Cogni – comme dans cognitif – mérite d’être connue.

Elle est déjà reconnue : fondée en 2020 par Emmanuella Michel, la firme montréalaise a reçu le 25 avril dernier le prix Entreprise innovante du Gala de reconnaissance des entrepreneurs noirs du Québec.

L’évènement, dans sa deuxième édition, est organisé par le Fonds Afro-Entrepreneurs pour encourager et souligner les initiatives entrepreneuriales des communautés afrodescendantes du Québec.

Sur la centaine de candidatures déposées dans 10 catégories, plus de la moitié concernaient des femmes.

Dont Emmanuella Michel.

« J’étais très émue, je ne m’y attendais pas, commente-t-elle. J’étais la seule femme parmi plusieurs hommes en innovation. »

Son entreprise propose aux professionnels de l’éducation, de la santé et des services sociaux « une plateforme de gestion de la santé mentale amplifiée par l’IA, une extension du coffre à outils des prestataires de services », décrit-elle.

La plateforme Cogni leur offre une série de parcours et de solutions thérapeutiques préventifs et personnalisables.

En attendant un aléatoire et distant accès aux services en santé mentale, les intervenants peuvent ainsi offrir à leurs clients, avant que leur état ne dégénère, « une assistance personnalisée pour des programmes d’autosoins, des thérapies de groupe et de counseling, ou encore des thérapies assistées par la réalité virtuelle », explique-t-elle.

De Passe-Partout au doctorat

Originaire d’Haïti, l’entrepreneure est arrivée à 5 ans au Québec, où elle a fait toutes ses études, du primaire jusqu’au doctorat : « J’ai fait la maternelle, j’ai fait Passe-Partout », dit-elle en rigolant.

Titulaire d’une maîtrise en administration sociale, elle s’est dévouée pendant une quinzaine d’années dans la santé et les services sociaux, d’abord comme clinicienne auprès des jeunes en difficulté, puis en gérant successivement deux foyers de groupe.

En 2017, constatant ce qu’elle appelle pudiquement « des défis au niveau de la prévention » en santé mentale, elle a fait un retour aux études. Pas n’importe où : au doctorat en technologie éducative à l’Université Laval, où elle voulait approfondir les techniques d’immersion virtuelle, qu’elle avait commencé à utiliser dans certaines interventions.

Elle achève la rédaction de sa thèse sur « l’utilisation de la réalité virtuelle en contexte d’engagement des élèves en classe inclusive ».

« Ma directrice de recherche va me dire que je devrais être concentrée sur mon doctorat, pas en train de donner des entrevues à La Presse », ironise-t-elle.

Désolé…

Elle a appris à faire le design de « jeux sérieux », des mises en situation immersives ludiques, mais avant tout éducatives et formatrices. « Je pouvais donc transformer des programmes de santé mentale en jeux sérieux. »

Elle a été au nombre de la centaine de personnes invitées par Facebook en Californie pour découvrir le potentiel de son nouveau casque de réalité virtuelle (RV) et développer des projets qui le mettraient à profit.

« Et c’est de là que ma plateforme Cogni est née. »

Devant la faible diffusion des casques de RV, elle a orienté son projet et sa plateforme web vers une série d’outils pour soutenir les thérapies de groupe et l’autosoin.

L’autosoin fait intervenir des programmes interactifs virtuels qui sont accessibles sur cellulaire, tablette ou ordinateur portable. « Le concept de jeux sérieux est utilisé dans le design de nos programmes pour encourager les individus à apprécier leur parcours et à s’engager au point de vue thérapeutique, tout en leur donnant accès à de l’information éducative sur leur bien-être », décrit Emmanuella Michel.

La réalité virtuelle entre en jeu pour certaines thérapies assistées plus délicates – les phobies, par exemple. « Avec la réalité virtuelle, on est en mesure d’amener la personne à contrer cette phobie à l’aide d’avatars », illustre-t-elle.

Toutes les solutions de la plateforme Cogni s’appuient sur des preuves issues de la recherche et validées cliniquement, assure la chercheuse entrepreneure.

Intelligence émotionnelle

Encore en phase de précommercialisation, la plateforme Cogni est testée depuis deux ans auprès de professionnels et de leurs clients.

« On est en adéquation de marché, mais on se fait payer », précise Emmanuelle Michel.

Cogni est utilisée par quelques groupes d’une douzaine de clients chacun, et une cinquantaine de clients individuels. Recommandés par une firme de développement commercial de Californie, des organismes de services à la communauté du Maryland se sont montrés intéressés.

