Être locataire toute votre vie ne vous condamne pas nécessairement à faire des sacrifices financiers. Cela veut simplement dire que vous mettez votre argent ailleurs.

Les jeunes peuvent se sentir particulièrement désespérés quand ils regardent les conditions actuelles du marché immobilier, constate Shelley Smith, conseillère en placement chez Gestion de patrimoine TD. Les prix des maisons sont hors de portée pour beaucoup, et le coût de la vie plus élevé fait en sorte qu’il est plus difficile d’épargner pour une mise de fonds.

« Je ne pense pas qu’il soit inhabituel qu’une personne dans la vingtaine se dise : “Je ne pense pas pouvoir posséder une maison” », a-t-elle déclaré.

Même les milléniaux – dont certains sont aujourd’hui dans la quarantaine – ont probablement vu les prix de l’immobilier passer d’atteignables à impossibles, en particulier dans les marchés urbains. Comme l’a écrit le Vancouvérois Brad Badelt pour le magazine The Walrus l’année dernière : « C’est comme regarder un train quitter la gare sans moi – et il ne reviendra pas. »

Le gouvernement fédéral a annoncé récemment qu’il proposerait une charte des droits des locataires, reconnaissant que les jeunes louent plus que les générations précédentes et pour des périodes plus longues.

Il n’est pas nécessaire, pour autant, de se résigner à moins de sécurité financière si vous vous trouvez à être locataire toute votre vie, a déclaré Mme Smith.

Si les priorités financières peuvent changer au cours d’une vie, l’épargne est utile à toutes les situations, souligne-t-elle. Elle suggère d’économiser entre 15 % et 20 % de ses revenus.

« Cela va être très difficile à faire – et honnêtement, vous savez, même le taux de 10 % semble risible pour certaines personnes à ce stade, mais ce que vous devez faire, c’est mettre en place un plan d’épargne régulier et vous devez lui donner la priorité. »

Tout comme le paiement du loyer n’est pas négociable, a ajouté Mme Smith, mettre de côté une partie de son chèque de paie ne devrait pas l’être non plus.

Vous pouvez toujours avoir une sécurité – même un actif important – sans maison ou condo, a déclaré Ed Rempel, planificateur financier derrière le blogue et la balado Unconventional Wisdom.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ED REMPEL

Ed Rempel, planificateur financier derrière le blogue et la balado Unconventional Wisdom

Les gens ont l’impression qu’il faut acheter une maison pour être à l’aise financièrement. Ce n’est pas nécessairement vrai.

Ed Rempel, planificateur financier derrière le blogue et la balado Unconventional Wisdom

Il a des clients à revenu élevé qui sont locataires, notamment un acteur qui envisageait d’acheter un condo à Toronto. Au lieu de cela, M. Rempel a souligné l’importance de la flexibilité du travail. Qu’arriverait-il si l’acteur obtenait un emploi à Calgary ou en Californie ?

« Une maison est une question de sécurité, mais en réalité, vous avez moins de liberté, dit M. Rempel. Des études montrent que les personnes qui louent sont promues plus rapidement dans leur entreprise, en particulier dans les entreprises qui ont des bureaux partout dans le monde. »

Un « REER du locataire »

Bien que le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), relativement nouveau, semble destiné aux acheteurs pleins d’espoir, M. Rempel souligne qu’il peut être utilisé, en fait, comme un « REER du locataire ».

Pourquoi est-ce bon pour les locataires ? Vous n’êtes jamais obligé d’acheter une maison avec ces contributions déductibles d’impôt, a-t-il souligné.

Après 15 ans, vous pouvez simplement transférer l’argent dans votre REER. Il s’agit simplement d’un montant supplémentaire gratuit de 40 000 $ de REER que les propriétaires n’obtiennent pas.

Ed Rempel, planificateur financier

En fait, a-t-il ajouté, si vous disposez de droits de cotisation à la fois dans votre CELIAPP et dans votre REER, il conseille de maximiser d’abord votre CELIAPP.

En investissant tôt, on peut générer des gains importants, souligne M. Rempel qui donne en exemple le mouvement « FIRE », un acronyme anglais qui évoque ces jeunes extrêmement frugaux qui épargnent en vue d’atteindre l’indépendance financière à un jeune âge.

Bien qu’épargner à un taux aussi élevé que 70 %, comme le font certains adeptes de ce mouvement, ne convienne pas à tout le monde, les principes de base pour commencer tôt et adopter une stratégie d’investissement peuvent être utiles à tous.

« Si vous êtes jeune, vous voulez investir dans une stratégie de croissance », explique M. Rempel.

Un investissement précoce surpasse l’immobilier, selon M. Rempel. « L’immobilier croît en fait assez lentement au fil du temps », a-t-il noté, en évoquant près de 50 ans de données.

Pour son blogue, il a comparé les données des actions américaines, mondiales et canadiennes avec celles de l’immobilier à Toronto, de 1975 à 2022. Si quelqu’un en 1975 avait investi une somme d’argent de la taille d’un acompte dans des actions, il aurait plus d’argent aujourd’hui que s’il avait acheté une maison, même aux prix de Toronto.

« Si vous êtes discipliné, vous pourriez avoir une valeur nette bien plus élevée sans jamais posséder de maison », avance M. Rempel.