui d’autres sculpteurs sur la terre de 51 acres qu’il a achetée il y a cinq ans à Mandeville, dans Lanaudière.
« Je vais développer la terre. J’ai acheté une pépine pour aménager ce territoire qui comprend une pinède, un lac, un cours d’eau, une autre forêt et plein d’écosystèmes différents. Mon but est de créer un parcours de sculptures. C’est un projet un peu comme les Jardins du précambrien de René Derouin, à Val-David. »
En parallèle, il va continuer à créer pour l’art public, même si c’est une avenue stressante, car très compétitive, et à exposer dans des centres d’artistes. « Sur ma terre, il y a un immense atelier. Je vais pouvoir y sculpter des œuvres plus grosses que je peux le faire à Hochelaga. »
Quand Francis Montillaud regarde en arrière, il constate combien l’art lui a fait faire des pas de géant et a canalisé son énergie à l’époque souvent destructrice. « Je travaille tout le temps. C’est devenu une vraie passion », dit-il.
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