Emmanuella Michel veut maintenant introduire l’intelligence artificielle dans sa plateforme pour en accroître l’efficacité. Une récente subvention lui a permis d’embaucher trois étudiants en IA. « D’ici une semaine, ils vont être avec nous. On va être une équipe de six à huit employés. Petit pas par petit pas, on fait de grands pas. »

Comme si la mère de deux filles avait du temps à revendre, elle est également ambassadrice de l’organisme Ordinateurs pour l’excellence Canada, qui redistribue des ordinateurs remis à neuf aux écoles mal pourvues.

Toiture Québec s’étend par acquisition

Toiture Québec accueille sous son toit Les Entreprises J. Chabot. Sur une pente ascendante, l’entrepreneur en couvertures de tous types, tant résidentielles qu’industrielles, vient d’acquérir son pendant, spécialisé pour sa part dans les toitures plates et à faibles pentes. Les Entreprises J. Chabot avaient été fondées en 1992 par Jocelyn Chabot. Les actionnaires actuels de l’entreprise, Jocelyn Chabot et son président Tony Lessard, demeureront gestionnaires chez Groupe Toiture Québec. Avec ce contingent supplémentaire d’une cinquantaine de personnes, Toiture Québec comptera plus de 200 employés, sous la direction de ses associés Jimmy Landry, Nicolas Abbatiello, Melissa Martinova et Jeffrey Caron. L’entreprise de Québec, qui couvre maintenant toute la province, compte à peine 11 ans d’existence.

Triste nouvelle…

PHOTO FOURNIE PAR RUBBERDUCK

Jonathan Thiffault avait fondé Développement numérique RubberDuck en 2020.

Le canard de caoutchouc a coulé, hélas… Nous avions parlé de Développement numérique RubberDuck dans cette rubrique en août 2022, au moment où cette petite entreprise, fondée en 2020, avait réuni de substantiels investissements totalisant 1 million de dollars. L’entreprise, qui a développé une plateforme facile d’emploi pour la création de sites web, employait alors une vingtaine de personnes. Dans un billet publié il y a quelques jours sur LinkedIn, son fondateur Jonathan Thiffault a annoncé la faillite de RubberDuck, « une entreprise pourtant en pleine croissance qui jouissait d’une belle notoriété au Québec », écrit-il. RubberDuck battait de l’aile. « L’année 2023 a représenté pour nous la tempête parfaite qui aura eu raison de notre travail acharné en enchaînant les évènements dignes des scénarios hollywoodiens les plus absurdes et difficiles à croire », ajoute-t-il. Il mentionne « la perte inexplicable d’importants crédits d’impôt, l’augmentation rapide des taux d’intérêt sur nos prêts, les perturbations dans notre conseil d’administration, les distractions de la CNESST et l’intervention surprise de l’Office Québécois de Protection de la Langue Française ». Il prévoit se réunir avec ses proches et faire ce qu’il a toujours fait : « tirer des leçons du passé, imaginer un plan pour la suite des choses et le mettre à exécution ».

Lisez l’article « Le canard révolutionnaire »

Les collections Grand Duc reprennent leur envol

IMAGE TIRÉE DE L’INTERNET

Le manuel scolaire L’éducation financière en 35 questions, des Éditions Grand Duc, s’adresse aux élèves de 5e secondaire.

Chouette, Grand Duc va survivre ! Les collections des Éditions Grand Duc, spécialisées dans le matériel pédagogique destiné aux élèves du primaire et du secondaire et à l’éducation des adultes, viennent d’être acquises par les Éditions CEC. Les Éditions Grand Duc constituaient une division du Groupe Éducalivres, qui a cessé ses activités il y a quelques mois. Autrefois Éditions HRW, fondées en 1966, elles avaient adopté cette raison sociale aviaire en 2006. « Dès maintenant, les écoles pourront commander chez nous les collections Grand Duc et pourront recevoir leur matériel pédagogique pour la prochaine rentrée scolaire », a précisé par communiqué le directeur général des Éditions CEC, Martin Vallières. Elles-mêmes fondées en 1956, les Éditions CEC forment une division de Québecor Média. Les collections Grand Duc réunissent des manuels essentiels comme L’éducation financière en 35 questions.

LE CHIFFRE

1 171 446,90 $

La société Les constructions LCS 2012 a été condamnée à payer des amendes totalisant 1 171 446,90 $ dans un délai de 60 jours pour avoir omis de remettre des montants de TVQ et de TPS aux autorités fiscales, plus quelques autres oublis. Son propriétaire a été condamné à une peine d’emprisonnement de deux ans moins un jour avec sursis.