Les travailleurs au salaire minimum sont plus souvent qu’avant des personnes de 55 ans et plus, et moins souvent qu’avant des femmes.

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a révélé ces données sur l’évolution du salaire minimum depuis 25 ans, lundi. La publication de cette étude survient alors que le salaire minimum au Québec passera de 15,25 $ l’heure à 15,75 $ ce mercredi 1er mai.

Ainsi, la part des travailleurs de 55 ans et plus qui occupaient un emploi au salaire minimum en 2023 était de 16 %, alors qu’elle était de 6 % en 1998.

En entrevue, Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail à l’ISQ, explique ce phénomène par deux facteurs : le vieillissement général de la population et la plus grande participation des personnes de 55 ans et plus au marché du travail.

« Le groupe des 55 ans et plus a pris beaucoup d’importance au fil du temps – je parle du groupe à la fois sur le plan démographique, mais aussi sur le marché du travail. Il y a un vieillissement et il y a aussi une participation qui est plus grande chez les 55 ans et plus. Donc, ce groupe-là, en prenant plus d’espace sur le marché du travail, la possibilité qu’ils puissent occuper plus d’emplois au salaire minimum est avérée », a résumé M. Cloutier-Villeneuve.

« On est un peu surpris, parce qu’on pourrait dire : normalement, ces gens-là ont plus d’expérience, donc travaillent au-delà du salaire minimum. Ici, il y a peut-être un phénomène, parce que le taux d’emploi des travailleuses de 55 ans et plus a augmenté. Donc, ça veut dire qu’il y a des personnes, au fil du temps, dans ce groupe d’âge là, qui ont intégré le marché du travail. Et ce que ça traduit en 2023, c’est qu’il y en a une certaine part qui n’ont pas nécessairement une grande expérience, ou ont été longtemps sans travailler, et là, retournent sur le marché du travail. À ce moment-là, la porte d’entrée, c’est le salaire minimum », a-t-il résumé.

Les femmes

Autre tendance : en proportion, les femmes occupent un peu moins ces emplois au salaire minimum qu’il y a 25 ans. La proportion est passée de 60 % à 55 % de 1998 à 2023.

L’analyste à l’ISQ explique ce phénomène par le fait que les femmes ont un niveau de scolarité plus élevé qu’il y a 25 ans, notamment. Mais il reste qu’elles sont encore surreprésentées dans ce domaine, souligne-t-il.

« Les femmes ont pu rattraper ; elles avaient un rattrapage à faire par rapport aux hommes et elles sont plus scolarisées, donc, évidemment, ça leur permet de s’extirper. Mais reste qu’elles demeurent surreprésentées, parce qu’elles représentent un peu moins de 50 % de l’ensemble de l’emploi salarié », a relevé M. Cloutier-Villeneuve.

Plus longtemps

Autre tendance relevée dans l’étude : les travailleurs restent plus longtemps qu’avant dans un emploi au salaire minimum.

M. Cloutier-Villeneuve avance une explication possible : « Les jeunes, en travaillant plus, ont peut-être occupé plus longuement des emplois au salaire minimum durant leurs études, alors qu’avant, c’était peut-être moins fréquent. Oui, il y avait une certaine proportion qui travaillait, mais d’autres préféraient se consacrer entièrement aux études. »

Aujourd’hui, « on peut penser qu’ils cumulent plus fréquemment et plus longuement études et travail », résume l’analyste de l’ISQ.

De façon générale, en 2023, il y avait au Québec 177 000 personnes qui travaillaient au salaire minimum, comparativement à 164 000 en 1998. En 2023, cela représentait 4 % de la main-d’œuvre salariée.

Les emplois au salaire minimum se retrouvent souvent dans le commerce de détail et dans le secteur de l’hébergement et de la restauration.