Dans L’argent et le bonheur, notre journaliste Nicolas Bérubé offre chaque dimanche ses réflexions sur l’enrichissement. Ses textes sont envoyés en infolettre le lendemain.

C’est quand même surprenant qu’on discute d’argent ici chaque semaine.

Historiquement, ça ne fait pas si longtemps qu’on a le luxe de le faire.

Jean Lesage, la Révolution tranquille, les Québécois qui vont à l’université, qui se spécialisent et ont accès à des carrières qui permettent de bien vivre, d’avoir un impact sur la société, de s’enrichir…

Ça ne s’est pas passé il y a 100 ou 200 ans. C’était dans les années 1960. Bon nombre de personnes qui lisent ce texte ont vécu cette époque. Elles font partie de la première génération de Québécois qui a pu commencer à voir l’argent autrement que par le prisme de la subsistance à court terme.

Tout ça pour dire que c’est correct de commettre des erreurs avec l’argent. Même si on a fait de longues études. Même si on a du succès. C’est correct, car c’est un sujet nouveau ultimement. Et aussi parce que nos parents nous ont rarement aidés à comprendre des notions qu’ils ne comprenaient souvent pas eux-mêmes.

Parlant de richesse, j’espère que vous n’avez pas raté la récente chronique de mon collègue Francis Vailles sur le revenu des familles québécoises. Ça donne proprement le vertige.

Lisez la chronique « Ce que gagne la famille moyenne au Québec »

Loin des débats sur le coût du logement et sur l’inflation, la famille moyenne s’en tire plutôt bien, merci. Selon les plus récentes données disponibles, le revenu net médian des couples avec deux enfants était de 119 820 $ au Québec en 2021, après impôt et transferts.

Et après inflation, le couple québécois avec deux enfants disposait en 2021 de presque 26 % plus de revenus qu’en 2011.

Ça démontre encore une fois que l’âge d’or des revenus au Québec n’était pas il y a 30 ans, ou durant l’Expo 67, ou quand le hamburger coûtait 5 cents. L’âge d’or des revenus est maintenant.

Je le vois dans ma boîte de réception. Vous êtes des centaines à me faire parvenir vos questions sur les finances et l’investissement. Je ne peux malheureusement pas répondre à tout le monde. Mais j’ai une piste à vous recommander.

Et si je vous disais que des professeurs d’université sont prêts à faire partager leur savoir sur l’argent ?

C’est qu’un cours en ligne gratuit sur les finances personnelles a été mis sur pied par des professeurs de la faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Lancé en 2019 tout juste avant la pandémie, le cours intitulé Finances personnelles pour tous par McGill vise à donner aux gens des outils pour comprendre l’argent et les placements financiers.

Consultez le site du cours Finances personnelles pour tous

« L’idée de base est de préparer les jeunes de 15 à 29 ans à mieux comprendre les finances personnelles pour qu’ils puissent prendre de meilleures décisions pour leur avenir, explique Benjamin Croitoru, professeur agrégé de finance et directeur académique du cours. Cela dit, des gens de tous les âges sont invités à suivre le cours. »

Plus de 276 000 personnes en tout s’étaient inscrites au cours donné en français et en anglais en date du 30 septembre dernier, un nombre qui doit tourner au tour de 300 000 aujourd’hui, évalue le professeur. Fait étonnant : 8,8 % des personnes qui se sont inscrites viennent de l’international.

Le cours est composé de huit modules qui comprennent chacun une ou plusieurs capsules vidéo de plus ou moins 20 minutes. À la fin de chaque module, on doit répondre à 10 questions à choix multiples. On peut reprendre le test autant de fois que nécessaire. L’ensemble du cours dure environ deux heures.

Le cours offert par McGill est commandité par la Fondation RBC et par le quotidien The Globe and Mail. « Si quelqu’un me disait ça, je serais méfiant, dit M. Croitoru. Mais c’est clair depuis le début, les commanditaires ne sont pas intervenus dans le choix du contenu, qui a été décidé par les professeurs de McGill. On ne fait la promotion d’aucun produit financier. »

Parmi les thèmes abordés, on trouve l’introduction aux finances personnelles, l’endettement, l’établissement d’un budget, l’art d’investir, les caractéristiques du REER, du CELI, l’immobilier et la finance comportementale, notamment.

« Par exemple, dans le module sur l’investissement, on apprend la différence entre l’investissement actif et l’investissement passif, note M. Croitoru. Il est aussi question des trois erreurs les plus typiques des investisseurs : ne pas diversifier ses placements, payer trop de frais, et essayer de se synchroniser avec les marchés. »

Une donnée qui m’a surpris est la probabilité que, dans un couple âgé de 65 ans, l’un des partenaires vive jusqu’à 94 ans.

La réponse ? La probabilité est de 50 %. Comme quoi c’est loin d’être extrême de penser vivre 30 ans ou plus à la retraite – et d’être un investisseur tout au long de cette période.

J’ai aussi remarqué que le cours est parfois plus gentil que cette rubrique.

Par exemple, on y parle des prêts auto, sans préciser qu’absolument aucune forme de vie terrestre ne devrait y avoir recours. Une voiture, c’est comme un téléviseur ou un jeans, c’est un bien de consommation.

Aux taux actuels, près de 30 % des versements d’un prêt-auto servent à payer les intérêts, écrivait ma collègue Marie-Eve Fournier. On parle de 10 000 $ à 20 000 $ jetés par la fenêtre pour un véhicule de 40 000 $ à 60 000 $ qui se déprécie chaque jour.

Lisez la chronique « La fin des pénuries sourit aux automobilistes »

Si nos économies ne sont pas suffisantes pour acheter un véhicule, alors la solution est d’accumuler quelques milliers de dollars le temps de pouvoir s’offrir une belle Honda Civic 2011 (et me rendre jaloux). Ou alors on prend l’autobus, le vélo, n’importe quoi – tout sauf dépenser de l’argent qui ne nous appartient pas pour zigzaguer sur les routes de la province au volant d’un La-Z-Boy motorisé à pédales, pour reprendre les mots du blogueur financier Mr. Money Mustache (que vous devriez lire).

Lisez un texte du blogueur Mr Money Mustache (en anglais)

Le fait d’offrir un cours en ligne sur les finances personnelles n’est pas inédit : l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) offre aussi le cours gratuit « La littératie financière et fiscale ouverte à tous », une formation qui dure cinq semaines, à raison de 4 à 6 heures par semaine.

Consultez le site du cours La littératie financière et fiscale ouverte à tous

Si vous avez déjà de bonnes connaissances en finances personnelles et en investissement, je vous suggère plutôt d’aller consulter sur YouTube les vidéos (en anglais) de Benjamin Felix et de Justin Bender, de la firme de placement canadienne PWL Capital. Ils y approfondissent plusieurs thèmes, comme les différents fonds négociés en Bourse (FNB) tout-en-un, la règle de 4 % pour le décaissement à la retraite, l’importance de diversifier ses placements à l’international, entre autres.

Voyez la chaîne YouTube de Benjamin Felix (en anglais) Voyez la chaîne YouTube de Justin Bender (en anglais)

C’est idéal de s’intéresser aux finances tôt dans la vie, car le temps est notre principal allié pour faire grossir nos actifs. Mais il n’y a pas d’âge pour faire de l’ordre dans tout ça.

Comme le disait Bonne-Maman, la grand-mère de mon ami Alexis : « L’argent, c’est parce qu’on y fait attention qu’on en a. »