Le Planétarium présente avec le Cirque Éloize dès ce mardi une expo sur la conquête – fictive – de la planète Mars. Une aventure à laquelle Farah Alibay, ingénieure en aérospatiale et « muse » de Rouge 2100, a également participé.

Réglons tout de suite une chose : il n’y a pas de cirque ou d’acrobatie dans ce parcours mis en scène par Frédéric Bélanger.

La contribution du Cirque Éloize – qui cherche à diversifier ses activités – consistait essentiellement à concevoir les différents éléments de Rouge 2100 à partir des connaissances scientifiques livrées par l’équipe du Planétarium.

Nous sommes donc en 2100, et le visiteur est invité à embarquer dans une navette afin de faire le grand voyage vers la station (fictive) d’Olympus basée sur la planète Mars. Un voyage d’environ six mois si tout va bien…

Des projections sur un globe nous permettent de visualiser le trajet pendant qu’une intelligence artificielle nous fait la conversation.

Ici, point de réalité virtuelle ou augmentée, la dimension immersive du parcours est assez ténue. Dès qu’on entre dans la station Olympus – et donc dans le cœur de l’expo –, le parcours en six zones est assez classique.

On y apprend vraiment beaucoup de choses, de façon assez ludique. Mais pour ceux qui l’auraient oublié, essentiellement ceci : Mars n’est pas une planète habitable.

L’air, irrespirable, y est composé à 95 % de dioxyde de carbone et d’à peine 0,2 % d’oxygène. Il n’y a pas d’eau, les températures oscillent entre 20 degrés Celsius et - 140 degrés. Bref, pour se balader sur les plaines rocailleuses de la planète rouge, il faut porter une combinaison qui coûte plus cher que votre maison d’Outremont…

  • La troisième salle de l’exposition Rouge 2100, une aventure martienne

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La troisième salle de l’exposition Rouge 2100, une aventure martienne

  • Une projection que l’on retrouve dans la dernière salle de l’exposition

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Une projection que l’on retrouve dans la dernière salle de l’exposition

  • Un robot sur Mars, où les températures oscillent entre 20 degrés Celsius et -140 degrés 

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Un robot sur Mars, où les températures oscillent entre 20 degrés Celsius et -140 degrés 

  • La deuxième salle laisse voir cette combinaison essentielle pour fouler le sol martien.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La deuxième salle laisse voir cette combinaison essentielle pour fouler le sol martien.

  • L’entrée de l’exposition

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    L’entrée de l’exposition

  • Dans l’exposition, le visiteur rejoint la station (fictive) d’Olympus, basée sur la planète Mars.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Dans l’exposition, le visiteur rejoint la station (fictive) d’Olympus, basée sur la planète Mars.

  • Des projections sur un globe permettent aux visiteurs de comprendre l’ampleur du trajet vers la planète rouge depuis la Terre.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Des projections sur un globe permettent aux visiteurs de comprendre l’ampleur du trajet vers la planète rouge depuis la Terre.

  • Des données permettent de comparer Mars et la Terre.

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    Des données permettent de comparer Mars et la Terre.

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Ce qui nous a poussé à poser la question au directeur du Planétarium, Olivier Hernandez : pourquoi donc s’intéresser à Mars ?

« C’est la planète la plus étudiée du système solaire, répond-il. La deuxième planète la plus proche de la Terre, qui possède le plus de satellites et de robots. Mais les scientifiques savent que c’est impossible de s’y établir. L’idée intrinsèque de cette exposition est de dire : on ne pourra pas aller sur Mars, mais nous essayons de vous y emmener quand même par l’imaginaire. »

« Mars ressemblait beaucoup à la Terre »

Mais alors, quel est l’intérêt scientifique de cette planète ? Nous avons posé la question à Farah Alibay, qui nous a répondu de chez elle, à Los Angeles.

« Ce qui est fascinant, nous dit-elle, c’est qu’il y a des milliards d’années, la planète Mars ressemblait beaucoup à la Terre. »

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Farah Alibay

Il y avait de l’eau, l’air était respirable, donc si on s’y intéresse autant, c’est pour comprendre ce qui s’est passé. Pour comprendre l’histoire. Est-ce qu’il y avait de la vie là-bas ? On s’intéresse à ça en ce moment. Qu’est-ce qui a provoqué ces changements ?

Farah Alibay, ingénieure en aérospatiale

Si les scientifiques veulent poursuivre les missions sur Mars, c’est dans le but de « percer ces mystères », insiste-t-elle, pas pour habiter la planète.

« Je pense que c’est assez clair dans l’expo qu’il n’y a pas de plan B, insiste Farah Alibay. On n’habitera jamais la planète Mars. On vous envoie jusqu’à Mars pour vous faire apprécier la Terre, dit-elle dans un grand éclat de rire. Pour que vous réalisiez qu’il n’y a qu’une planète habitable, qu’elle est belle, mais qu’elle est fragile. »

Olivier Hernandez abonde dans son sens. « Ce n’est pas pour rien qu’on a lancé l’expo le Jour de la Terre. On veut montrer que ce qui s’est passé sur Mars peut se passer sur Terre. Ce sont les changements climatiques et un ensemble de catastrophes naturelles qui sont à l’origine des transformations sur Mars… Donc, il me semble qu’il y a un beau parallèle à faire avec la Terre. »

Embarquer à bord du Planétarium

Ce voyage fictif sur Mars fait partie de la mythologie autour de la conquête de cette planète, comme on l’a vu au fil des ans dans des films comme Total Recall ou The Martian. Mais malgré la chimère qu’elle représente, est-ce qu’une expo comme celle-là ne nourrit pas justement cet imaginaire ?

« Oui, c’est vrai, répond Olivier Hernandez, mais on le fait pour tous nos spectacles, en prenant soin de faire les nuances qu’il faut. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Olivier Hernandez, directeur du Planétarium, avec Farah Alibay à l’arrière-plan.

Notre vaisseau spatial, c’est le Planétarium, et nos voyages n’ont pas de conséquences écologiques, donc autant l’utiliser. On ne fait pas du tourisme spatial, mais du tourisme de l’espace et on explique des faits scientifiques.

Olivier Hernandez, directeur du Planétarium

Outre les différentes zones de la station Olympus, qui inclut une serre, un capteur d’eau et les détails techniques de la combinaison nécessaire pour se balader à l’extérieur, on retrouve six petites capsules biographiques de femmes exploratrices ou scientifiques, qui ont marqué leur époque. Toutes des femmes choisies par Farah Alibay.

« Ce sont des femmes qui m’ont beaucoup inspirée dans mon parcours en tant que femme racisée et queer », a-t-elle précisé. On y retrouve entre autres les astronautes Valentina Terechkova et Sally Ride, mais aussi une scientifique comme Gladys West, mathématicienne qui a conçu les modèles de géodésie par satellite, intégrés au système de positionnement global (GPS), ou Margaret Hamilton, qui a conçu le système du programme spatial Apollo.

L’expo se termine sur des projections d’images s’apparentant à une grotte où l’on soupçonne qu’il y a une présence vivante. Une expo qui soulève donc un tas de questions – éthiques entre autres –, surtout quand on sait que des entreprises privées comme Space X, d’Elon Musk, veulent organiser dans un avenir prochain des excursions (payantes) sur Mars…

Jusqu’au 31 décembre 2024 au Planétarium

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