En quoi consiste la démarche pour ouvrir un coffret de sûreté ? À quoi ressemble la chambre forte qui les contient ? Nous avons fait l’exercice.

Le centre de services Sherbrooke de la Caisse Desjardins du Centre-Est de Montréal est une petite succursale comme il y en a partout au Québec.

L’ouverture de coffrets de sûreté est peut-être en baisse, mais la préposée à l’accueil n’a montré nulle surprise : prenez un ticket au distributeur en appuyant sur le bouton B, a-t-elle dit.

Indice supplémentaire de la banalité de la démarche, l’écran dudit distributeur ne montrait que trois boutons : transactions courantes, coffrets de sûreté et accompagnement pour les transactions numériques.

À peine cinq minutes plus tard, un affable caissier – un conseiller service aux membres, plus exactement – nous accueillait à son guichet.

Nous voulons ouvrir un coffret, lui apprend-on.

Beaucoup de gens viennent-ils encore en ouvrir ? « Plutôt les fermer », répond-il.

Pour la plus rare occurrence d’une ouverture, il doit d’abord accéder à mon compte avec ma carte bancaire.

« Quel format de coffret désirez-vous ? »

Le petit, le moins cher.

Pour celui-là, le loyer s’élève à 68,99 $ par année, soit 60 $ plus TPS et TVQ, annonce-t-il.

« Je vais vous les montrer, mais on va devoir attendre quelques instants, il y a déjà quelqu’un. Car un seul client à la fois peut accéder à la chambre forte des coffrets, dont on entrevoit l’ouverture dans un corridor, derrière le comptoir. »

Le client est sorti peu après. Un homme d’âge mûr. Un jeune homme aurait davantage surpris.

Le conseiller nous amène devant la chambre forte, en face de laquelle trois échantillons de tiroirs d’acier sont déposés sur une petite table.

Ils ont tous la même longueur (24 po) et largeur (5 po), ne se distinguant que par leur hauteur, qui varie de 1,5 à 5 po.

Le dessus de chaque boîte est fermé par un long couvercle, articulé sur charnière à son extrémité arrière.

Derrière l’épaisse porte d’acier de la chambre forte, une antichambre est munie d’un petit bureau où le client peut déposer le tiroir tiré de son coffret, l’ouvrir, y mettre, prendre ou consulter documents et objets.

Une seconde porte munie d’impressionnants barreaux d’acier inoxydable sépare ce cagibi de la salle des coffrets. À l’œil – brandir un ruban à mesurer aurait semblé suspect –, elle mesure environ 2 m de largeur sur 3 m de profondeur.

Sur ses deux longs murs, plus d’une centaine de robustes petites portes munies de serrures à clé ferment autant de coffrets. Chacun renferme un tiroir d’acier amovible.

Ce n’est pas la chambre forte hi-tech du casino du film Ocean’s Eleven, mais le dispositif ne laisse planer aucun doute sur sa solidité.

Le sympathique et souriant conseiller nous fait une démonstration. Pour ouvrir un coffret, un employé doit d’abord faire tourner dans sa serrure la clé passe-partout de l’établissement. Ensuite, le locataire utilise sa propre clé pour ouvrir la porte et accéder au tiroir.

Nous sommes revenus au guichet.

Pour conclure la transaction, le conseiller doit faire signer le contrat de location, recueillir un spécimen de signature et prélever le loyer annuel au compte.

Puisque nous sommes au début de mars, le paiement sera calculé en soustrayant les mois déjà écoulés. « Quand vous le fermerez, on vous remboursera pour les mois qui restent dans l’année », précise-t-il.

Le client se voit remettre deux clés. Attention à ne pas les perdre, prévient-il : les frais de remplacement sont substantiels.

Pour accéder à son coffret, il faudra chaque fois en faire la demande au guichet.

« Je vous identifie, je prends la fiche du dossier, je note le jour et l’heure, et je vous la fais signer », décrit le conseiller.

« Vous pouvez nommer un fondé de pouvoir », ajoute-t-il. Il devra être identifié en présence du détenteur du compte pour la signature d’une procuration qui ne lui donnera accès qu’au coffret. Il pourra ensuite y accéder quand bon lui semblera.

Le journaliste n’a pas terminé la démarche. Le conseiller avait compris.

Il est demeuré souriant.