Il y a du gros budget dans Survivor Québec. Il ne s’agit donc pas d’une version Wish ou d’une copie Shein de ce populaire format, qui roule depuis 44 saisons sur CBS aux États-Unis.

Immenses structures de jeu, vues saisissantes de la jungle luxuriante, candidats parachutés sur des îles baignées d’eau turquoise, l’adaptation de cette téléréalité rustique et exotique nous éclabousse de soleil, de sueur et de stress.

Noovo relaie le premier épisode de Survivor Québec dimanche à 20 h, tout de suite après la finale de Big Brother Célébrités, et les quotidiennes passeront du lundi au jeudi à 19 h, pendant 11 semaines.

Oui, Survivor Québec passe le test. Pour ceux qui raffolent de la téléréalité d’aventure, évidemment. Pensez au Lot du diable de la chaîne Séries Plus, mais en 2023, avec des têtes fortes qui, elles, savent comment ériger un abri avec des feuilles de palmier et des morceaux de bambou.

C’est efficace, spectaculaire et haletant. Dès les premières minutes, les 20 concurrents (10 hommes et 10 femmes), dont l’âge oscille entre 21 et 52 ans, débarquent sur un banc de sable près d’El Nido, aux Philippines, pour subir la première d’une longue série d’épreuves éreintantes.

L’animateur Patrice Bélanger, en verve et à l’aise dans sa chemise safari de style La Cordée, sépare les concurrents en deux tribus : Tiyaga (les jaunes) et Kalooban (les mauves), qui vivent dans deux camps séparés. En quelques minutes, les 20 braves nageront jusqu’à un bateau chargé de nourriture et d’outils, en videront le contenu sur un radeau, rameront jusqu’à la terre ferme où ils projetteront, à l’aide d’un lance-pierres géant, des noix de coco sur quatre cibles.

La tribu victorieuse obtiendra une pierre à feu ainsi qu’une poche de riz. Les perdants repartent les mains vides, sans possibilité de se partir un feu. Ils en souffriront longtemps, forcés de ne manger que de la noix de coco pendant 60 heures, bonjour les maux d’estomac. C’est impossible, sans flamme, de cuire des escargots, des minicrabes ou du poisson frais.

Dans cette dure odyssée de 44 jours, une des deux formations en arrache solidement par rapport à l’autre. On les regarde pousser des boules géantes dans un labyrinthe ou assembler un gros puzzle en catastrophe et on force, seigneur qu’on force, pour qu’ils réussissent, grouillez-vous ! Mettons qu’il y a plus d’adrénaline et de nervosité à Survivor qu’à Big Brother Célébrités.

Le choix des 20 compétiteurs a été fait de façon astucieuse et leurs personnalités ressortent vite. Dans le groupe, il y a deux fonctionnaires, un col bleu, une joueuse de soccer professionnelle, une podiatre, un opérateur dans une aluminerie et une propriétaire d’un club de cheerleading.

En partant, il y en a un (nom rétracté) qui vous tapera sur le gros nerf, c’est clair. Le genre de candidat contrôlant, un bon vieux Jos Connaissant qui se pense un coup d’avance, mais qui se trompe royalement. Il y a des verbomoteurs, des discrets, des arrogants et des visages à deux faces ! Mère de quatre enfants, Martine, 47 ans, de la tribu Kalooban, a été vue dans le premier chapitre du Lot du diable, en 2017.

Comme à Big Brother Célébrités, des alliances se nouent rapidement au sein des deux équipes de dix personnes. OK, on s’entend pour sortir lui ou elle, qui ne sert à rien ou qui s’avère une menace. Les conseils de tribu se réunissent le soir, les joueurs inscrivent leur vote sur du papier parchemin, et Patrice Bélanger éteint la torche de l’évincé en lui rappelant que la tribu a parlé !

Après un mois et demi de vie de brousse et d’eau peu fraîche, l’ultime survivant empochera 100 000 $.

Une chose m’a agacé dans les deux premiers épisodes de Survivor Québec : ça pleure beaucoup. Ça pleure de fierté avant le début du premier défi (gérez-vous, bon Dieu). Puis, un raconte avoir perdu son grand frère, mort d’un cancer du cerveau. Un autre craint que les insulaires n’acceptent pas son homosexualité.

Une autre pleure ses déceptions (et chacune des larmes qui coulent porte un nom). Allô, on n’est pas à La voix, ici ! On est censé avoir du fun à 44 degrés sous le soleil !

À 90 minutes, le premier épisode de Survivor est un brin longuet, mais il contient un revirement hyper satisfaisant qui nous cloue au sofa. L’élimination ne se déroulera pas nécessairement le dimanche, comme à Big Brother Célébrités, qui respecte un calendrier rigide. Sans divulgâcher, deux aventuriers boucleront leur valise pendant la première semaine de diffusion.

L’équipe derrière Survivor Québec a aussi concocté Occupation double pour Noovo. Ces gens-là connaissent la recette pour fabriquer de la téléréalité captivante.

Et contrairement à des émissions plus osées comme L’île de l’amour, Survivor s’adresse aux 7 à 77 ans sans que personne ne se bouche les yeux ou les oreilles. « C’est du covisionnement en famille qui n’ira pas sur une plateforme américaine », note la productrice de Survivor Québec, Julie Snyder.

Noovo espère ramener Survivor pendant plusieurs saisons, si les cotes d’écoute suivent, évidemment.

La tribu qui parle et qu’on écoute ici, c’est vous à la maison. Avec la télécommande en main et un foulard coloré au poignet.