L’informatique quantique est sur le point d’entrer dans une nouvelle ère, celle des applications commerciales, et une PME de Sherbrooke vient de se positionner pour en profiter.

Encouragé par un professeur à s’intéresser à l’informatique quantique, Julien Camirand Lemyre s’y est lancé à fond et a fini par embaucher le professeur dans son entreprise.

L’idée

« Le marché est encore inexistant », reconnaît d’emblée Julien Camirand Lemyre, qui a fondé Nord Quantique en 2020. Et c’est justement ce qui a attiré le docteur en physique dans l’univers quantique. « Tout est à faire, c’est ça qui est intéressant », assure-t-il.

La PME de Sherbrooke est un rejeton de l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke, où le physicien a fait son doctorat. Elle développe la prochaine génération d’ordinateurs quantiques. L’informatique quantique permet de faire des calculs poussés hors de portée des ordinateurs classiques et améliorera la performance des entreprises dans toutes sortes de secteurs d’activité, résume l’entrepreneur.

Avant d’aller plus loin, une petite définition de l’informatique quantique peut toujours servir. En voici une, tirée de Québec Science : pour comprendre la différence entre le mode de calcul d’un ordinateur classique et celui d’une machine quantique, la métaphore du labyrinthe, qui représente le problème à résoudre, est souvent utilisée. Un ordinateur classique doit explorer tous les chemins, aller dans les culs-de-sac, revenir sur ses pas, avant de trouver la sortie. L’ordinateur quantique a la faculté de superposer plusieurs avatars qui vont explorer simultanément toutes les voies et trouver la solution plus rapidement.

Le produit

Nord Quantique a choisi d’attaquer un angle précis de la montagne quantique, celui de la correction d’erreurs. La particularité de l’informatique quantique, qui va de pair avec sa capacité de calcul phénoménale, c’est qu’elle fait des erreurs qu’il faut gérer et tenter de réduire.

L’entreprise a réussi à trouver un moyen de réduire le nombre des erreurs les plus courantes sans affecter la vitesse de calcul des ordinateurs quantiques. « C’est ce qui manque aux ordinateurs quantiques pour qu’ils puissent être adoptés par l’industrie », assure le physicien Julien Camirand Lemyre.

Il a fallu des années de travail pour créer un qubit logique (l’équivalent d’un bit en informatique quantique) qui réduit les ressources nécessaires à la correction des types d’erreurs les plus courants.

Cette découverte accélérera l’adoption commerciale des ordinateurs quantiques, selon le fondateur, pour répondre à des besoins comme ceux de la science des matériaux, de la pharmaceutique ou des réseaux énergétiques.

La petite entreprise fabrique elle-même ses ordinateurs grâce aux infrastructures de la Zone d’innovation quantique de Sherbrooke, un incubateur unique au monde, selon Julien Camirand Lemyre.

L’avenir

L’informatique quantique, en permettant d’aller au-delà de l’informatique classique, a le potentiel de révolutionner de nombreux secteurs d’activité, lorsque la barrière de la commercialisation sera franchie. Nord Quantique est en train de franchir cette barrière, selon son fondateur. « C’est un secteur naissant et aucune entreprise n’en vit actuellement », dit-il.

L’entreprise de Sherbrooke vient de commencer à toucher ses premiers revenus de la part de partenaires comme Sumitomo Corporation, qui veut mettre à l’essai les outils qu’elle développe.

Jusqu’à maintenant, les activités de Nord Quantique et de ses 28 employés ont été soutenues par du capital de risque, notamment par BDC et Real Ventures.

Une étape importante devrait être franchie cette année avec un tour de financement qui permettra à l’entreprise de continuer d’avancer dans un territoire encore vierge, peut-être plus pour longtemps. « L’avenir est très excitant pour nous », dit Julien Camirand Lemyre.

Consultez le site de Nord Quantique