Sans l’appui d’un conseil d’administration ni d’un comité de direction, les gestionnaires à la tête de petites entreprises sont les seuls capitaines à bord de leur navire : ils doivent développer une vision claire, optimiser les talents, dénouer les impasses et savoir s’entourer pour assurer le succès de leurs activités.

C’est l’avis de Jamal Ben Mansour, professeur de gestion des ressources humaines à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières et directeur de l’Observatoire sur l’employabilité durable et la reconversion professionnelle.

Alors qu’elles représentent le tiers des entreprises au pays, les petites entreprises sont peu étudiées, souligne-t-il. Certains clichés existent à leur sujet, la vulnérabilité due à leur taille qu’on leur prête, par exemple. Mais cela peut être une force… à condition que la personne à la tête de l’entreprise soit en mesure de prendre les bonnes décisions, au bon moment, selon le contexte et les occasions qui se présentent.

Voici cinq bonnes pratiques de gestion pour les dirigeants de petites entreprises.

Développer son savoir-faire

Selon M. Ben Mansour, des qualités en leadership, en gestion de talents et dans le monde des affaires, selon le secteur et l’industrie dans lesquels évolue l’entreprise, sont essentielles. « Un élément central est d’amener les gens à s’exprimer, il doit y avoir un filet de sécurité psychologique, dit-il. Et l’autre aspect important, c’est le partage de la vision. Il faut travailler sur le sens, sans quoi les gens ne seront pas mobilisés. »

Bien s’entourer

La diversité de personnes apporte la diversité d’opinions. Or, il est plus naturel d’embaucher des gens dans lesquels on se retrouve, avance Jamal Ben Mansour.

PHOTO FOURNIE PAR JAMAL BEN MANSOUR

Le directeur de l’Observatoire sur l’employabilité durable et la reconversion professionnelle, Jamal Ben Mansour

C’est plus facile d’embaucher quelqu’un qui nous ressemble, mais la variété de talents et de compétences est importante et c’est encore plus vrai dans les petites entreprises. La personne n’est pas là pour boucher un trou ; elle doit apporter quelque chose de différent.

Jamal Ben Mansour, directeur de l’Observatoire sur l’employabilité durable et la reconversion professionnelle

Être accompagné

Premier réflexe du gestionnaire de petite entreprise ? S’entourer d’un membre de sa famille ou d’un camarade d’études pour être conseillé et guidé. Ce n’est peut-être pas la meilleure idée, estime M. Ben Mansour. « Ce sont des personnes qui lui ressemblent, dit-il, elles vont peut-être lui dire ce qu’il veut entendre ou chercher à tirer avantage de cette proximité… Le plus important, dans le choix d’un compagnon, c’est sa contribution tangible, réelle et efficace. »

Trancher

Devant un dilemme, le chef de petite entreprise doit être capable de bien analyser le pour et le contre des différentes options en tenant compte de la stratégie de l’entreprise, des coûts et de la conformité au cadre légal et juridique. « Les qualités en résolution de problèmes sont importantes, tout comme la négociation, dit le professeur. La capacité d’anticiper l’impact de la décision sur les gens, sur la collectivité, est aussi importante. »

Éviter les pièges 

Certains obstacles typiques risquent de se dresser devant le chef de petite entreprise. La volonté d’aller trop vite, par exemple. « Il ne faut pas confondre rapidité et précipitation, explique Jamal Ben Mansour. Je définis cette dernière comme le fait d’agir sans penser à la suite, avec empressement. » Un second piège à esquiver ? Verser dans la microgestion et le contrôle. « Une incapacité à déléguer et une volonté que toutes les décisions partent de lui seraient néfastes pour l’entreprise… Parmi les avantages des petites entreprises, il y a leur côté organique, leur flexibilité et leur agilité. Il ne faut pas tuer cela ! »