La PME montréalaise Axya a développé un logiciel de gestion, propulsé par l’intelligence artificielle (IA), pour faciliter et accélérer le processus de sous-traitance dans le secteur manufacturier. Ce nouvel outil a été adopté par plusieurs acteurs de l’industrie aérospatiale, dont Airbus.

Axya, dans laquelle près de 10 millions ont été investis par différents partenaires, a été cofondée en 2019 par Félix Bélisle-Dockrill, afin de corriger une situation qu’il jugeait contradictoire.

Il occupait à cette époque un poste de contrôle de la qualité des fournisseurs chez Bombardier. Les produits de l’entreprise étaient à la fine pointe de la technologie, mais à ses yeux, les outils de gestion d’information et de collaboration avec les fournisseurs ne l’étaient pas.

Une occasion d’innovation

« Mon meilleur outil, c’était un bloc-notes papier, s’étonne encore celui qui a étudié en génie mécanique à l’École de technologie supérieure. Ça se passait beaucoup au téléphone. J’appelais les fournisseurs, je faisais des suivis. [...] Je n’avais pas l’impression d’utiliser mes compétences. Je courais après des informations, des mises à jour, des PDF et même des fax. »

Félix Bélisle-Dockrill ainsi que son ami et chercheur en IA Yacine Mahdid, qui participaient tous deux à des compétitions de programmation le week-end, n’ont pas tardé à y voir une occasion d’innovation.

Le duo a rejoint l’accélérateur de technologie Centech, à Montréal, avec pour objectif de développer un outil d’optimisation de la chaîne d’approvisionnement pour les entreprises manufacturières.

Nicolas Gauthier et Karim Besbes se sont associés aux cofondateurs d’Axya en cours de route.

Et la technologie développée par la jeune entreprise n’est pas passée inaperçue. La PME de 30 employés, qui travaillent en bonne partie à distance, a été couronnée « Start-up IA québécoise de l’année en 2023 », à C2MTL.

Airbus et autres

Le quatuor d’entrepreneurs à l’origine d’Axya ne l’avait d’ailleurs pas planifié ainsi, mais la pandémie, avec ses enjeux de main-d’œuvre et d’approvisionnement, a accéléré le déploiement de son logiciel de gestion auprès des entreprises.

Airbus Canada est, à ce jour, le plus gros client de la PME. « On a des centaines de fournisseurs qui travaillent avec Airbus à travers la plateforme, souligne Félix Bélisle-Dockrill. Ça nous a non seulement propulsés, mais ça nous a donné de la crédibilité. »

Axya compte également GE Aviation et Pratt & Whitney parmi ses clients.

Les équipes d’achat sont sous haute pression. Mais en automatisant les tâches qui n’ont pas de valeur ajoutée, le logiciel augmente la productivité des équipes. Ce qui leur prenait de quelques heures à quelques jours à faire est terminé en quelques clics.

Félix Bélisle-Dockrill, PDG et cofondateur d’Axya

Selon Félix Bélisle-Dockrill, les différentes fonctionnalités de la plateforme permettent ainsi de prendre des décisions plus éclairées, qui, au bout du compte, peuvent se traduire par de meilleurs délais de livraison et des économies.

La plateforme est utilisée, à divers degrés, par 48 000 entreprises, principalement en Amérique du Nord. L’aérospatiale est son secteur de prédilection, mais Axya est également présente dans les transports (BRP, Lion Électrique, Tremcar) et les équipements industriels (Rio Tinto).

L’inscription des fournisseurs à la plateforme est gratuite. L’entreprise tire toutefois ses revenus, qui dépassent désormais le million, des services offerts aux grands donneurs d’ordres et aux équipes d’achat.

Éventuellement, la PME souhaite contribuer, par l’entremise de sa plateforme, à l’atteinte de l’objectif de l’industrie aérospatiale de zéro émission nette de carbone en 2050, dit Félix Bélisle-Dockrill. Des projets de recherche en ce sens sont en cours.

En savoir plus
  • 5,4 millions
    Les deux rondes de financement réalisées par Axya en 2021 et en 2022 lui ont permis de récolter 5,4 millions de dollars en capital de risque.