La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a confié à l’Agence de la consommation en matière financière du Canada le mandat de mettre en place un système bancaire ouvert pour les Canadiens. C’est une excellence initiative qui va faciliter et sécuriser encore davantage la gestion des finances des consommateurs et des petites entreprises canadiennes. Retournons un peu en arrière avant d’expliquer en quoi consiste un système bancaire ouvert.

Le ministère des Finances estime qu’un Canadien sur quatre utilise une application pour gérer ses finances personnelles. C’est grâce à une capture d’écran que ces applications téléchargent les données financières d’un consommateur. Comme toutes les institutions financières permettent à leurs clients de télécharger leurs données personnelles, le consommateur est en mesure de suivre l’évolution de sa situation financière globale même s’il compte sur plusieurs fournisseurs différents de services financiers. La capture d’écran vous oblige toutefois à fournir vos identifiant et mot de passe chaque fois que vous souhaitez mettre à jour vos données financières, ce qui ouvre possiblement la porte à la fraude.

Un système bancaire ouvert vous permet de partager vos données bancaires avec les entreprises de technologie financière de votre choix. Cela se fait par l’entremise de services sécurisés en ligne, que ce soit avec votre ordinateur, votre téléphone mobile ou votre tablette.

Lorsque vous utilisez une application financière avec un système bancaire ouvert, votre banque partage avec cette application vos données financières en votre nom, en toute sécurité. Vous n’avez pas à fournir vos identifiant et mot de passe bancaires en ligne pour accéder aux produits et services de l’application, ce qui vous protège en cas de transaction non autorisée, de fuite de données ou de fraude. Vos données financières personnelles sont toujours à jour lorsque vous participez à un système financier ouvert.

Aussi souhaitable que soit l’initiative de la ministre des Finances, elle est incomplète puisqu’elle exclut les coopératives d’épargne et de crédit, les assureurs, les courtiers en valeurs mobilières et toutes les autres institutions financières. Ces institutions permettent déjà à leurs clients de télécharger leurs données financières dans une application de leur choix en utilisant la capture d’écran avec identifiant et mot de passe. Les Canadiens ont besoin d’un système financier ouvert, non d’un système bancaire ouvert. Toutes les institutions financières présentes au pays devraient être en mesure d’y participer puisque beaucoup de leurs clients ont démontré leur intérêt en utilisant déjà une application pour gérer leur portefeuille financier complet.

La gouvernance d’un système financier ouvert ne peut être confiée à une agence gouvernementale si on souhaite la participation de toutes les institutions financières canadiennes. Pourquoi ne pas s’inspirer de l’exemple du Royaume-Uni qui a confié à l’entreprise privée la gouvernance de son système financier ouvert ? Le conseil d’administration devrait être composé de représentants de toutes les institutions financières participantes sans accorder le contrôle à un groupe en particulier. Un modèle à suivre serait le système Interac, qui fonctionne très bien et qui a su s’adapter à l’évolution de la technologie et des besoins des consommateurs depuis sa création.

Je salue l’initiative de la ministre des Finances du Canada. Je souhaite toutefois qu’elle sonde rapidement les ministres provinciaux des Finances afin de dégager un consensus qui permettra aux Canadiens de jouir d’un système financier ouvert le plus rapidement possible.