Le projet EcoJet de Bombardier est ambitieux : réduire les émissions des avions d’affaires de 50 %. Pour ce faire, l’avionneur montréalais collabore avec l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, dans le cadre de ce projet de recherche pancanadien. Cette collaboration pourrait révolutionner le domaine de l’aviation. Arrière-scène.

Le projet EcoJet est basé sur deux éléments : une aérodynamique avancée et une propulsion améliorée. « N’importe qui regardant le profil d’EcoJet – l’aérodynamisme – va constater que c’est une approche radicalement différente de ce qu’est un avion conventionnel », affirme Rui-Pedro Silva, vice-président de fonctions d’ingénierie chez Bombardier.

Bien que Bombardier ait annoncé officiellement sa collaboration avec l’Université de Victoria en début d’année, il y a déjà 10 ans que les deux entités se sont alliées dans le cadre du projet. Des chercheurs, des ingénieurs et des étudiants de la Colombie-Britannique travaillent donc avec les ingénieurs et les techniciens de Bombardier pour propulser l’EcoJet.

« L’équipe du directeur et professeur émérite Afzal Suleman, du Centre de recherche aéronautique [CfAR] de l’Université de Victoria, est reconnue pour être capable de développer, de designer, le concept et la fabrication de ce qu’on appelle des drones complexes », explique M. Silva. Ce sont ces drones complexes qui permettent à Bombardier d’évaluer et de comprendre le comportement et les performances de l’EcoJet.

« Bombardier voulait évaluer cet avion – quelles sont ses performances en vol et, plus tard, la navigabilité de cet avion avec le développement de systèmes de commande de vol vraiment avancés que Bombardier développe et que nous testons », explique pour sa part Afzal Suleman.

Collaborer pour innover

En 2017, Bombardier réalisait sa première phase d’essais en vol avec le CfAR. Les prototypes avaient une largeur de 8 pieds, soit 7 % de l’appareil traditionnel. « Maintenant, ils ont développé, en collaboration avec nous, ce qu’on appelle l’appareil de drone de test de la phase 2, qui est représentatif de 16 %, avec une envergure d’aile de 18 pieds, qui est quand même assez considérable », révèle M. Silva.

Les résultats des tests de vol de ces véhicules à ailes et fuselage intégrés permettent de raffiner les analyses, de développer et de porter à maturité les technologies nécessaires pour faire avancer le projet EcoJet et ainsi avoir, un jour, des avions plus respectueux de l’environnement.

Nous apprenons beaucoup de Bombardier, et Bombardier apprend de nous en matière d’essais en vol.

Afzal Suleman, professeur émérite et directeur du Centre de recherche aéronautique (CfAR) de l’Université de Victoria

Dans ce type de projet pancanadien, la collaboration est indispensable. Bombardier annoncera d’ailleurs bientôt de nouveaux partenaires.

Former la relève

La collaboration entre l’Université de Victoria et Bombardier est aussi bénéfique pour les générations futures. « Notre but est de former des élèves, des ingénieurs », dit M. Suleman. Des propos qui rejoignent ceux du vice-président de fonctions d’ingénierie chez Bombardier : « Notre approche d’investissement avec les établissements universitaires est là aussi pour permettre à des générations de Canadiens de développer ces connaissances-là en génie et en technologie partout au Canada. C’est bénéfique pour les deux côtés. Ce développement-là, qu’on fait à travers l’industrie, est là pour des années à venir. » M. Silva souligne que l’idée de réduction des émissions est un facteur très engageant pour les étudiants. « Ça amène un engagement additionnel qui est phénoménal. »